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mercredi 10 avril 2013

Margaret Thatcher : le plus important dans ma vie, c'est d'avoir contribué au sauvetage d'une jeune juive autrichienne



Pour la Dame de fer, qui vient de s'éteindre, avoir sauvé une jeune fille juive autrichienne de la Shoah était sa plus grande fierté. La disparition ce lundi de l'ancienne Premier ministre britannique, Margaret Thatcher le jour-même de Yom Hashoah est probablement une de ces coïncidences qui échappe à notre entendement.  L'Histoire en tous cas s'accorde parfois à d'étranges pirouettes et Margaret Thatcher pouvait se vanter d'avoir toujours manifesté une grande sensibilité et une certaine fidélité envers les causes juives importantes de son époque.

Un homme, Charles Johnson s'était penché fin décembre 2011 sur la relation de Margaret Thatcher avec les Juifs.
 Margaret Thatcher lui avait déclaré d'emblée que ce qui comptait le plus à ses yeux, n'était pas d'avoir œuvré par son action politique au renversement de l'Union soviétique ou d'être la première femme britannique à occuper le poste de Premier ministre, mais d'avoir contribué, enfant, à sauver une adolescente juive en Autriche de l'emprise hitlérienne.
 En 1938, Edith Muhlbauer, une jeune fille de 17 ans, écrit à sa correspondante anglaise, Muriel Roberts, la sœur aînée de la future Margaret Thatcher, alors âgée de 12 ans, lui demandant si la famille Roberts pourrait l'aider à échapper à l'Autriche, qui venait d'être annexée par Hitler.
 Les nazis avaient commencé à rassembler les premiers Juifs à Vienne après l'Anschluss; Edith et sa famille auraient très bien pu figurer sur la prochaine liste.

 Alfred Roberts, le père de Muriel et Margaret, était épicier dans une petite ville anglaise ; la famille n'avait pas vraiment les moyens de prendre Edith à charge.
 Mais c'était sans compter sur la détermination des deux sœurs qui se mirent en tête de collecter des fonds et de convaincre le Rotary club local de les aider.
 Edith est venue en Angleterre où elle a été hébergée pendant deux ans dans plus d'une douzaine de familles du Rotary, y compris bien sûr les Roberts.

 Jusqu'à ce qu'elle puisse rejoindre des parents proches en Amérique du Sud.
 Edith dormait dans le lit-gigogne au-dessus de celui de Margaret et elle lui a laissé une forte impression : "Elle avait 17 ans, était grande et belle et venait à l'évidence d'une bonne famille.", écrira plus tard Margaret Thatcher dans ses mémoires.
 Mais "le plus important, c'est qu'elle nous a raconté ce que c'était de vivre Juif sous un régime antisémite.

 Une des choses qu'Edith nous a rapportées en particulier, m'a particulièrement marquée.
 Les Juifs, disait-elle, sont faits pour frotter les rues". Pour Margaret qui a toujours cru en la valeur du travail utile, c'était autant un gaspillage de temps et de force qu'un scandale.

 Margaret Thatcher n'a jamais oublié cette leçon : "Ne pas hésiter à faire ce que vous pouvez car vous pourriez sauver une vie", clamait-elle en 1995.
 C'est cette année-là qu'elle a réussi à localiser et à retrouver Edith, bien vivante, au Brésil.

 "Si la famille Roberts n'était pas intervenue", a raconté celle-ci, "je serais restée à Vienne et ils m'auraient probablement tuée.".
 Tout au long de sa vie, la Première ministre britannique est restée fidèle à cet engagement.

 Elle a été énergique dans un certain nombre de dossiers sensibles pour Israël et la communauté juive, travaillant notamment à contrecarrer le boycott arabe d'Israël par un soutien britannique à l'économie israélienne et n'a jamais transigé face à l'Union soviétique sur le traitement des "refuzniks juifs".
 Au grand dam de certain, elle a nommé plusieurs personnalités juives à des postes clé de son cabinet et restera la dirigeante qui a fait une visite historique en Israël, la première d'un Premier ministre britannique en exercice depuis la fin du mandat britannique sur la Palestine.
 Margaret Thatcher restera un personnage inattendu, probablement bien loin et plus contrasté que l'image de la "Dame de Fer", volontiers faiseuse de division et de discorde.


Source Israel Infos