On fait souvent référence aux juifs comme étant « le peuple du livre ». En effet, à part la mezouza, ce qui indique généralement que l’on se trouve dans le logement juif est très souvent l’énorme bibliothèque qui trône au salon ou dans la salle à manger et qui croule sous le poids des gros volumes.....
L’arrivée du e-book, ce livre électronique, est-elle une menace pour les lecteurs juifs et les études du même nom ? Va-t-elle transformer la relation existante entre le juif et l’écriture ?
Les avis sont très partagés parmi les éditeurs, les écrivains, les rabbins et même les étudiants.
Si certains voient dans le e-book la formidable possibilité de rendre la littérature accessible au plus grand nombre, comme le fut à son époque l’invention de l’imprimerie par Gutenberg, certains autres trouvent que rien ne remplace un bon livre dont on tourne les pages.
Ces derniers évoquent surtout la difficulté de lire un long article ou tout un livre sur une tablette digitale qui pour l’instant fait encore souvent mal aux yeux. Un autre problème est la tentation de faire autre chose sur sa tablette quand on lit un document : aller surfer sur internet par exemple.
Le Rabbin Barry Schwartz, président de la Société Juive de Publication pense que les éditeurs de livres juifs sont sur ce coup un peu en retard sur le phénomène.
En effet ils ne font que suivrent ce qui se fait dans le monde de l’édition et ne sont pas des précurseurs. Pour la Société Juive de Publication, les e-book ne représentent pour l’instant que 3 à 5 % de leur chiffre d’affaires. Par contre, le rabbin Schwartz est persuadé que le e-book c’est l’avenir.
Pour Jeffrey Sandler un spécialiste de la culture et des medias juifs à l’université Rutgers, les choses ne sont pas blanches ou noires. Avec les évolutions technologiques, il y a parfois après coup des conséquences aux quelles on ne s’attendait pas.
Il donne l’exemple de « Dial-a-Daf » une ligne téléphonique mise en place dans les années 1980 pour permettre aux hommes religieux qui n’avaient pas accès à un centre d’études ou à des cours, d’entendre un dvar torah simplement en appelant un numéro de téléphone.
Cette ligne n’a jamais décollé auprès du public ciblé. Par contre, elle a été prise d’assaut par les femmes religieuses qui pouvaient ainsi avoir facilement accès à un dvar torah, tout simplement en passant un coup de fil.
Mais le livre juif a encore quelques belles années devant lui. En effet pour le Rabbin Meir Zlotowitz, co-fondteur des editions ArtScroll les nouvelles plateformes ne permettent pas encore de transformer tous les livres juifs en e-book.
ArtScroll n’est d’ailleurs pas encore passé sur la tablette pour ses principaux ouvrages, bien qu’il ai sorti quelques livres adaptés à cette technologie. Un autre frein au développement du e-bok est le shabbat.
En effet, pour l’instant il est encore interdit d’utiliser des ordinateurs, quel qu’ils soient, pendant shabbat.
Or shabbat est un jour ou on ne cesse pas d’étudier ou de prier. C’est pourquoi le Rabbin Zlotowitz aime à dire que « Le peuple du livre ne deviendra jamais totalement le peuple du livre électronique ».
ArtScroll n’est pas le seul éditeur de livres religieux et d’autres maisons d’édition ont pris une certaine avance.
C’est le cas des éditions Schwartz qui publient des textes pour beaucoup de communautés libérales et reformées. Elles ont déjà un catalogue de près de 70 e-book et continuent à le développer.
Pour eux, le problèmes du shabbat n’en est pas vraiment un car comme pour l’ascenseur, ils pensent que d’ici quelques années une solution halachiques permettra l’utilisation des tablettes 7 jours sur 7. L’intérêt du e-book est la possibilité qu’il offre de le lier à d’autres applications.
Par exemple, « Tag-Tanak » existe déjà et permet de cliquer sur certains mots et de voir apparaitre des commentaires, de laisser ses propres explications sur tel ou tel passage et même de tchatter avec d’autres internautes branchés sur la même page d’étude.
Mais certains se référent aux problèmes rencontrés sur internet et qui se retrouveront sans doute aussi dans les e-book. Par exemple, l’éditeur du site MyJewishlearning explique qu’il a dû sacrifier une part importante de son contenu pour pouvoir être plus visible sur les moteurs de recherche comme Google.
En effet ces derniers classent les sites par rapport à ce que pourraient chercher le lecteur. Et donc, des contenus trop denses ou trop poussés n’apparaissent pas en bonne position dans le listing de recherche. Ce phénomène est incérant à tous les progrès technologiques.
Comme les autres, l’e-book connait ses avantages et ses inconvénients. Nul ne sait encore quel sera vraiment son avenir et son impact sur l’édition papier. La seule chose qui est certaine c’est qu’il faut désormais compter avec.
Source Chiourim
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