Le général n’est connu du grand public que progressivement, à partir de l’été 1940.
À 49 ans, il s’est forgé une solide capacité d’analyse des faits et s’est affranchi des évidences héritées de son milieu d’origine. Doté d’une solide culture classique, il est sensible au catholicisme social.
« La première qualité d’un chef, c’est sa culture générale », dit-il. Depuis toujours, il s’efforce de comprendre la marche du monde. Après la révolution bolchevique, il lit Trotski pour saisir les dynamiques propres aux Soviets et fréquente plus tard des cercles intellectuels réformateurs de la IIIe République ou non conformistes.
On connaît ses idées sur l’arme blindée, et, en juin 1936, il place quelques espoirs dans le potentiel de modernisation du Front populaire, rencontrant même Léon Blum.
De Gaulle est sans doute l’un des rares Français à avoir lu Mein Kampf de Hitler. Il en a analysé le contenu et entrevoit très tôt l’apocalypse nazie.
La façon de penser de Pétain et de Weygand est radicalement différente. Pour eux, la France n’est pas une idée et son horizon se borne à l’Hexagone, au mieux à l’empire colonial, mais nullement au monde et à la grande famille des nations.
L’armistice est une nécessité purement patrimoniale et qui ne postule qu’une chose : les Français doivent se repentir de « l’esprit de jouissance », du laxisme et de la xénophilie qui les ont amenés au désastre.
Ne pensant pas mondial, ils ne voient pas la guerre planétaire que de Gaulle a anticipée. Rejoint à Vichy par Pierre Laval, ancien adepte d’un socialisme du terroir, Pétain s’engage dans la collaboration.
Ni Laval ni Pétain n’ont lu Mein Kampf et sans doute Laval s’imagine-t-il mener de nouveau sa politique étrangère du début des années 1930.
C’est avec la foi du maquignon qu’il a quêté l’appui de l’Italie pendant la drôle de guerre, c’est avec la même foi qu’il marchande, le plus souvent sans succès, avec l’ambassadeur Abetz.
La répression, puis les crimes, le statut des Juifs voulu par Pétain scellent le destin de Vichy. La faute originelle est bien l’armistice, fruit d’une analyse défaillante, elle exile la République à Londres, mais laisse à Vichy l’appareil d’État.
In fine, l’Histoire retiendra que Pétain n’a pas été le bouclier, mais que de Gaulle, lui, a bien été l’épée.
S’il est une leçon à retenir, c’est que la France est aussi une idée, tournée malgré les vicissitudes de l’Histoire vers l’universel, et vers la grande famille des nations. L’oublier, c’est la mettre en péril.
Source La Vie
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