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jeudi 7 mars 2013

Diviser pour mieux gouverner ?



Le Premier ministre semble avoir cédé à la pression de l’axe Lapid-Bennett. Et entamé des négociations pour une coalition qui exclurait les partis orthodoxes.
Cette fois, ça y est. Dimanche 3 mars, Binyamin Netanyahou a rencontré le parti Shas pour lui annoncer qu’il devra sans doute se passer de lui. Le Premier ministre a enchaîné par une réunion de pourparlers avec Habayit Hayehoudi. Pas plus tard que la veille, samedi, Bibi s’en était pris à Yaïr Lapid et Naftali Bennett en les accusant de boycotter le secteur orthodoxe. Ce qui, avaitil scandé, était inacceptable. Mais dimanche, il paraissait s’être fait une raison.

Le triumvirat à la tête de Shas – l’ancien ministre Arié Déri, le ministre de l’Intérieur Eli Yishaï et le ministre du Logement Ariel Attias – a déclaré au Premier ministre que son entrée au gouvernement dépendait encore de lui. Et l’a pressé de convaincre Shelly Yachimovich de rejoindre la coalition malgré tout, ce qui laisserait la voie libre à Shas.
Selon une source du parti harédi, ses dirigeants auraient eu la nette impression que l’alliance Lapid-Bennett était trop difficile à briser. Et que le seul scénario qui permettrait malgré tout aux formations religieuses de rejoindre Netanyahou serait celui où les 15 députés travaillistes entreraient dans la coalition, auquel cas les partis Yesh Atid et Habayit Hayehoudi (31 mandats en tout) ne seraient plus nécessaires pour obtenir une majorité à la Knesset.
Cependant, Yachimovich ne s’est jamais départie de sa promesse de campagne de ne pas rejoindre un gouvernement Netanyahou, même lorsque Bibi lui a récemment proposé les rênes du ministère des Finances, de l’Industrie, et des Affaires sociales. Si elle n’a pas refusé de le rencontrer, « par respect », la leader a répété a que son idéologie était « par trop différente de celle » du Premier ministre pour pouvoir collaborer avec lui.

Le ton monte entre orthodoxes et nationaux-religieux

« Il semblerait que le lien entre Lapid et Bennett et leur haine des harédim soient inébranlables à ce stade », a réagi une source officielle chez Shas. Par ailleurs, le parti a rejeté une suggestion antérieure du Premier ministre selon laquelle il rejoindrait plus tard le gouvernement, une fois ce dernier déjà formé. Shas a souligné qu’il ne souhaiterait pas rejoindre une coalition qui aurait adopté une loi sur l’enrôlement des orthodoxes, une réforme sur le logement ou encore des coupes budgétaires, ce qui, selon la formation, porterait préjudice au secteur harédi.
Cette même source a prévenu que Shas saurait se souvenir « du comportement du parti national-religieux », c’est-àdire Habayit Hayehoudi, aux prochaines élections. « Lorsque les harédim seront à nouveau au gouvernement et que les nationaux-religieux n’y seront plus, nous réagirons à ce qu’ils nous ont fait », a mis en garde cet élu qui souhaite conserver l’anonymat. Et de rassurer : il ne s’agira pas non plus de se venger cyniquement en soutenant les mesures antiimplantations, les évacuations ou le gel des constructions, car telle n’est pas la ligne des partis orthodoxes sur ces questions.
Peu de temps après sa rencontre avec Shas, Netanyahou a reçu Bennett pour une réunion décrite ensuite par le porteparole d’Habayit Hayehoudi comme « positive et concrète ». Le président d’Israël Beiteinou, Avigdor Liberman, était aussi de la partie. La discussion aurait porté sur le calendrier de la réforme de l’enrôlement ainsi que sur des questions budgétaires.
Le négociateur en chef d’Habayit Hayehoudi, le député Ouri Ariel, a rapporté à la presse que le parti avait suggéré que les « fonds de coalition » soient annulés. Ces fonds sont accordés par l’Etat à différents secteurs de la société israélienne en fonction des partis représentés au gouvernement. Sous le mandat précédent de Netanyahou, ils ont atteint presque un milliard de shekels par an.
Au lieu de quoi, le parti de Bennett a proposé que le budget 2013-2014 soit déclaré « d’urgence nationale ». « Nous avons constamment dit qu’Habayit Hayehoudi n’est plus un parti sectoriel, mais se soucie de tous les Israéliens.
C’est pourquoi il me semble que nous devons préconiser que ces fonds soient annulés », a commenté Ariel. « Nous nous sommes engagés à agir de façon responsable et nous respecterons cet engagement ».

Le boycott : une méthode décriée

Plusieurs facteurs pourraient expliquer pourquoi le Premier ministre aurait finalement cédé face à l’alliance Lapid- Bennett. L’un d’entre eux est une lettre des rabbins du mouvement Tekouma, un mouvement d’extrême droite, qui apportent leur soutien à l’alliance Lapid-Bennett. Le bras droit de Netanyahou, Natan Eshel, aurait précédemment tenté de les convaincre au contraire de s’aligner sur les partis orthodoxes. « En dépit de l’hystérie médiatique, nous soutenons votre chemin qui est de préserver le monde de la Torah ainsi que les implantations sur la terre d’Israël, en coopération avec Yaïr Lapid et le parti Yesh Atid », ont écrit les rabbins Dov Lior, Haïm Steiner, Isser Klonsky et David Chaï Hacohen, dans une missive adressée à Bennett et Ariel.
Dans la journée de dimanche, le ministre des Finances Youval Steinitz a fait part de sa gêne à exclure les partis harédim du futur gouvernement. « Le Premier ministre hésite à rejeter tout un secteur de la population », a déclaré l’élu. « Ce n’est pas une situation souhaitable. Israël a besoin d’une coalition aussi large et aussi stable que possible. Je n’aime pas ces manières de boycott, qu’il soit direct ou indirect ».
Le ministre de l’Energie et de l’Eau, Ouzi Landau, s’est dit, pour sa part, optimiste à la perspective d’un gouvernement qui pourra oeuvrer sur des sujets internes et citoyens.
Mais a fait part de sa déception quant aux méthodes de Lapid et Bennett. « Nous avons l’opportunité de réaliser de grands changements en permettant à chacun d’entrer dans le monde du travail, de s’enrôler dans l’armée, en réformant le marché immobilier et le système électoral », a énoncé le ministre.
« J’appelle tous ceux qui adhèrent à ces idées, comme Bennett et Lapid, à ne pas laisser passer cette opportunité. Nous devons faire en sorte que ces idées soient réalisées. Et pas par le biais d’un boycott ».

Source JerusalemPost