Après 50 jours de conflit, l’économie israélienne marque une pause : la production ralentit, l’investissement se contracte, la déflation menace. L’opération Bordure protectrice, qui entame sa huitième semaine, risque d’aggraver la récession, en plongeant de nombreux secteurs dans le rouge, notamment le tourisme, l’agriculture et le commerce. Pour faire face au ralentissement de l’économie israélienne, la Banque centrale d’Israël vient d’abaisser le taux directeur à son niveau historique le plus bas : seulement 0,25% à compter du 1er septembre prochain...
STAGNATION DE LA PRODUCTION
En réalité, c’est bien avant le déclenchement du conflit avec la bande de Gaza, au début du mois de juillet, que l’économie israélienne était déjà entrée dans une phase de ralentissement : au second trimestre 2014, le PIB israélien a cru au rythme annuel de seulement 1,7%, contre un rythme de 2,8% au premier trimestre. Par tête d’habitant, la croissance a donc été nulle au cours des trois derniers mois (d’avril à juillet).
La baisse de la production s’accompagne aussi de la chute des investissements : au second trimestre de l’année, les investissements en capital fixe ont chuté de 4,5%. Depuis le début de 2014, la baisse des investissements a été de 5,4% en tendance annuelle. Autrement dit, les entreprises ne renouvellent plus leur matériel de production, ce qui laissera entrevoir un lent redémarrage de l’économie le moment venu.
CONJONCTURE : JUILLET MORNE
Autre signe d’un été morne pour la conjoncture israélienne : l’indice composite publié avant-hier par la Banque d’Israël pour le mois de juillet est resté stable. Cet indice regroupe dix indicateurs qui sont censés donner une idée de l’évolution de la conjoncture en Israël. Or, pour la première fois depuis deux ans, l’indice a cessé d’augmenter, restant sans changement par rapport à juin.
Les experts de la banque centrale constatent qu’en juillet, l’exportation de services est une des composantes les plus faibles : son indice a enregistré une baisse de 1,9%, surtout en raison de la baisse du tourisme étranger en juillet. Parmi les autres composantes en recul : l’importation de biens de consommation et l’importation de biens de production (énergie exclue).
LE SPECTRE DE LA DÉFLATION
Avec le ralentissement de l’activité économique, c’est le spectre de la déflation qui menace l’économie israélienne : au cours des douze derniers mois, l’indice des prix a augmenté d’un petit 0,3%. C’est la menace de la déflation qui a convaincu la banque centrale de prendre une décision historique : le taux d’intérêt directeur a été abaissé à 0,25%, soit le plus bas taux jamais fixé.
En baissant les taux d’intérêt à leur plus bas niveau historique, la banque centrale vise à favoriser une dévaluation du shekel vis-à-vis du dollar : l’affaiblissement de la devise israélienne permettra de renforcer la compétitivité des produits israéliens à l’étranger et de relancer la consommation des ménages.
L’EMPLOI RÉSISTE
Seule lueur d’espoir dans une la conjoncture israélienne qui s’assombrit : l’emploi s’est redressé en juillet. Contre toute attente, le taux de chômage est tombé à 6,2% en juillet, contre 6,5% en juin. Le ralentissement de l’activité, notamment dans la région Sud d’Israël, ne semble pas avoir affecté les statistiques officielles de l’emploi.
Jacques Bendelac (Jérusalem)
Source Israel Valley