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jeudi 12 septembre 2013

De Damas à Téhéran


Une bonne question. Samedi 31 août, le président américain Barack Obama a pris la parole en direct depuis la Roseraie de la Maison Blanche. Et s’est interrogé : « Si nous ne faisons pas appliquer le principe de responsabilité face à ces actes haineux, qu’en déduira-t-on sur notre capacité à résister à ceux qui bafouent des règles élémentaires, à ces gouvernements qui choisissent de fabriquer des armes nucléaires, aux terroristes qui n’hésitent pas à se servir d’armes biochimiques, aux armées qui commettent des génocides ? » De fait, le Premier ministre Binyamin Netanyahou a répété à maintes reprises, la semaine dernière, que l’Iran « testait le terrain en Syrie ». Téhéran, a continué Bibi – une affirmation reprise par Obama dans son discours – observerait attentivement la situation et attendrait la réaction de la communauté internationale face à l’usage d’armes chimiques par son vassal syrien.


Le régime des Mollahs se répandra-t-il en discours indignés avant de se lancer dans une offensive militaire unanimement soutenue ? La réaction militaire sera-t-elle immédiate ? Y aura-t-il de nombreux discours suivis d’une action militaire américaine limitée ? A quel point l’offensive sera réduite ? Sera-t-elle supportable ? Reste que les Iraniens ne sont pas les seuls sur le qui-vive. Israël observe également très attentivement la situation. La décision israélienne d’attaquer ou non l’Iran pourrait très bien dépendre de l’action internationale face à la Syrie aujourd’hui. Et l’opposition du parlement britannique à une action militaire, jeudi 29 août, n’est pas un très bon signe.
« L’hésitation internationale sur une offensive en Syrie prouve une fois encore que l’Etat hébreu ne peut compter que sur lui-même », a pointé le ministre de l’Economie et du Commerce Naftali Bennett sur sa page Facebook, vendredi. « Munich 1938 – Damas 2013 : rien n’a changé. C’est la leçon que nous devons tirer des événements syriens ». Un post rédigé avant le discours du président américain, au cours duquel il a déclaré que les Etats-Unis conduiraient une attaque limitée contre la Syrie, mais seulement si le Congrès approuvait l’offensive à son retour de vacances, le 9 septembre.
Tergiversations internationales « Faites-nous confiance ». Voilà ce que nous demande depuis des années la communauté internationale, menée par les Etats-Unis, sur le dossier iranien. « Nous allons régler le problème avec les Iraniens, nous ne leur permettrons pas d’obtenir la bombe atomique. Et même s’ils l’obtenaient, ils ne s’en serviront sûrement pas. Ils ne sont pas aussi fous que cela. » Vraiment ? Le président syrien Bashar Assad est suffisamment fou pour avoir recours à des armes chimiques en plein jour contre son propre peuple, en sachant pertinemment qu’il en serait tenu pour responsable.
Mais la communauté internationale continue de tergiverser. Les Français font les gros yeux, les Britanniques se défilent complètement et Obama affirme qu’il lancera une offensive limitée si le Congrès donne son feu vert à son retour de grandes vacances. Pendant ce temps, les Iraniens profitent du spectacle, tout en calculant les conséquences s’ils accéléraient leur programme nucléaire. On ne pourra les blâmer d’en conclure que les Français feront les gros yeux, que les Britanniques voteront contre une action militaire au parlement et qu’Obama attendra l’approbation des élus en vacances.
Il est certain que voir les leaders internationaux lanterner de la sorte ne devrait pas inspirer davantage confiance aux dirigeants israéliens concernant l’Iran. Enfin, si la communauté internationale réagit ainsi lorsque 1 429 civils sont gazés, que pouvons-nous vraiment en attendre lorsque Téhéran ne fera que franchir le seuil nucléaire, sans avoir encore tué personne ?


Source JerusalemPost