L’élection de la candidate démocrate serait un enjeu économique majeur pour les États-Unis et leurs partenaires internationaux. La candidate démocrate à l’élection présidentielle de novembre aux États-Unis va devoir muscler son programme économique pour séduire les électeurs tentés par le populisme de son adversaire républicain...
Pour l’heure, le programme d’Hillary Clinton est plus étoffé et plus détaillé que celui de Donald Trump ; mais il contient aussi beaucoup de propositions vagues et qui ne sont pas toujours correctement chiffrées.
Selon son site Internet, Hillary Clinton voudrait favoriser une « croissance forte, juste et à long terme », introduire un salaire fédéral minimal à 12 dollars et dépenser plus pour les infrastructures : bref, un programme interventionniste bien ancré à gauche. Si sa politique de relance de la croissance et de l’emploi réussissait, c’est l’économie mondiale qui en bénéficiera ; Israël aussi bénéficiera des retombées sur son commerce et son activité.
POLITIQUE ÉCONOMIQUE : SOUTIEN À LA CROISSANCE
Résolument interventionniste et progressiste, la politique économique de Hillary Clinton semble être le point fort de son programme. Selon son site Internet, Clinton propose « un plan pour accroître les revenus des Américains » ; et d’expliquer : « Hillary comprend que pour accroître les revenus, nous avons besoin d’une croissance forte, équilibrée et durable ».
Pour obtenir une croissance forte, la candidate démocrate investira massivement dans les infrastructures (notamment l’énergie propre) et dans la recherche médicale.
Par ailleurs, elle propose d’accorder des allègements fiscaux aux petites entreprises et de réformer l’enseignement supérieur.
Une croissance équilibrée sera obtenue en relevant le salaire minimum, en augmentant le taux d’imposition marginal pour les très hauts revenus et en instaurant un crédit d’impôt pour les entreprises qui partageraient leurs profits avec leurs employés.
Quant à une croissance durable, elle sera obtenue en favorisant les investissements à long terme et la formation professionnelle.
Ces mesures visent surtout à donner un coup de fouet à l’économie américaine tout en atténuant les méfaits de son modèle libéral. Pour les partenaires économiques des Etats-Unis (comme Israël), les créations d’emplois, un pouvoir d’achat plus soutenu et une meilleure répartition des bénéfices de la croissance, sont des mesures de nature à stimuler l’activité et à créer un environnement favorable aux affaires.
Il reste à savoir comment sera financé cet ambitieux programme ; l‘augmentation des impôts sur les hauts revenus permettrait de limiter le déficit public. Pour Israël, un déficit public trop fort serait synonyme de baisse du dollar, ce qui handicaperait ses entreprises.
COMMERCE : PROTECTIONNISME LIMITÉ
La position de la candidate démocrate dans le domaine du commerce international est plus pragmatique qu’idéologique ; sa politique commerciale sera donc plus équilibrée que les tendances protectionnistes de Trump. C’est ainsi que durant sa carrière politique, Hillary Clinton a déjà dû gérer l’héritage de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) conclu par son mari, mais s’est ensuite opposée à son extension à l’Amérique centrale.
La position de la candidate sur le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) n’a été connue que tardivement : Hillary Clinton a fini par se prononcer contre, jugeant l’accord insuffisamment protecteur pour l’économie américaine.
Certes, Hillary Clinton devra adopter un programme qui sera de nature à rassurer les Américains, inquiets face à la montée en puissance de la Chine qui menace le leadership commercial et politique des Etats-Unis. Mais selon les propositions déjà annoncées, l’impact de la politique commerciale d’Hillary Clinton sur le commerce international sera moindre que les mesures protectionnistes prônées par son adversaire. Pour Israël, l’élection de Clinton devrait rassurer les entreprises qui exportent vers les Etats-Unis des marchandises pour un montant de 20 milliards de dollars par an.
IMMIGRATION : RÉGULARISATION DES CLANDESTINS
Contrairement à Donald Trump qui propose d’expulser tous les immigrants illégaux, soit environ onze millions de personnes Hillary Clinton envisage une réforme de l’immigration qui permettrait l’obtention de la citoyenneté américaine pour les personnes en situation irrégulière.
Elle soutient aussi les actions menées par le président Barack Obama, y compris sur la question des jeunes migrants hispaniques fuyant la violence des cartels qui dominent de nombreuses régions d’Amérique latine ; autant de propositions qui seront bénéfiques à l’économie américaine.
Car pour l’économie américaine, les immigrés (en situation irrégulière ou non) représentent une source de main d’œuvre importante pour de nombreux secteurs, comme l’agriculture et le commerce.
En continuant d’employer cette main d’œuvre bon marché, les entreprises américaines bénéficieront de coûts de production plus bas qui se traduiront aussi par des prix au détail plus modéré.
Les pays clients des Etats-Unis continueront donc de bénéficier de factures qui ne seront pas trop élevés : comme Israël qui s’approvisionne outre-Atlantique en produits agricoles et agroalimentaires.
CONCLUSION : UN SCÉNARIO SANS SURPRISE
Comparé au programme économique de Donald Trump, le scénario de l’élection de Clinton semble plus stable et plus prévisible. Ses ambitions économiques sont clairement annoncées et argumentées ; même si la logique de Clinton est jugée trop interventionniste, ses propositions pour redresser l’Amérique semblent réalistes et parfois même nécessaires pour garantir à tous les Américains une meilleure égalité des chances et une ascension sociale plus rapide.
Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley