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dimanche 22 septembre 2019

Affaire du « faux Le Drian ». Sept hommes renvoyés en correctionnelle


Armés d’un masque et d’un culot inédit, ils se sont fait passer pour Jean-Yves Le Drian auprès de riches personnalités, leur extorquant plus de 50 M€ : sept suspects impliqués dans cette escroquerie viennent d’être renvoyés en correctionnelle à Paris.......Détails........



Issus principalement du milieu franco-israélien, ces sept hommes devront répondre à des degrés divers d'« association de malfaiteurs », d’« escroquerie en bande organisée » ou de « prise du nom d’un tiers », selon une ordonnance des juges Clément Herbo et Aude Buresi datée du 30 août.
Au centre de la bande : deux hommes bien connus de la justice française, à savoir Gilbert Chikli, 54 ans, et Anthony Lasarevitsch, 35 ans.

Inventeur des arnaques aux « faux ordres de virement »

Le premier est considéré comme l’inventeur des arnaques aux « faux ordres de virement » ou au « faux président », un procédé devenu classique où des malfaiteurs se font passer pour des chefs d’entreprise, afin de se faire transférer de grosses sommes d’argent par des collaborateurs.
Ce Franco-Israélien, dont l’histoire a inspiré un film (« Je compte sur vous »), avait été condamné en 2015 à sept ans de prison par contumace et 1 M€ d’amende pour avoir escroqué plusieurs grandes entreprises, comme HSBC ou Alstom.
En fuite, il avait été arrêté en 2017 en Ukraine en compagnie d’Anthony Lasarevitsch. Après leur extradition, les enquêteurs français avaient vite été convaincus de tenir les cerveaux de la bande, au vu des expertises vocales, de l’exploitation de leur correspondance et de la sonorisation de leurs parloirs.

Masque d’Albert II de Monaco

Dans les téléphones des deux suspects, qui nient toute responsabilité dans cette affaire, ils ont même découvert les prémices de leur prochain coup, l’usurpation de l’identité du prince Albert II de Monaco, et la photo d’un premier essai - peu concluant - de masque en silicone le représentant.
L’affaire dite du « faux Le Drian » avait démarré à l’été 2015, lorsque le ministère de la Défense, alors dirigé par l’actuel ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, avait signalé à la justice le fait que des escrocs usurpaient l’identité du ministre et de ses collaborateurs auprès d’ambassades et de dirigeants d’entreprises.
Paiement de rançons pour libérer des otages, financement d’opérations secrètes ou de la lutte contre le terrorisme : les aigrefins avancent différentes raisons pour convaincre leurs interlocuteurs de verser sans délai plusieurs millions d’euros, contre la promesse d’un remboursement ultérieur par la France.
À l’époque, la bande de malfrats tente même une fausse vente de quatre hélicoptères Tigre à la Tunisie pour 19 M€. Sans succès.

Des chefs d’État approchés

Selon les enquêteurs, plus de 150 cibles seront approchées, parmi lesquelles des chefs d’État africains, comme Ali Bongo, des associations humanitaires telles que le Sidaction, ou des dignitaires religieux comme le cardinal Barbarin.
Au bout du compte, quatre victimes identifiées tomberont dans le piège en 2016, en premier lieu le chef spirituel des musulmans chiites ismaéliens, le prince Karim al-Hussaini, à la fortune colossale.
Persuadé de s’être entretenu au téléphone avec Jean-Yves Le Drian, le philanthrope, alors âgé de 79 ans, ordonne pour 20 M€ de virement de sa fondation AKDN sur des comptes en Pologne, en Chine et en France. Trois versements sur cinq seront in fine bloqués, mais 8 M€ disparaîtront dans la nature.

Une grande fortune turque piégée

Un mois plus tard, l’enquête sera confiée à des juges d’instruction parisiens, tandis que les escrocs multipliaient les tentatives tous azimuts, jusqu’à piéger l’une des toutes premières fortunes turques, Inan Kirac.
Croyant avoir été sollicité par le ministre pour réunir une rançon pour deux journalistes otages en Syrie, ce dernier versera plus de 47 M$ sur des comptes en Chine et aux Émirats en décembre 2016.
« Mes clients sont satisfaits que cette affaire, qui a donné lieu à de vastes investigations internationales, aboutisse à un procès et, j’espère, à des condamnations », a réagi Me Delphine Meillet, avocate de Jean-Yves Le Drian et de quatre anciens collaborateurs.
En parallèle du procès à venir, l’information judiciaire se poursuit pour finir de mettre au jour le circuit de blanchiment.

Source Le Telegramme
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