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lundi 1 février 2016

Le mystère Donald Trump expliqué à ceux qui ne comprennent pas (Guy Millière)



Il est encore trop tôt pour savoir comment l’élection présidentielle américaine se déroulera. Elle aura lieu dans dix mois, ce qui peut se révéler une éternité. Ce qui paraît de plus en plus certain est qu’Hillary Clinton voit, semaine après semaine, ses chances s’amoindrir. Il ne se passe désormais quasiment pas une seule journée sans que les éléments qui viennent l’accabler se fassent plus nombreux, et plus écrasant...



Le dossier Benghazi, où il s’agit de la mort de quatre Américains, dont un ambassadeur des Etats Unis, et de non assistance à personnel diplomatique en danger, de mensonge et de parjure, est loin d’être refermé.
Le dossier emails ne cesse, lui, de s’épaissir : il vient d’être dit que non seulement les emails envoyés par Hillary Clinton depuis un serveur privé non sécurisé contiennent des éléments classés « secret défense », mais que certains de ces éléments sont si secrets que les publier et les rendre disponibles pour les médias risquerait de mettre en danger la sécurité du pays, et celle du monde. Dès lors que des services secrets russes, chinois ou iraniens ont pu y avoir accès, il n’y a rien là de rassurant.
Il y a surtout de quoi mener le FBI à demander une mise en examen porteuse de nombreux chefs d’inculpation qui vaudraient à quiconque le risque d’un très long séjour en prison.
Obama fait obstruction. Le FBI se pliera-t-il longtemps à l’obstruction d’Obama ? Cela reste à démontrer. On parle à Washington, si l’obstruction dure, de démissions en cascade et de scandale public.
Ce qui paraît certain est que si l’obstruction dure et si Hillary Clinton reste candidate, les Etats-Unis auront cessé d’être un état de droit. Ce qui paraît certain est que si Hillary Clinton devait être élue, cela signifierait que les Etats Unis sont devenus un pays ayant des ressemblances politiques avec le Venezuela ou l’Argentine. Ce qui serait d’une gravité absolue pour le futur.
Lundi, si Trump l’emporte, il sera impossible à arrêter
Ce qui paraît de plus en plus certain aussi est que Donald Trump sera le candidat républicain. Les caucus de l’Iowa, dès lundi, donneront une indication claire : si Trump l’emporte, il sera impossible à arrêter. S’il est battu de justesse, mais l’emporte une semaine plus tard dans le New Hampshire, il sera très difficile de prévoir autre chose que sa victoire au terme des élections primaires républicaines. Il peut chuter en Iowa, bien sûr : mais cela ne me semble pas l’hypothèse la plus probable.
Ce qui paraît se profiler, si Trump est le candidat républicain, est une possible victoire républicaine, et l’arrivée au pouvoir d’un Président appelé Donald Trump.
Après avoir traité Trump de clown, parfois de fasciste, l’establishment républicain semble se faire à l’idée d’un Donald Trump candidat, voire d’un Donald Trump Président.
Ce qui est vrai pour l’establishment républicain n’est pas vrai, pour l’heure, pour les intellectuels conservateurs américains, qui sont, dans leur écrasante majorité, résolument hostiles à Trump. A un point tel que la National Review, que je lis depuis plusieurs décennies et qui est une référence majeure parmi les conservateurs américains, a consacré récemment tout un numéro à s’efforcer de démolir Trump.
Et Trump réunit ainsi contre lui tout à la fois la gauche américaine et internationale, et les penseurs du courant conservateur.
Il existe, dans ces conditions, une forme de quasi-unanimité anti-Trump, et cette quasi unanimité est quasiment sans précédents.
Elle n’est pas partagée, visiblement, par des millions d’électeurs.
Que la gauche américaine soit hostile à Trump est logique, qu’elle grossisse le trait de manière caricaturale et parfois odieuse est logique aussi. Tout cela est d’autant plus logique que la gauche américaine se gauchise : qu’elle offre le choix entre un marxiste et une crapule corrompue et imbibée d’un radicalisme tempéré par l’opportunisme est un signe qui ne trompe pas.
Que la gauche internationale soit prise de convulsions hystériques en évoquant Trump est extrêmement logique : dans une émission française récente, j’ai pu voir s’écouler des jets de bile anti-américains qui, lorsqu’ils ne se dirigeaient pas vers Trump de manière grossière et grotesque, élargissaient le panorama, et dépeignaient George Walker Bush, et même Ronald Reagan sur le même mode (à les écouter, Reagan était un analphabète paresseux : je ne dois pas compter sur eux pour lire les six cent pages d’écrits personnels de Ronald Reagan que j’ai traduits et annotés il y a quelques années).
