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mercredi 22 janvier 2014

Le mémorial d'Auschwitz enseigne désormais la Shoah en arabe et farsi


Avec le lancement d'une série de cours en ligne, le musée du plus emblématique des camps d'extermination nazi espère toucher un public qui «méconnaît» selon lui l'histoire de l'Holocauste. Sur le million de touristes ayant visité le camp d'extermination polonais en 2013, environ un millier étaient originaires d'un pays arabophone et moins d'une centaine avait la nationalité iranienne. Partant de ce constat, le mémorial d'Auschwitz a annoncé cette semaine la diffusion sur son site d'une série de cours en arabe et farsi portant sur l'histoire de la Shoah, destinés à sensibiliser un public qui selon lui «méconnaît» voire «nie», parfois, l'existence même de l'Holocauste.
 


Car l'initiative, en effet, ne tient pas qu'au mauvais chiffres de fréquentation. Alors qu'Italiens, Allemands, Coréens et Français se rendent chaque année par bus entiers sur le site, le choix spécifique de ces deux langues au détriment des autres est tout sauf fortuit, et sa portée politique manifeste. «Sans généraliser, cet épisode de l'Histoire est encore trop méconnu de certains groupes de personnes, lorsque certaines n'avancent pas tout simplement des arguments révisionnistes, pas toujours par conviction intime d'ailleurs», commente Pawel Sawicki, un porte-parole du musée.
Jusqu'à présent, ce contenu n'était accessible qu'en polonais et anglais. Traduits de ces versions par un groupe d'universitaires et linguistes, les corpus arabes et persans relatent en image la construction des camps d'Auschwitz I, II et III dès 1940, les conditions de vie des détenus et la mise en oeuvre dès 1942 de la «Solution finale». Une rubrique intitulée «Groupe éthniques et catégories de détenus» passe en revue le nombre de Juifs, Tsiganes, Polonais et prisonniers de guerre internés au cours des cinq années d'activité du Konzentrationslager.
En janvier 2011, le mémorial Yad Vashem avait ouvert, pour sa part, une page Youtube en farsi agrémentée de vidéos, interviews et reportages consacrés à la Shoah et à l'antisémitisme contemporain. «Face aux tentatives de désinformer et de déformer l'histoire en ligne, nous offrons une alternative à toute personne intéressée de connaître la vérité», avait alors déclaré Avner Shalev, directeur du mémorial de Jérusalem. Une référence à peine voilée aux propos tenus quelques années plus tôt par l'ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad, lequel avait remis l'Holocauste en question, la qualifiant de «grosse tromperie».
Une initiative qu'était venu conforter, un an plus tard, la diffusion sur internet par la fondation Menorah d'une encyclopédie en farsi intitulée «Holocaust». Fruit du travail d'un Juif américano-iranien, Ari Babaknia, la finalité de cette ouvrage en quatre volumes était de pallier à l'inexistence de documents persans se rapportant à l'évènement. Et rappeler la protection offerte aux Juifs par le Chah Mohammad Reza au plus fort de la persécution.

Source Le Figaro