Les chefs d’Etats du monde arabe viennent de se réunir ce mercredi en Jordanie pour leur sommet annuel. Mais à l’heure des guerres en Irak, en Syrie, au Yémen et au Soudan, on a l’impression que la voix de la Ligue arabe est devenue inaudible......
On a souvent eu l’habitude de voir dans le passé les sommets de la Ligue arabe tourner à la foire d’empoigne entre deux ou plusieurs blocs en fonction de telle ou telle crise.
Que ce soit au sujet de la guerre du Liban, des guerres en Irak, de la morgue affichée par les pays du Golfe à l’égard des pays arabes plus pauvres, du statut de tel ou tel dictateur, de la décision d’appuyer une intervention étrangère dans un de leurs pays, comme en Libye en 2011.
Mais depuis quelques années, le ton n’est plus aux affrontements mais à une forme de résignation.
Pourquoi ? Parce que les 21 chefs d’Etats de cette Ligue arabe fondée en 1945 savent aujourd’hui que le consensus n’est plus atteignable. Si l’on prend les trois conflits en cours qui nous préoccupent : l’Irak, la Syrie ou le Yémen, personne n’est vraiment d’accord.
Qu'il s'agisse du soutien à accorder à Bagdad dont le gouvernement est intimement lié celui des théocrates iraniens à Téhéran ou de savoir s'il faut ou non soutenir le jusqu’au-boutisme des pays du Golfe contre le régime de Bachar el-Assad, idem au Yémen où l’on s’aperçoit que les monarchies pétrolières du Golfe ne sont pas d’accord entre elles sur l'appui à accorder à l’Arabie Saoudite.
Ce qui fait que les seuls accords possibles se bâtissent contre des cibles communes mais dans une unité de façade qui cache une véritable impuissance. C’est évidemment le cas face à Israël.
Le roi de Jordanie a beau avoir convoqué ce sommet aux bords de la mer Morte à quelques kilomètres à peine de Jérusalem, le rituel des condamnations unanimes de fin de sommet contre la politique de colonisation de Benjamin Netanyahou ne valent pas grand-chose si elles ne sont pas accompagnées d’une soutien puissant à l’Autorité palestinienne et à une recherche de solution avec les autres partisans de la formule des deux Etats, Israël et Palestine, souverains, indépendants, viables et en paix.
Les pays de la Ligue arabe déstabilisés par Trump
Même accord global dans la critique contre la politique de Donald Trump. On voit bien que les pays de la Ligue arabe sont assez déstabilisés de voir l’administration Trump mettre en place ses décrets anti-musulmans ou soutenir le gouvernement de Benjamin Netanyahou ainsi que sa colonisation à outrance (comme on peut s'en rendre compte en ce moment avec le Congrès annuel de l’AIPAC le plus puissant des lobbies juifs aux Etats-Unis).
Sauf que chacun voit midi à sa porte. La Jordanie et le Liban mais aussi l’Egypte et l’Algérie ne sont pas fâchés de voir l’Amérique de Trump venir les soutenir sur le plan militaire ou économique.
Pour illustrer à quel point cette Ligue arabe n’est plus ce qu’elle était, même la formule "construction de l’unité arabe" ne fait plus partie des objectifs rappelés à chaque fin de sommet dans les paragraphes de la déclaration finale.
Comme si c'était au-delà des forces de la Ligue arabe.....
François Clemenceau
Source Le Journal du Dimanche
Suivez-nous sur FaceBook ici: