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jeudi 2 juin 2016

Un dessinateur français lauréat d’un concours iranien de dessins antisémites !





L’auteur de la seule BD scénarisée par Alain Soral et Dieudonné vient de remporter le premier prix du second concours de dessins antisémites lancés par l’Iran House of Cartoon pour un dessin qui, curieusement, a quelques années déjà (photo ci-dessus)....Details....


   


12.000$ pour un vieux dessin datant de septembre 2014, c’est pas mal. C’est le montant que va recevoir le dessinateur Zeon pour le premier prix de la seconde édition d’un "concours de caricatures antisémites" lancé en mai dernier par l’Iran House of Cartoon, une institution financée par la municipalité de Téhéran, qui a reçu des dizaines de candidatures émanant principalement d’Iran, mais aussi d’Amérique du Sud, de France, dont le caricaturiste Bernard Bouton contraint à la suite de cela de démissionner de son poste de secrétaire général à la Fédération des organisations de caricaturistes (Federation of Cartoonists Organizations – Feco), ou de Belgique, comme Luc Descheemaeker alias O-Sekoer qui fait aussi partie des vainqueurs avec une dotation de 1000$.




Le chef d’oeuvre de Zeon, Soral et Dieudonné. Editions Kontre Kulture.




Fils d’un père chilien émigré en France mais "Français et fier de l’être", Zeon commence comme grapheur et accède à la "célébrité" grâce à une petite BD scénarisée par Alain Soral et Dieudonné, Yacht People (deux volumes publiés par le label d’Alain Soral, Kontre Kulture, et les Productions de la plume, organe éditorial de Dieudonné) sortie le 11 septembre 2012 et dont il déclare avoir vendu au moins 8000 exemplaires "sans passer par les médias mainstream" : "C’est un véritable succès parce que d’après ce qu’on m’aurait dit de gens qui travaillent chez Casterman, ils sont dans les 2.500 exemplaires vendus pour un jeune auteur."
Le jeune homme se revendique des influences de Gotlib, de Vuillemin, "un Choron de la BD", de Reiser "plus soft" et même de Moebius. Ça ne se voit pas trop... Il adore Blacksad de Guarnido : "Du point de vue dessin, il n’y a personne qui a fait mieux". Puisqu’il le dit...




Brochette de quenelles. Zeon et ses deux mentors. Une belle entrée dans la carrière de dessinateur.




Un sympathisant de la dieudosphère qui n’aime pas Charlie Hebdo
Antisioniste et pro-Chavez déclaré, figure de la "dieudosphère", âgé de 31 ans, Zeon multiplie les dessins où Israël est brocardé sur le thème du "Shoah Business", cher à l’humoriste plusieurs fois condamné pour ses dérapages, thème qui est précisément celui qui lui a permis de remporter ce prix.
Le dessinateur se décrit, comme son mentor, comme un martyr de la liberté d’expression : "On est discriminé, il y a toutes sortes d’appareils du pouvoir pour vous faire taire." Il considère qu’en France, il y a une fausse liberté d’expression, qu’elle est contrôlée par les" lobbies d’argent", dont "le lobby sioniste qui est très puissant en France..."
Quant à Charlie Hebdo, "...c’était de la fausse liberté d’expression, un journal qui tapait sur ceux qui n’ont pas de pouvoir en France, c’est à dire les catholiques et les musulmans..." À propos du massacre de Charlie, il trouve qu’il y a "des choses louches" comme le fait que, selon lui, la surveillance des frères Kouachi avait été arrêtée quelques mois avant l’attentat, qu’un commissaire s’est "suicidé" au lendemain des attentats, ou encore que les terroristes puissent se balader dans Paris alors que c’est une ville très surveillée. Il mentionne aussi une carte d’identité oubliée dans la voiture des terroristes, fait qu’il trouve bizarre comme "sur l’attentat du 11 septembre 2001 à New York..." La doxa complotiste fonctionne à plein.




Cérémonie en grande pompe à Téhéran. Une certaine fascination pour les symboles du nazisme...


Le "tiroir-caisse" de la Shoah
Le dessin qui a obtenu le prix "avec les félicitations du jury" file la métaphore de façon très sophistiquée. Intitulé "Shoah Business" -un terme que la sphère révisionniste utilise depuis plusieurs décennies- , il montre une caisse enregistreuse surmontée par le bâtiment principal du camp d’Auschwitz. Sur le compteur : 6 millions, le nombre estimé de juifs assassinés par les nazis. Les touches égrènent les mots "Lois Fabius-Gayssot", allusion aux lois dites "mémorielles" qui permettent la condamnation en France des propos antisémites et révisionnistes.
Quant à la clé qui ouvre la caisse, elle est marquée "Bnaï Brith", cette association connue pour sa lutte contre l’antisémitisme et sa défense du sionisme.
L’humour n’est pas l’objectif premier de ce dessin qui se contente d’illustrer le bénéfice supposé de la défense de la mémoire des victimes de la Shoah. Il n’est pas étonnant qu’il trouve un écho en Turquie où la frange nationaliste n’a jamais supporté que la Loi Gayssot concerne aussi le génocide des Arméniens perpétré en Turquie en 1915.
"C’est dû à un antisémitisme profond de l’état iranien", commente le dessinateur Kianoush Ramezani, représentant iranien de Cartoonists Rights Network International qui a pour but de défendre la liberté d’expression et de soutenir les dessinateurs en exil. Réfugié politique en France depuis 2009, il a dû fuir son pays en raison des menaces de mort qui pesaient sur lui.
"Le dessin me montre que l’auteur n’a jamais vécu sous aucun régime islamique. Il ne comprend rien. Mais il a bien servi le dictateur iranien et bien vendu son âme pour 12000$ !"
Quant à l’éditorialiste de Marianne, Guy Konopnicki, il écrit : "Pour découvrir la finesse de l’humour et l’originalité du trait de Zéon, il faut se rendre sur les sites de ses amis, Alain Soral et Dieudonné.
Zéon représente le juif maître du monde, reconnaissable à son nez crochu, ses lèvres charnues et ses oreilles.Comme c’est original ! Ce dessin " ne risque pas d’être poursuivit pour plagiat : le détenteur des droits sur une caricature quasi identique a été pendu à Nuremberg en 1946.
Car Zéon copie purement et simplement les images de juifs parues dans le Stürmer, journal du nazi Julius Streicher . Aucun talent, aucune originalité, seulement de la haine.
Assez de haine pour baver sur Charlie dès le 7 janvier 2015... La récompense s’imposait : le concours de caricatures négationnistes a été fondé à Téhéran pour répondre aux images blasphématoires que publiait alors Charlie Hebdo. Les dessinateurs de Charlie assassinés, Zéon primé à Téhéran, tout est en ordre."
La France est en tout cas prête à accueillir le président iranien et ses promesses de lendemains financiers qui chantent. Zeon sera-t-il reçu à l’Élysée ?

Didier Pasamonik (L’Agence BD)


Source Actua BD