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mercredi 22 décembre 2021

Juifs d’Orient: Au Liban, le destin tragique d’une communauté rayée de la carte


Une pierre tombale emportée par un glissement de terrain suite à des intempéries dans le cimetière juif de Beyrouth, au Liban, le 26 décembre 2019. L’histoire des Juifs du Liban est celle d’un déchirement empreint de nostalgie, d’un amalgame qui a eu raison de leur présence, d’une marginalisation qui continue de les poursuivre, mais aussi d’une affection pour un pays qui les reconnaît, sur le papier, comme les siens......Petits rappels historiques.......

De Téhéran à Casablanca en passant par Mascate, Bagdad, Alger et d’autres villes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, les communautés juives à travers cette partie du monde, berceau historique du judaïsme, ont évolué au gré de l’évolution des relations entre leurs pays et l’État hébreu, des flux migratoires, des mouvements d’indépendance ou encore des conflits internes et des accords de paix. 
Courrier International revient sur cette histoire mouvementée des “Juifs d’Orient” dans une série en huit épisodes, voici le quatrième.
“Chacun doit avoir sa place”, fait valoir Nassim Ibrahim Lévy, président du consistoire régional des communautés juives de Normandie. Une déclaration qui ne s’applique pas vraiment au Liban, pays que Lévy a dû fuir à l’âge de 21 ans, un an après le début de la guerre civile (1975-1990). 
“Nous avons beaucoup souffert, nous avons tout laissé derrière nous, raconte-t-il. J’étais encore jeune quand mon père s’est retrouvé paralysé. Quelqu’un l’a traité de sale Juif et l’a frappé dans le dos, lui fracturant la colonne vertébrale.”
“Ma mère a vidé de grands sacs de riz pour y fourrer nos vêtements, poursuit-il. Nous avons pris nos papiers d’identité, puis nous avons émigré. Quand nous avons quitté notre domicile à Saïda [grande ville du sud du Liban, majoritairement musulmane], j’ai emporté des photos. 
Nous nous sommes d’abord rendus à Larnaca, à Chypre, puis de là nous sommes partis pour la France. Nos voisins ont pleuré quand nous sommes partis. Ils nous aimaient beaucoup. Mais nous avions peur.”
Nassim vit toujours en France, avec ses trois enfants et ses deux petits-enfants. Il n’utilise plus son passeport libanais. Ayant épousé une Française, il a obtenu la nationalité française. 
Pourtant, l’arabe est toujours resté sa langue de cœur. Il l’a même enseigné à sa femme : “Nous écoutions beaucoup Fayrouz.”
Pendant la guerre civile, les Juifs du Liban avaient peur. En effet, nous étions considérés comme des Israéliens, alors que nous n’avions rien à voir avec Israël. Pour certains Libanais, la communauté israélite était synonyme d’Israël. Mon grand-père avait émigré à Rio de Janeiro, où vivent des milliers de Juifs libanais. Mais nous n’avions pas assez d’argent pour nous installer au Brésil.”
Nassim se souvient encore des noms de ses voisins à Saïda. Quand il évoque sa mère, il est gagné par l’émotion.
“Elle s’appelait Maryam. Les gens l’appelaient ‘sainte Marie’, raconte-t-il. Elle possédait une petite boutique dans la rue Riad El-Solh, à Saïda. Malheureusement, son activité a été affectée par la guerre et elle n’a plus pu nous inscrire à l’école française où nous
La communauté juive libanaise est l’une des 18 communautés religieuses reconnues par la Constitution du pays. Elle jouissait d’une place prépondérante au sein de la société et de l’économie du Liban, l’un des rares pays libéraux et multiconfessionnels du Moyen-Orient.
Alors qu’elle est aujourd’hui quasi inexistante sur le terrain, ses membres continuent de figurer sur les listes des électeurs à chaque échéance législative sous la dénomination d’“israélites”. Lors des dernières législatives, en 2018, environ 4 000 israélites y étaient inscrits, mais rares sont ceux ayant participé au scrutin.
Le pays compte quatre synagogues, à Beyrouth, Saïda (sud), Deir El-Qamar et Bhamdoun (Montagne libanaise).
Selon l’historien franco-libanais Nagi Gergi Zeïdan, 27 juifs résident actuellement au Liban. “Mais ils cachent leur identité religieuse”, explique-t-il à Daraj.
La diaspora libanaise compte parmi ses membres juifs plusieurs success stories dont le fondateur de l’horloger suisse Swatch Nicolas Hayek (mort en 2010) et le plus riche banquier du monde, selon le magazine Forbes, Joseph Safra (mort en 2020), dont la fortune, la première du Brésil, était estimée après son décès à plus de 23 milliards de dollars.

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