« Nous allons lancer un nouveau fonds par lequel nous allons financer l’ensemble des écoles des chrétiens d’Orient. » En visite à Jérusalem mercredi 22 janvier, le président français Emmanuel Macron a fait cette annonce au cours d’une conversation aux airs de conférence de presse avec les journalistes pendant une visite (non prévue au programme officielle) au sanctuaire du Saint-Sépulcre, situé dans la vieille ville.
« Il y a 400 000 enfants qui sont formés dans ces écoles et elles sont un vecteur extrêmement important de l’enseignement en français ou de l’apprentissage du français », a poursuivi le président comme pour justifier cette annonce.
Par ailleurs, a-t-il estimé, quand « la France aide ces écoles, elle aide aussi à la réconciliation de toutes ces communautés qui parfois pourraient se diviser. Ils apprennent une langue en commun, le français, ils ont des expériences communes et ils découvrent d’autres qu’ils pensaient radicalement autres ». Ce soutien aux écoles des chrétiens d’Orient, a résumé Emmanuel Macron, est « très important pour la francophonie » et « très important aussi pour l’apaisement » du Proche-Orient.
L’idée de ce fonds de soutien aux écoles des chrétiens d’Orient avait été avancée dans un rapport commandé à Charles Personnaz par Emmanuel Macron et remis il y a un an au ministre des Affaires étrangères.
Haut fonctionnaire et bénévole de l’Œuvre d’Orient, Charles Personnaz devait répondre à une double problématique : comment « renforcer l’action de la France dans la protection du patrimoine du Moyen-Orient » ?
Et comment soutenir le « réseau éducatif des communautés chrétiennes de la région ? »
Des actions « peu coûteuses et aux résultats probants »
La création de ce fonds était « la recommandation principale du rapport dans le domaine de l’éducation », se réjouit Charles Personnaz, membre de la délégation d’Emmanuel Macron, joint par La Croix.
Elle permet selon lui « d’enclencher des actions de formation et d’envoyer des volontaires français dans ces écoles qui sont le flambeau de la francophonie dans la région ».
Par ce fonds, poursuit-il, « la République française renouvelle son soutien à ce réseau qui porte la francophonie et qui est le socle de nos bonnes relations avec les communautés ».
De plus, cela encourage « une éducation par la langue française à une ouverture et aux valeurs de la devise française ».
Pour le moment, ce fonds n’a pas encore d’objectifs chiffrés. Il doit être alimenté par les associations qui agissent déjà dans la région, par l’État français et par les collectivités territoriales.
Les entreprises et les fondations seront aussi encouragées à participer à ce financement.
« Avec un million et demi, deux millions d’euros, assure Charles Personnaz, on peut déjà former et envoyer des volontaires. » Il s’agit ainsi d’actions « peu coûteuses aux résultats probants » à l’image de ce que peut faire le réseau Barnabé, illustre-t-il.
Selon son site Internet, ce réseau regroupe « toutes les initiatives généreuses prises par les institutions scolaires catholiques françaises en direction des écoles de Terre Sainte ».
« Nous nous réjouissons beaucoup du lancement de ce fonds au sujet duquel nous travaillons depuis longtemps avec les services de l’État », affirme à La Croix Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient et également membre de la délégation du président français.
« Beaucoup des responsables d’écoles francophones du Proche-Orient nous expliquent s’attacher au français car il est lié à une éducation qui véhicule des valeurs de fond, comme la liberté, une forme de laïcité et une égalité hommes-femmes », poursuit-il en relevant qu’il s’agit aussi de « valeurs évangéliques ».
Un soutien de la France aux communautés chrétiennes historique
Ainsi, soutient Mgr Gollnisch dont l’association participera « selon toute vraisemblance » au fonds annoncé par Emmanuel Macron, « cet enjeu de francophonie n’est pas simplement une histoire d’influence de la France dans la région, mais c’est l’enjeu de la transmission des valeurs qui permettent aux populations de faire progresser leur pays ».
D’autant plus, que dans ces écoles francophones peuvent en effet se côtoyer chrétiens et musulmans, riches et pauvres, garçons et filles.
Le directeur général de l’Œuvre d’Orient tient par ailleurs à souligner que ce soutien aux écoles chrétiennes par la France n’est ni une rupture avec l’histoire, ni une entorse à la laïcité.
« La France encourage depuis très longtemps les communautés chrétiennes de Terre Sainte », assure-t-il. Et lors de la création de l’État d’Israël en 1948, à laquelle elle était favorable, rappelle-t-il, « la France avait négocié la poursuite de ce soutien ».
Source La Croix
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