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dimanche 30 janvier 2022

Ministre des Affaires étrangères du Liban: "Je ne vais pas au Koweït pour remettre les armes du Hezbollah mais pour dialoguer"


Le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib, a affirmé qu'il "ne se rend pas au Koweït pour remettre les armes du Hezbollah" ni pour "mettre fin à son existence" mais pour "entamer un dialogue" avec les dirigeants du Golfe, dans le cadre d'une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères prévue dimanche......Détails.......

"Je ne vais pas (au Koweït) pour remettre les armes du Hezbollah. Je ne vais pas mettre fin à l'existence de ce parti, il n'en est pas question au Liban", a déclaré vendredi soir le ministre Bou Habib à la chaîne arabe al-Jazeera. 
"Nous y allons pour dialoguer", a-t-il dit, estimant que "le Hezbollah est un parti libanais et ne contrôle pas la politique libanaise".
La réunion arabe interviendra une semaine après la visite du chef de la diplomatie du Koweït à Beyrouth, au cours de laquelle il a remis aux autorités libanaises une feuille de route pour aider le Liban à rétablir ses liens tendus avec les monarchies du Golfe. 
Les relations entre les deux parties se sont détériorées fin octobre suite à des propos polémiques de l'ancien ministre de l'Information Georges Cordahi sur le rôle de la coalition saoudienne dans la guerre du Yémen.

Les douze commandements

Le document koweïtien comprend plusieurs requêtes de la communauté internationale et certains points considérés comme rédhibitoires, comme l’appel au respect de la résolution 1559 qui porte, entre autres, sur "le désarmement et la dissolution de toutes les milices" et "l’extension du contrôle du gouvernement libanais sur tout son territoire", une condition formulée à maintes reprises par le Golfe, dans une allusion à l'arsenal du Hezbollah. 
Mi-décembre, le Conseil de coopération des pays du Golfe (CCG) avait déjà appelé le Liban à "empêcher le Hezbollah terroriste de mener ses activités terroristes". 

Armes du Hezbollah

M. Bou Habib a affirmé que "la réponse libanaise à l'initiative koweïtienne a été préparée par les chefs de l'Etat, Michel Aoun, et du gouvernement, Nagib Mikati", soulignant que M. Mikati et le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, ont insisté sur la nécessité que la réponse aux exigences du Golfe soit "positive".
Le ministre a encore indiqué que "le Hezbollah n'a pas été informé du contenu de la réponse qui sera remise au Koweït" et que la réponse libanaise "tente de résoudre les problèmes avec les pays du Golfe". 
Il a estimé que Beyrouth "s'attend à une réaction positive des pays du Golfe", indiquant que l'application des résolutions de l'ONU 1559 et 1701 (qui a mis un terme au conflit entre Israël et le Hezbollah en 2006, ndlr), une des demandes figurant dans le document koweïtien, "nécessite du temps pour être exécutée". 

Réponse libanaise et résolution 1559

Selon des sources citées par notre correspondante Hoda Chédid, cette réponse insiste sur "la stabilité et la préservation de la paix civile" dans le pays et estime qu'"il n'est pas envisageable de créer des problèmes intérieurs". Le texte, formulé par les trois pôles du pouvoir, assure que les autorités libanaises s'engagent à respecter l'accord de Taëf (qui visait à mettre fin à quinze ans de guerre civile au Liban ndlr), la politique de distanciation par rapport aux axes régionaux, conformément au contenu de la déclaration ministérielle, ainsi que les résolutions internationales et la Charte de la ligue arabe".
Les trois dirigeants ont toutefois noté que les résolutions internationales ne doivent pas être respectées uniquement par le Liban mais dépendent aussi de positions extérieures, comme c'est le cas de la résolution 1701, dont les dispositions doivent être appliquées par Israël, qui continue de violer, quotidiennement, le territoire, l'espace aérien et les eaux libanaises. En ce qui concerne la résolution 1559, les autorités estiment qu'elle est difficile à mettre en œuvre dans les circonstances actuelles, étant donné qu'elle est liée à la sécurité et la souveraineté du Liban, l'arrêt des "agressions" israéliennes et la libération des territoires libanais occupés. 
Cette position est soutenue également par le fait que les négociations sur la délimitation de la frontière méridionale avec Israël n'ont toujours pas abouti.
Sur un autre plan, le Liban s'est engagé à lutter contre le trafic de drogues vers les pays du Golfe, une pratique devenue de plus en plus fréquente au cours des dernières années. 
La réponse libanaise suggère aussi la "création de commissions mixtes entre le Liban, les pays arabes et ceux du Golfe, afin de poursuivre l'étude des points qui nécessitent un suivi plus approfondi". 
Celles-ci suivront également l'exécution des résolutions internationales, notamment celles qui sont liées à la situation régionale et qui ne dépendent pas que du Liban. 
Les autorités se sont enfin engagées à organiser les législatives, fixées au 15 mai, dans les délais prévus.

"Prérogatives du gouvernement"

Commentant les déclarations de M. Bou Habib et les informations circulant sur la réponse des autorités, le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a déploré "une nouvelle violation de la Constitution et de la loi", estimant que "répondre à la lettre du Golfe relève normalement des prérogatives du gouvernement". 
"Au lieu que le document koweïtien soit discuté par le cabinet, les trois présidents se sont contentés de le faire eux-mêmes et ont chargé le ministre des Affaires étrangères de donner une réponse libanaise officielle", a-t-il dénoncé. "La Constitution ne dit rien sur +les trois présidents+", a souligné le chef de FL dans un tweet.


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