L'enquete du controleur d'Etat Yossef Shapira sur le rapport Harpaz, un faux fabriqué pour bloquer la nomination de Yoav Galant au poste de chef d'État-major alors qu'il était pressenti pour succéder à Gaby Ashkenazi, met en cause les plus hauts niveaux de l'état.
Pour Shapira, ce faux n'aurait jamais existé sans la guerre qui empoisonnait les relations de Gabi Ashkenazi avec son supérieur direct, le ministre de la Défense, Ehud Barak.S'il ne s'agissait pas de la sécurité d'Israël et d'une des périodes, 2009-2011, où Israël a eu à affronter des conflits majeurs – l'opération Plomb durci, l'accostage du Mavi Marmara, la montée en puissance de la menace iranienne –, on pourrait en rire.
Deux responsables au plus haut niveau de la hiérarchie militaire et civile, se font des "mauvais coups" comme des enfants dans la cour d'école.
De chaque côté, leurs partisans encouragent les belligérants, et multiplient les coups bas.
Et celui qui est censé siffler la fin de cette partie déplorable, se contente d'observer en attendant que "ça passe".
D'après le rapport du contrôleur de l'État, l'ancien chef de l'état-major, Gabi Ashkenazi porte néanmoins l'essentiel de la responsabilité dans cette affaire, ne serait-ce que pour avoir oublié que tout premier gradé de Tsahal qu'il était, il avait un "patron", Ehud Barak et ce, quels que soient les sentiments qu'il avait à son égard.
Son adjoint, le colonel Erez Weiner, son "âme damnée", marchera sur ses traces et sera l'exécutant des basses œuvres, notamment de la mise en orbite du rapport Harpaz.
Ehud Barak n'est pas épargné.
En effet, pour se "venger" d'Ashkénazi, il a tout simplement bloqué la quasi-totalité des 170 nominations d'officiers et officiers supérieurs recommandés par le chef d'État-major.
En violation flagrante du règlement, il a nommé un sous-chef d'état-major général, en le plaçant au-dessus d'Ashkenazi et a repoussé pas moins de 150 rendez-vous avec des officiers de Tsahal, retardant ainsi le processus de nomination du successeur du Chef d'État-major.
Très sobrement, le contrôleur de l'État, note que l'hostilité et la méfiance qui s'étaient installées entre les deux hommes, ont porté atteinte à l'intérêt national.
Le summum a été franchi avec Boaz Harpaz, un ancien officier, familier d' Ashkenazi, approché par le fameux Erez Weiner pour rédiger un faux rapport qui porte son nom, un faux monté de toutes pièces pour tenter d'influencer la nomination du successeur de Gaby Ashkénazi.
Benyamin Netanyahou est sévèrement critiqué pour son incapacité à résoudre la querelle qui a paralysé pendant deux ans les relations de travail entre les bureaux du ministre de la Défense et du chef d'état-major général.
Déjà au printemps 2010, quand il était clair que les équipes de Barak et d'Ashkenazi étaient en guerre, et alors que se profilait l'éventualité d'une attaque contre l'Iran, "le Premier ministre aurait dû intervenir sans délai en vue de résoudre la crise", écrit Yossef Shapira.
L'enquête sur l'affaire Harpaz doit "non seulement examiner le document et la manière dont il a été fabriquer, mais aussi s'intéresser a l'atmosphère qui a permis sa création", avait défini Benny Gantz, l'actuel chef d'État-major en 2011.
Il semblerait que cet objectif soit atteint, même si cela doit faire des vagues au sommet de l'État, deux semaines à peine avant les élections.
Il reste maintenant au bureau du Procureur général de décider si des poursuites doivent être engagées.
L'armée pourrait elle aussi avoir à statuer sur le comportement de certains officiers comme par exemple le colonel Erez Weiner.
Source Israel Infos