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lundi 18 avril 2016

Nuit debout, nuit fasciste, nuit barbare...








Nuit debout et gauche à terre de Gilles William Goldnadel m’avait un peu agacée il y a quelques jours. Je regardais, à distance, ce que je n’arrivais pas à qualifier de mouvement. Je restais à l’écoute néanmoins. Comme vous sans doute. Ce matin la première new en guise de petit déjeuner fut l’annonce de l’accueil brutal réservé à Alain Finkielkraut...











Notre penseur ou académicien, bref, ce « mec bien », fut pris violemment à parti alors que l’envie lui vint, dans la nuit, d’aller voir ce qui se passait là bas. Place de la République, censément ouverte à tout un chacun.
Cela me fit d’ailleurs penser à son incursion au Parc des Princes, avec son épouse Sylvie Topaloff et Yasmina Reza, incursion racontée dans Causeur par son fils Thomas Finkielkraut, en 2011 : le philosophe passionné de foot avait voulu respirer l’ambiance d’un stade et son fils Thomas décrit ce père qui, dans la foule, continue de parler excessivement fort de la demande de reconnaissance de l’État palestinien que Mahmoud Abbas doit adresser le lendemain à l’ONU : Je suis gêné, mais toujours aussi impressionné par cet esprit qui sait faire abstraction de tout ce qui l’entoure pour continuer de réfléchir.
Voilà : je crois que c’est ainsi qu’il y est allé, Alain Finkielkrault, Place de la République, hier soir.
Comme au Parc des Princes 5 ans plus tôt, vite rattrapé par ces paroles débiles, ce manque d’élégance qu’on ne retrouve dans aucun sport, raisons qui font qu’il ne va plus au stade. Thomas raconte comment ce jour-là, alors que Paris finit par marquer, son père lance Oh, maintenant, j’ai de la peine pour Nice. Allez Nice – et remercie intérieurement le plan sécuritaire qui a renvoyé du stade une partie des spectateurs violents : c’est sans doute grâce à lui que mon père ne s’est pas fait casser la gueule.
Je me dis décidément que c’est ainsi qu’il a dû, le philosophe, aller faire un tour hier soir à Nuit Debout.
Car vous conviendrez avec moi qu’il est impossible de le soupçonner de toute velléité autre que celle de comprendre. Il n’a rien à gagner, rien à vendre, rien à récupérer.
On peut penser ce que l’on veut de Finkielkraut. Personnellement je suis passée par différents stades mais à présent, je l’estime. Mieux : je l’admire. Plus encore : j’ai de l’affection pour lui.
Et lorsque récemment il fut agressé sur un plateau de télévision par une jeune femme prétendument prof d’anglais mais en vérité haineuse militante du PIR qui lui enjoignit de quitter l’émission et de se taire pour le salut de la France, j’ai admiré sa mesure et sa modération, lui dont un pétage de cable sur un plateau télé fait encore, longtemps après, invariablement le buzz. Casserole qu’il est le premier à regretter. Donc à présent il se tient.
Mais l’accueil qui fut réservé à Alain Finkielkraut est signifiant de tant de haine qu’on ne peut passer sous silence ce que certains nomment désormais Nuit debout, nuit fasciste, nuit barbare. Mais qu’allait-il donc faire dans cette galère ? Il l’a dit lui-même : Voir et échanger avec le mouvement, sans le filtre de la presse.
Les Inrocks et plein d’autres dénoncent comment, hué et insulté, Alain Finkielkraut fut expulsé : Facho, saloperie, casse-toi : sur la vidéo tournée samedi 16 avril au soir, les insultes fusent, dénonciation de cette Place de la haine et de ce mouvement constitué de tout le déchet intellectuel de ces 30 dernières années {…] à la jonction entre fascisme, gauchisme infantile, antisémitisme et populisme […] qui récupère désormais l’islamisme pour parachever sa métamorphose[1].
Le mouvement Nuit Debout dégénère en meute antisémite, écrit ce matin une amie militante musulmane, Myriam B : Je propose de cesser de lui faire de la pub et de l’ignorer. Il finira dans les poubelles de l’Histoire.
Lui raconte : J’ai été expulsé d’un mouvement, d’une place, où doit régner la démocratie et le pluralisme. Donc cette démocratie, c’est des bobards, ce pluralisme, c’est un mensonge. D’autant que je ne venais que pour écouter, même pas pour intervenir ou faire valoir mes idées. Mais on a voulu purifier la place de la République de ma présence.
Le compte Twitter des Jeunes Communistes a quant à lui revendiqué l’expulsion du philosophe, alors qu’un soutien total fut porté à Alain Finkielkraut par d’autres : Si c’est ainsi qu’un mouvement démocratique veille la nuit, dans le mépris et dans l’insulte, il ferait mieux d’aller se coucher. NuitDeBoue, tweeta Delphine Horvilleur.
Pourquoi cet accueil au nouvel académicien ? Parce qu’il défend le droit d’exister de l’Etat d’Israël. Parce qu’il dénonce l’antisémitisme qui sévit dans les milieux musulmans salafistes. Parce que Juif.




Sarah Cattan











Source Tribune Juive