Le Maguid de Doubno nous dévoile qu’il y a une autre utilité à se préparer aux Jours Redoutables. Il existe une grande différence, explique-t-il, entre celui qui s’est préparé à accueillir les Jours Redoutables et celui qui les “rencontre par hasard”. Tout d’abord, quiconque s’y prépare n’y arrivera pas sans un bagage de Tora et de mitsvot...
Et même si nous jugeons que nos actes n’ont pas suffisamment de valeur et que nous sommes pauvres et démunis de mérites, notre situation sera infiniment meilleure si nous nous sommes mis en condition auparavant. Le Maguid nous explique cette idée par une parabole :
Un riche propriétaire entendit un jour frapper à sa porte. Il jeta un coup d’œil par la fenêtre et reconnut un habitant de son quartier. Il entendit la porte s’ouvrir et son domestique interroger l’homme sur la raison de sa venue.
“Je voudrais demander un service à votre maître”, répondit-il.
“Mon maître est occupé pour l’instant et il m’a donné ordre de ne pas le déranger”, répondit le domestique.
“A quel moment pourrais-je le rencontrer ?” demanda l’homme.
“Essayez à seize heures.”
L’homme s’en alla et le maître de maison retourna à ses occupations.
A seize heures, on frappa de nouveau à la porte. A travers la fenêtre, le propriétaire reconnut l’homme. Il entendit son domestique lui dire sur le seuil que son maître était toujours très occupé. “Je l’attendrai ici, dehors” répondit l’homme. “Auriez-vous l’amabilité de m’avertir lorsqu’il sera disponible car je dois absolument lui parler !”
Au bruit de la porte qui se refermait, le patron retourna à sa table de travail. Cependant, un quart d’heure plus tard, sa curiosité prit le dessus. Il regarda de nouveau à la fenêtre et vit l’homme arpenter nerveusement le trottoir de long en large. Voyant cela, le maître de maison, pris de pitié pour le solliciteur, sonna son domestique et lui ordonna de l’introduire.
Dans le bureau, l’homme fit part au maître de maison de sa situation difficile et le supplia de lui accorder un prêt à court terme. Il avait déjà préparé un certificat dûment signé par deux garants. Son regard ne laissait aucun doute sur la détresse dans laquelle il se trouvait.
Le riche propriétaire, ému, accéda à sa demande. Pourquoi ne pas aider un frère dans le besoin ? Il lui prêta la somme et différa même le terme du paiement.
Le même soir, après la prière au Beth Haknesseth, le propriétaire rencontra une de ses connaissances qui l’interpella : “Holà ! Voici une rencontre qui tombe bien ! Pourriez-vous me prêter environ mille écus pour quelques jours ?”
Le riche propriétaire s’excusa en disant qu’il n’avait pas d’argent sur lui et changea de conversation.
Pourquoi n’accéda-t-il pas à la demande de ce dernier comme il venait de le faire à l’homme qui s’était présenté à son bureau ?
La réponse est claire : le premier solliciteur s’était dérangé depuis le matin et était revenu dans l’après-midi. Repoussé, il s’était entêté à attendre, dehors, un moment plus favorable. Comme il s’était donné tant de peine, il était normal que le riche propriétaire fît un geste et accédât à sa requête.
Le second, par contre, n’avait fourni aucun effort ; ayant rencontré l’homme fortuné par hasard, il s’était adressé à lui en passant. Cela prouve qu’il n’était ni vraiment dans le besoin ni à cours d’argent. Il n’y avait donc aucune raison particulière à ce que le propriétaire lui consente un prêt.
Voilà précisément le sens des paroles du prophète : “Ainsi a parlé le Dieu des armées, le Dieu d’Israël : ‘Vous M’invoquerez, vous viendrez, vous prierez vers Moi et Je vous entendrai’ (Jérémie 29).” Si vous vous déplacez spécialement, si vous vous préparez, cela sera le signe que la chose vous tient à cœur. Alors, Je vous exaucerai car Je suis miséricordieux...
Cette préparation, cet effort, cette attente... voilà le programme du mois d’Eloul.
Extraits de "Paraboles sur la période d’Eloul, Roch Hachana et Yom Kippour" Compilées et rédigées par Chalom Méir Wallach
Traduction de l’hébreu : Esther Meyer
Editions Daath
Source Chiourim