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lundi 18 février 2013
Betar Jérusalem : le racisme persiste
L’arrivée de 2 joueurs musulmans tchétchènes dans le célèbre club de foot hiérosolomytain suscite la colère de certains fans. Violences et slogans racistes se succèdent.
Les émeutes au Betar Jérusalem ont été largement désapprouvées au sein du pays, et pourtant. Certains supporteurs du club persistent et signent. Dimanche 10 février, lors d’un match au stade Teddy de la capitale contre l’équipe israélo-arabe de Bnei Sakhnin, ils ont crié aux joueurs musulmans de « rentrer chez eux ». La rencontre s’est conclue par un match nul : 2-2.
Ces deux dernières semaines, plus de 20 supporteurs ont été arrêtés pour avoir attaqué le personnel de sécurité du Betar, jeté des pierres sur les véhicules des joueurs et, dans le cas le plus extrême, mis le feu aux bureaux de l’équipe sur son terrain d’entraînement, dans le quartier de Bayit Vegan à Jérusalem.
Motif : une partie de ces fidèles ne supporte pas que deux joueurs musulmans de Tchétchénie, Dzhabrail Kadiyev et Zaur Sadayev aient été récemment engagés par le club.
« Je ne suis pas raciste, je n’aime pas les Arabes »
« Nous ne voulons pas d’Arabes, nous ne les aimons pas. Pendant 70 ans, Betar n’a pas eu de joueurs arabes, Jérusalem restera pure à jamais », criait Nati Hadjaj, 16 ans, à l’extérieur du stade. « C’est un fondement de l’équipe », s’est-il justifié. « C’est horrible qu’il y ait des joueurs musulmans dans l’équipe. Je voudrais que tous les Arabes meurent », a lancé Avner Yericha, un résident de la capitale de 28 ans. « Je ne suis pas raciste, je n’aime pas les Arabes, c’est tout », a ajouté un autre fan de 16 ans, qui a refusé de donner son nom.
D’autres supporteurs ont cependant tenu à souligner que ces vues extrémistes ne représentaient pas la majorité des fidèles du club. « C’est vraiment honteux, cela salit la réputation de Betar », a déploré Reout Moshé, de Kiryat Gat.
« Il faut arrêter ces supporteurs, cela délégitimise l’équipe »
La police a escorté les énergumènes les plus agités en dehors du stade avant même le début du match. « Tout le monde te hait, Itzik Kornfein, ta mère est une pute et tu es un bâtard ! », a entonné la foule, immédiatement après avoir chanté l’hymne israélien, Hatikva, en visant le président du club. Des « Mort à Arkadi », le propriétaire du Betar, se sont également fait entendre.
En signe de soutien aux joueurs tchétchènes ainsi qu’à la direction de l’équipe de foot, le maire de Jérusalem Nir Barkat, la ministre de la Culture et des Sports Limor Livnat et le maire de la capitale de Tchétchénie, Grozny, sont venus assister à la rencontre. Kadiyev s’est fait huer à chaque fois qu’il a touché la balle tandis qu’il s’échauffait sur le terrain à la mi-temps.Blessé, le second joueur, Sadayev, n’était pas présent.
Au total, la police a évacué plus de 75 fans des deux équipes pour incitation et slogans racistes. Par la suite, des cris de « Betar pure à jamais ! » et « Mort aux Arabes » se sont fait entendre ici ou là mais, dans l’ensemble, la rencontre était plus calme que les précédentes depuis le début de la polémique.
Indignations
L’Association israélienne de Football a ordonné au Betar Jérusalem de faire fermer les tribunes est du stade Teddy, traditionnellement réservées aux supporteurs les plus enragés dont le groupe fanatique « La Familia », comme punition pour avoir déroulé une immense bannière le 26 janvier où il était inscrit « Betar pure à jamais ». A la place, le club avait fait installer d’énormes panneaux exprimant son opposition aux récents événements. « La violence et le racisme ? Pas sur nos terrains ! » pouvait-on y lire.
Pendant ce temps-là, les tribunes à proximité entonnaient : « Ta mère est une pute ! Ta mère est une pute ! », à destination des fans de Bnei Sakhnin.
A l’extérieur du stade, avant le début du match, une cinquantaine de personnes du mouvement antiraciste Bright Tag (« éclairés ») manifestaient sous la bannière « Jérusalem tolérante à jamais ». Le nouveau député Mickey Levy (Yesh Atid) s’est également fermement opposé à ces actes racistes. « Il y a entre 500 et 1000 individus qui pourrissent l’ambiance », s’est-il indigné. « Ces actions ont un impact au niveau international. Ce n’est pas bon pour le sport israélien, pour Betar Jérusalem et pour l’Etat d’Israël. Nous devons faire tarir le racisme à sa source ».
Levy, ancien commandant de la police de Jérusalem de 2000 à 2004, a préconisé aux tribunaux d’interdire aux hommes jugés pour incitation raciste d’assister aux matches de l’équipe pendant 3 ans, au lieu de la sanction habituelle d’une seule saison. La manifestation en faveur de la tolérance s’est délibérément tenu loin des supporteurs, afin d’éviter les affrontements.
Le maire-adjoint de Jérusalem, Pepe Alalu s’est également élevé contre ces événements. Faisant référence aux attaques contre de jeunes Arabes à l’été 2012, il a déclaré que la violence commençait d’ores et déjà à contaminer d’autres secteurs de la population.
Pour Alalu, l’Association israélienne de football devrait interdire tout match à domicile du Betar de Jérusalem pour punir les supporteurs, et faire jouer l’équipe à Tel- Aviv et à Natanya uniquement. L’élu a également relevé que dimanche marquait le 30e anniversaire de l’assassinat de l’activiste de La Paix maintenant, Emil Grunzweig.
« C’était il y a 30 ans et on s’est dit ‘Ok, il y a des violences’ mais nous n’aurions jamais cru que quelqu’un allait être tué », s’est-il remémoré.
« Cela va recommencer… La police a peur, les joueurs ont peur, les fans ont peur et la direction de Beitar a peur ».
Source JerusalemPost