Le parquet avait requis la réclusion à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans – la peine maximale – contre le jeune homme de 30 ans, jugé pour « association de malfaiteurs terroriste », « direction d’un groupe terroriste » et « meurtres en bande organisée ».
Reconnu coupable de ces trois infractions criminelles, dont la dernière lui faisait encourir la prison à vie, Tyler Vilus avait néanmoins échappé à la perpétuité, la cour ayant souhaité « laisser une lueur d’espoir » à l’accusé pour lui permettre d’« évoluer ».
Dans son réquisitoire, l’avocat général Guillaume Michelin, qui porte le dossier depuis cinq ans, avait décrit « un djihadiste intégral, complet, kaléidoscopique », ayant tenu les rôles de recruteur, propagandiste, policier et combattant au sein de l’organisation Etat islamique (EI).
Converti à l’islam à l’âge de 21 ans, arrivé en Syrie en 2013, il avait été arrêté en juillet 2015 à l’aéroport d’Istanbul (Turquie) alors qu’il tentait de regagner l’Europe.
« Dans notre cour d’assises, avait insisté Guillaume Michelin, on n’avait jamais eu à juger un membre de l’EI tel que l’accusé », djihadiste charismatique et éloquent.
En Syrie, il avait côtoyé les membres les plus connus de la djihadosphère francophone, ceux qui allaient par la suite passer à l’acte en Europe, de Mehdi Nemmouche, auteur de la tuerie du Musée juif de Bruxelles en 2014, à Abdelhamid Abaaoud, cerveau des attentats du 13-Novembre, en passant par plusieurs membres du commando funeste, comme Ismaël Omar Mostefaï ou Samy Amimour.
« S’il était rentré à Paris, évidemment qu’il aurait été le chef du commando », avait estimé l’avocat général.
« On cherche à faire de mon client la grenouille qui voulait être plus grosse que le bœuf », avait répondu Me Louis-Romain Riché, avocat de Tyler Vilus, lequel avait nié tout lien avec le projet d’attentat du 13-Novembre, reconnaissant simplement, sans préciser de date ni de cible, qu’il avait quitté la Syrie avec l’intention de « mourir les armes à la main ».
Tyler Vilus est actuellement incarcéré à Orléans, après avoir été successivement détenu à Fleury-Mérogis, Réau, Bois-d’Arcy et Osny. Il est à l’isolement depuis quatre ans et demi, et fréquemment changé de cellule.
En détention, il avait comparé son engagement djihadiste à « une plongée en apnée : on descend, on descend et finalement on reste sous l’eau ». Lors de sa plaidoirie, son avocat avait appelé les magistrats à « le juger comme un plongeur en apnée qui veut retrouver la surface.
Tyler Vilus a déjà franchi les premiers paliers. Il revient à votre cour d’accompagner cette démarche de remontée à la surface, qui prendra du temps, certes, mais qui ne doit pas être anéantie ».
La date du second procès n’a pas encore été fixée. Il aura de toute façon lieu après celui des attentats de « Charlie Hebdo » et de l’Hyper Cacher, prévu du 2 septembre au 10 novembre.
Source Le monde
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