Les faits Spécialiste des recherches sur l’extermination de masse des juifs d’Europe de l’Est pendant la Seconde Guerre mondiale, le père Patrick Desbois a été nommé directeur du conseil académique du mémorial de l’Holocauste de Babi Yar.........Détails........
Inventeur de la dramatique expression de « Shoah par balles », le père Patrick Desbois va conseiller l’édification d’un mémorial érigé là où celle-ci a fait des dizaines de milliers de victimes pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le prêtre français a en effet été choisi pour présider le conseil académique du centre de mémoire de l’Holocauste de Babi Yar, en Ukraine, qui devrait être achevé d’ici à 2026.
Là, en deux jours, fin septembre 1941, des troupes nazies ont exterminé plus de 33 000 juifs.
Les massacres se sont poursuivis par la suite, faisant plus de 100 000 victimes au total.
Cet endroit, à l’époque un vallon, désormais un parc en périphérie de Kiev, est l’un des plus gros sites de fusillades de l’Union soviétique, explique le père Desbois, joint par La Croix.
Selon le prêtre qui a interrogé plusieurs milliers de témoins directs ou indirects, plus de 1,5 million de personnes ont été ainsi massacrées à l’Est pendant la guerre.
Une mémoire effacée par les Soviétiques
Le mémorial de Babi Yar, salue le père Desbois, sera le premier « grand » centre de mémoire de l’Holocauste de toute la région.
En effet, explique-t-il, « la mémoire des fusillades a été vivement combattue par les Soviétiques qui ne voulaient pas souligner le nombre de juifs parmi les victimes ».
Faire mémoire est, selon lui, d’autant plus difficile, qu’à la différence des camps de concentration, « il n’y a absolument rien » à Babi Yar pour appuyer matériellement le souvenir, d’autant plus que les corps des victimes ont été brûlés.
C’est pourquoi l’ancien directeur du Service national de la Conférence des évêques de France pour les relations avec le judaïsme se réjouit particulièrement de ce futur mémorial porté par une équipe « extrêmement dynamique » et « très soutenu politiquement » - à commencer par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lui-même d’origine juive.
Sa mission, indique-t-il, sera de « conseiller la stratégie », notamment afin de « heurter le moins possible l’opinion publique ukrainienne », où les victimes n’ont pas seulement été juives et où « les Soviétiques ont agi pendant des dizaines d’années pour éviter cette mémoire ».
Des lieux de mémoire pour les différentes communautés
Le père Desbois a ainsi notamment accepté cette mission en raison de la rigueur des travaux menés sur les preuves, alors que le négationnisme est « très fort ». Selon le mémorial, le conseil académique, présidé par le Français, aura en particulier pour mission d’« élaborer une stratégie de recherche et contrôler la conformité des activités du centre avec les principes de rigueur et de fiabilité scientifiques ».
« En Irak, ouvrir un avenir aux victimes yézidies de Daech »
Dans une déclaration relayée par l’agence de presse russe Interfax, la présidente du conseil de surveillance du mémorial - qui compte notamment l’ancienne directrice générale de l’Unesco Irina Bokova - s’est dite « très heureuse » de la nomination du père Desbois, qui « a consacré sa vie à dire au monde la vérité sur la mort tragique des victimes de l’Holocauste par balles en Europe de l’Est ».
Sur place, une synagogue a été bâtie et doivent maintenant être construits des lieux de mémoire pour les autres victimes, notamment orthodoxes et Roms. Par ailleurs, les noms des victimes devraient être inscrits.
Petit-fils d’un Français déporté en Ukraine et témoin de telles fusillades, le père Desbois a fondé en 2004 Yahad-In Unum (« Dans l’union », en hébreu et en latin), une association dédiée à la recherche et à la mémoire des victimes juives et Roms assassinées en Europe de l’Est pendant la Seconde Guerre mondiale.
En 2015, il a lancé Action Yazidis pour venir en aide à ces habitants d’Irak menacés d’extermination par l’État islamique.
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