La gauche internationale ne peut aimer les Etats Unis que lorsqu’ils sont dirigés par un Président anti-américain et destructeur. La gauche internationale n’aime que les régimes destructeurs.
Que les intellectuels conservateurs américains soient aussi nettement hostiles à Trump peut s’expliquer aisément. Trump n’est pas, à proprement parler un conservateur au sens que ce mot a pu avoir aux Etats Unis depuis plusieurs décennies. Il incarne dès lors un immense risque pour le courant conservateur : celui d’être submergé par quelque chose d’autre.
Trump est porteur d’une fierté d’être américain, présente chez Ronald Reagan, mais l’exprime sans modération, face à tous ceux qui sont hostiles aux Etats-Unis, jusqu’au sein de la société américaine.
Il incarne le contrepied de Barack Obama et incarne une colère profonde et une vive frustration : la colère et la frustration qui étaient présentes dans les tea parties et que j’ai perçu en elles à l’époque (j’ai fait des conférences pour les tea parties, et j’ai pu percevoir en direct ce qui imprégnait de nombreux Américains qui les rejoignaient).
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La fierté qu’incarne Trump est une fierté plébéienne, autrement dit une fierté venue du peuple, et que des gens en position de patriciens peuvent aisément trouver trop vulgaire et trop rude. Il incarne là encore le contrepied de Barack Obama, produit de l’intelligentsia gauchiste. Il s’adresse à des gens qui n’ont, pour nombre d’entre eux, pas fait d’études universitaires et qui en ont assez de la dictature du politiquement correct et des subtilités de puristes. Il peut sembler paradoxal qu’un entrepreneur milliardaire incarne une fierté plébéienne : c’est pourtant un fait. Aux Etats Unis, les gens du peuple sont, en général, exempts du ressentiment qu’on rencontre chez les gens de catégories semblables en Europe. Un employé américain rêve de devenir riche et d’entreprendre, pas de faire payer les riches et de briser les entrepreneurs.
Trump s’adresse à des gens qui peuvent rêver d’accomplir et de retrouver la grandeur de l’Amérique et à des gens qui ne supportent plus de voir face à eux une forme de nomenklatura où les intellectuels conservateurs parlent entre eux sans qu’il y ait de résultats concrets depuis trop d’années, où les médias sont largement tenus par la gauche ou par des intellectuels conservateurs qui parlent entre eux, et où les Républicains ont été de piètres opposants au cours des sept dernières années.
Pour ces raisons, Trump attire des foules très nombreuses. Il peut incarner une révolution contre la gauche, et contre le conservatisme établi.
Rush Limbaugh, l’un des commentateurs les plus avisés de la vie politique américaine depuis plus de trente ans le définit comme un populiste nationaliste. Il le décrit aussi comme un homme à même de redresser le pays.
Il existe et il continuera à exister un mystère Trump pour ceux qui ne comprennent pas ce que je viens d’écrire. J’ai tenté ici d’expliquer.
Outre Rush Limbaugh, un homme qui a travaillé avec Reagan vient de consacrer un livre très intéressant à Donald Trump. L’homme en question s’appelle Jeffrey Lord. Le livre s’appelle What America Needs: The Case for Trump*. J’en recommande vivement la lecture.
Je me définis toujours comme un conservateur au sens américain du terme. Je pense que seul Donald Trump est à même de l’emporter, face à la gauche américaine et internationale. Je comprends la réaction d’hostilité de nombre de conservateurs américains. Bien que nombre de conservateurs américains soient des amis, je ne partage pas cette hostilité. Je pense que rien ne serait plus grave qu’une victoire de la gauche américaine en novembre 2016.
Je pense que Trump peut rassembler une vaste coalition, que s’il devait être élu, la tâche serait gigantesque.
Les caucus de l’Iowa, dès lundi, donneront une indication claire, disais-je.
Donald Trump a d’ores et déjà brisé tous les tabous du politiquement correct, donné tous les thèmes de la campagne actuelle, osé toucher à des thèmes que d’autres ne voulaient pas toucher, dominé les grands médias, suscité un immense élan.
Il a pris un risque en ne participant pas au dernier débat avant les caucus d’Iowa, et il s’est permis de tenir tête à Fox News. Il a tenu, au moment du débat, une réunion de soutien aux anciens combattants. La salle était comble. Des milliers de gens attendaient à l‘extérieur et n’ont pu rentrer, faute de place. Deux autres candidats l’ont rejoint après avoir quitté le plateau de Fox News et ont ainsi affiché leur soutien. Si ceux qui se sont déplacés jeudi soir se déplacent lundi, ce sera intéressant à observer.
J’avais écrit dès le début de sa campagne qu’il ne disparaitrait pas de l’horizon en quelques jours. Les faits m’ont montré que je n’avais pas tort.


Guy Millière


Source JerusalemPlus