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mercredi 26 février 2014

Israël : l'esplanade des Mosquées fermée après des tensions


L'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est a été le théâtre d'affrontements mardi entre policiers israéliens et manifestants palestiniens peu avant un débat controversé au Parlement israélien sur la souveraineté de ce site sacré pour l'islam et le judaïsme. «Nos forces ont pénétré sur le site et utilisé des moyens de dispersion des manifestations à la suite de jets de pierres et de pétards par des Palestiniens vers des visiteurs», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police israélienne, Micky Rosenfeld. Deux policiers ont été blessés par des jets de pierres, tandis que trois manifestants ont été arrêtés, selon la police.


Des sources palestiniennes ont fait état de 15 protestataires blessés par des balles caoutchoutées et de quatre arrestations. Plusieurs jeunes manifestants s'étaient introduits, déguisés en femmes dès lundi soir à l'intérieur du site religieux, selon des témoins.
«Peu après 07H30, les policiers sont entrés dans l'enceinte d'Al-Aqsa en tirant des grenades assourdissantes et des jeunes (Palestiniens) leur ont lancé des pierres», a déclaré à l'AFP le directeur du Waqf, l'Office des biens religieux musulmans, cheikh Azzam Khatib.
«Depuis hier nous réclamons la fermeture de la porte des Maghrébins (qui conduit à l'esplanade des Mosquées: ndlr) en raison des provocations et des déclarations anti-musulmanes de la part de plusieurs partis d'extrême-droite (israéliens)», a affirmé M. Khatib.
«Nous attendons de voir ce qui va arriver à la Knesset (Parlement israélien) aujourd'hui», a ajouté le directeur du Waqf, précisant que la Jordanie, gardienne des lieux saints musulmans de Jérusalem, était «en contact avec Israël pour empêcher toute initiative qui bouleverserait le statut d'Al Aqsa».
Le porte-parole de la police israélienne a précisé qu'une «vive tension» régnait avant une discussion programmée au Parlement sur un texte revendiquant la souveraineté israélienne sur l'esplanade des Mosquées présenté par un député d'extrême droite.
«Les forces de police sont restées déployées sur le mont du Temple et sont prêtes à faire face» à toute nouvelle manifestation, a ajouté M. Rosenfeld.
Le Parlement a débattu dans la soirée d'une motion très polémique du député Moshé Feiglin, membre de la faction la plus radicale du Likoud (droite nationaliste), le parti du Premier ministre Benyamin Nétanyahou.
Son texte prévoit «l'application de la souveraineté israélienne» sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam, qui abrite le Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa. Le débat n'a donné lieu à aucun vote et il doit se poursuivre ultérieurement.
«Nous avons abandonné la moindre parcelle de souveraineté sur le mont du Temple. N'importe quelle organisation terroriste peut y hisser son drapeau mais on ne peut trouver aucune trace du drapeau israélien», a déploré M. Feiglin devant une chambre presque entièrement vide. «Seuls les juifs n'ont pas le droit de prier sur ce site».
À gauche, Zehava Gal-On, la dirigeante du parti d'opposition Meretz, a accusé le parlementaire du Likoud et ses amis de «jeter une allumette dans un baril de poudre» et de vouloir torpiller le processus de paix avec les Palestiniens.
M. Nétanyahou a fait savoir qu'il était totalement opposé à cette initiative qui n'a, selon les commentateurs, aucune chance d'aboutir faute de soutiens suffisants. Le Premier ministre israélien redoute que le débat suscite la colère de la Jordanie, de l'Égypte et des Palestiniens au moment où les États-Unis s'efforcent d'obtenir un accord de paix au Proche-Orient.
À Amman, l'opposition islamiste jordanienne a appelé mardi à un gel, voire à un abandon, du traité de paix de 1994 avec Israël.
L'esplanade des Mosquées, que les musulmans appellent le «Noble sanctuaire» (Haram al-Charif) et les juifs le «mont du Temple», en référence au second Temple juif détruit par l'Empire romain en l'an 70, est source de tensions quasi quotidiennes entre les deux communautés.
La loi israélienne autorise les juifs à prier sur l'esplanade mais confie à la police la mission d'en apprécier l'opportunité. Dans les faits, de telles prières sont interdites, une situation qui perdure depuis qu'Israël a pris le contrôle de Jérusalem-Est (à majorité arabe) en 1967.
Plusieurs milliers de visiteurs non musulmans se rendent chaque semaine sur l'esplanade, dont quelques dizaines de juifs nationalistes qui exigent le droit d'y prier, selon les statistiques de la police.
Moshé Feiglin lui-même se rend régulièrement avec ses partisans sur l'esplanade malgré l'opposition de la police qui craint la réaction violente des fidèles musulmans.


Source La Presse