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mardi 9 février 2016

Achats de sous-marins par Israël : Berlin règle la facture



Si Tsahal est en passe de doubler sa flotte sous-marine, elle le doit d’abord aux largesses du gouvernement allemand. En 2005, le ministère israélien de la Défense signe un contrat avec l’entreprise Thyssenkrupp pour acquérir deux navires submersibles. La même année, Angela Merkel visite l’État hébreu à trois reprises et propose de prendre en charge un tiers de la commande, estimée à 2 milliards d’euros...



En 2011, un accord est trouvé pour la livraison d’un troisième sous-marin Dolphin. Là aussi, Berlin s’engage à régler une partie de la facture.
À cette époque, les relations israélo-allemandes ne sont pourtant pas au beau fixe.
La chancelière allemande est exaspérée par l’attitude de Netanyahou sur le dossier palestinien. Sous la pression des sociaux-démocrates du SPD, qui l’appellent à interrompre ses ventes d’armes à Israël, comme au temps de la seconde Intifada, en 2000, Merkel se résout à conditionner la livraison des Dolphin à un gel de la colonisation, avant de se rétracter. Au sein du SPD, certaines voix dénoncent aujourd’hui une « tromperie ». La presse germanique est encore plus sévère.
D’anciens hauts fonctionnaires allemands révèlent que Berlin connaissait l’existence du « projet Samson » – le programme nucléaire israélien – depuis 1961
« L’Allemagne veut compenser ses crimes contre le peuple juif en faisant d’Israël le plus grand danger contemporain », écrit le journaliste Jakob Augstein. D’anciens hauts fonctionnaires allemands révèlent alors que Berlin connaissait l’existence du « projet Samson » – le programme nucléaire israélien – depuis 1961.
L’affaire devient embarrassante, d’autant que Tel-Aviv n’est pas signataire du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
La mauvaise conscience allemande dicte les rapports avec l’État hébreu bien au-delà de l’accord de compensation économique signé entre les deux pays en 1952. Dans les années 1990, l’Allemagne avait déjà offert deux sous-marins à l’armée israélienne, puis financé la construction d’un troisième appareil à hauteur de 50 %.
À l’époque, le chancelier Helmut Kohl souhaitait se racheter de l’implication de firmes allemandes dans le renforcement de la machine de guerre de Saddam Hussein. Le choix de sous-marins offrant à l’État hébreu une « capacité de seconde frappe » nucléaire n’est pas anodin. En 2005, Angela Merkel déclarait à la Knesset : « La sécurité d’Israël fait partie de notre raison d’État.


Par Maxime Perez


Source Jeune Afrique