Mardi dernier, l'espace du judaïsme, 2 place Riquet, a accueilli le salon de l'Alyah. De 16 heures à 19 heures, quelque 200 juifs se sont renseignés pour éventuellement rejoindre Israël. L'Alyah est un terme hébreu qui désigne le choix de partir vers Israël. Une décision que prennent des dizaines de juifs toulousains chaque année, notamment depuis la tuerie d'Ozar Atorah...
L'Agence juive est en charge de recenser et organiser l'émigration des juifs du monde entier vers Israël. Si l'organisation n'indique aucun départ de la Ville rose entre 2010 et 2012, les chiffres de l'après-Merah vont à rebours de cette tendance. Trente Alyah toulousains en 2013, 100 en 2014 et une dynamique que l'on devrait retrouver en 2015.
Le salon de l'Alyah Vers-Sion était justement présent mardi après-midi à Toulouse à l'espace du judaïsme, après Lyon le 18 mars, Marseille le 19 et Paris le 22. Celui-ci offre à ses visiteurs toutes les informations nécessaires pour un départ vers Israël.
Par exemple, des sociétés de déménagement, des écoles, des caisses d'assurance maladie comme des banques étaient représentées, l'événement étant organisé en partenariat avec le ministère israélien de l'Alyah et de l'Intégration.
Ce sont environ deux cents Toulousains de confession juive qui sont venus se renseigner pour un éventuel départ. Pour certains, comme Karine, il s'agit d'une formalité. «C'est un salon comme un autre, le Québec fait la même chose à Paris pour inciter à émigrer». D'autres préfèrent être plus discrets. Tous s'accordent néanmoins à reconnaître que le climat ne cesse de se dégrader pour les juifs de France.
La présidente du Crif Midi-Pyrénées, Nicole Yardeni, résume la situation : «De plus en plus de personnes sont tentées par l'Alyah. Une fois arrivées en Israël, il y a néanmoins une véritable difficulté à s'intégrer et notamment à trouver du travail, ce qui oblige certains à revenir dans le pays d'origine mais ceux-là ne représentent qu'une minorité».
«En France, la situation est inquiétante», juge Nicole Yardeni qui a du mal à concevoir que l'armée soit obligée de surveiller les établissements scolaires. Pendant longtemps, les départs vers Israël se faisaient au compte-gouttes. Il s'agissait pour la plupart de retraités qui partaientdans la deuxième partie du XXe siècle. Aujourd'hui, l'Alyah devient un phénomène de société à l'image de ce salon organisé par l'Agence juive.
Les familles émigrent ensemble, les parents étant inquiets pour leurs enfants. «Ce n'est pas une question d'insécurité, c'est avant tout un problème d'intolérance.
Ce n'est pas la religion qui gêne, ce sont les juifs qui dérangent. Tel est mon constat de l'époque que nous sommes en train de vivre. Certains font le choix de partir, je pense qu'il faut rester et respecter notre volonté d'être juif et français», conclut Nicole Yardeni.
Hugo-Pierre Gausserand
Source La Depeche