Creuser des tunnels entre le Sinai égyptien et la bande de Gaza palestinienne pourrait bientôt être passible de prison en Égypte, rapporte dimanche l'agence d'information Ma'an.
Le gouvernement égyptien a rédigé un projet de loi interdisant la pratique, dans une nouvelle tentative pour réprimer les activités de contrebande du Hamas palestinien entre la bande de Gaza et le nord du Sinaï...
Le projet de loi prévoit une peine d'emprisonnement pour quiconque "creuse, prépare, utilise, ou traverse des tunnels reliant l'Egypte à un pays ou à une entité étrangère ou à des ressortissants étrangers dans le but de faire entrer ou de faire sortir des gens, des biens ou des objets de valeur."
Depuis le renversement du président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet 2013, l'Egypte s'attaque avec fermeté aux tunnels de contrebande entre l'enclave palestinienne et le Sinai - anciennement la principale source de revenus pour le gouvernement islamiste du Hamas.
L'armée égyptienne a détruit des centaines de tunnels entre le Sinaï et la bande de Gaza, qui permettaient à des contrebandiers de fournir notamment du carburant et des matériaux de construction à l'enclave palestinienne, mais qu'Israël et l'Egypte suspectent d'également servir aussi au passage d'armes et de militants islamistes vers Gaza.
Ces mesures contres les tunnels s'inscrivent dans une campagne plus vaste des autorités égyptiennes visant à affaiblir le Hamas à Gaza.
Début mars, un tribunal du Caire a proscrit les activités et la présence du Hamas, considéré comme la branche palestinienne des Frères musulmans, cible d'une très sanglante répression depuis que l'armée a destitué le 3 juillet le président Mohamed Morsi, membre de cette confrérie et seul chef d'Etat jamais élu démocratiquement en Egypte.
L'armée égyptienne a également lancé une vaste offensive contre les groupes djihadistes dans le Sinaï, d'où certains tirent fréquemment des roquettes vers Israël,
Le Caire accuse le Hamas de soutenir ces insurgés islamistes égyptiens. Le mouvement palestinien dément fermement ces accusations.
Durant la présidence de M. Morsi, de juin 2012 au 3 juillet 2013, le Hamas a été l'un des plus proches alliés du nouveau gouvernement. Mais le gouvernement intérimaire mis en place par le nouvel homme fort de l'Egypte et nouvellement élu président, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, a gelé les relations avec le mouvement palestinien depuis qu'il a ouvertement critiqué la destitution de M. Morsi.
Aussi dimanche, le tribunal égyptien qui a récemment condamné à mort 37 islamistes présumés et 492 autres à la prison à perpétuité a justifié son verdict en expliquant qu'ils étaient des "démons" et que leur livre sacré était "le Talmud".
Le tribunal de Minya (centre) a déclenché un tollé international en condamnant ces derniers mois à la peine capitale des centaines de personnes --présentées comme des partisans du président islamiste destitué Mohamed Morsi-- lors de deux procès de masse dont l'unique audience n'a duré que quelques minutes.
Fin mars, 529 accusés ont ainsi été condamnés à mort. Mais un mois plus tard, le même juge a commué leur peine en 37 peines capitales et 492 à perpétuité, avant de prononcer un nouveau verdict prévoyant la peine de mort pour 683 autres personnes, dont le Guide suprême des Frères musulmans de M. Morsi. Ce second verdict doit encore être confirmé le 21 juin.
Les 1.200 islamistes présumés --dont quelque 1.000 jugés par contumace-- étaient accusés de violences en marge de manifestations survenues le 14 août 2013 pour dénoncer la dispersion de milliers de pro-Morsi au Caire. Ce jour-là, policiers et soldats ont tué plus de 700 personnes sur deux places de la capitale.
"Les accusés sont sortis des abîmes de l'enfer (...) pour piller l'Egypte de ses richesses, tyranniser son peuple, et ils ont tué le commissaire adjoint", affirme le tribunal qui les qualifie de "démons" et d'"ennemis de la nation" ayant utilisé les mosquées pour promouvoir les enseignements de "leur livre saint, le Talmud", le livre sacré du judaïsme.
Alors que les avocats n'ont pas pu plaider et affirment que plusieurs des accusés étaient décédés ou hors du pays au moment des faits, la cour les accuse de ne pas avoir présenté une défense correcte, perturbant l'audience pour réclamer le retour au pouvoir "de leur pharaon".
L'ONU avait dénoncé "les plus grands procès de masse de l'Histoire récente" tandis que la presse égyptienne avait unanimement salué ce verdict sévère.
Source I24News