Le Conseil des juifs hassidiques du Québec appelle ses membres à « se ressaisir », tout en dénonçant la confusion qui règne après l'entrée en vigueur de nouvelles règles dans les lieux de culte.........Détails........
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) est intervenu trois fois en moins de 24 heures pour mettre fin à des rassemblements illégaux au sein de la communauté juive hassidique, dans le quartier Outremont. Deux personnes ont été arrêtées et 66 contrevenants font l'objet d'un rapport d'infraction.
Les trois organismes en charge de ces lieux font également l'objet de rapports d'infraction à titre de personnes morales, lesquels seront soumis au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).
La journée de samedi a débuté avec une intervention, vers 9 h 30, pour mettre fin à un attroupement illégal dans un lieu de culte d’Outremont, a indiqué le SPVM.
Des dizaines de personnes se trouvaient alors à l'intérieur de la bâtisse, située à l'angle de la rue Hutchison et de l’avenue Saint-Viateur.
Les agents ont pu constater que le nombre maximal de personnes qui sont autorisées à se réunir dans un lieu de culte, soit 10 personnes, n'était pas respecté, selon le SPVM.
Dix-sept contrevenants ont été identifiés et font l'objet d'un rapport d’infraction général. Une personne a été arrêtée pour entrave au travail des policiers.
Des policiers sont également intervenus plus tard en avant-midi, vers 11 h 45, lors d'un rassemblement qui se tenait à l'intérieur et à l'extérieur d'un autre lieu de culte, situé rue Durocher.
Là aussi, un rapport d'infraction général a été soumis au DPCP. Pour cet évènement, 14 contrevenants font l'objet d'un rapport d'infraction.
Un homme qui filmait la scène a aussi été victime de menaces. Le suspect, un homme âgé de 44 ans, a été arrêté et libéré avec citation à comparaître, a indiqué le SPVM.
En fin de journée, samedi, une forte présence policière aux abords de la synagogue située à l'angle de la rue Hutchison et de l’avenue Saint-Viateur suggérait une quatrième intervention, ce que le SPVM devait confirmer dans la soirée.
La veille, un autre événement avait nécessité une intervention du SPVM dans le même établissement, situé près de la rue Lajoie. Les policiers avaient reçu un appel vers 17 h 15 signalant un regroupement.
À l'arrivée des policiers, de nombreux participants ont pris la fuite, certains fonçant même sur les agents.
Quatre policiers ont été victimes de voies de fait, a précisé le SPVM, qui indique cependant que ni civils ni policiers n’ont été blessés.
C'est un appel au 911 qui a averti les policiers du rassemblement de vendredi, en fin d'après-midi, à Outremont.
Les interventions des autorités ont suscité du mécontentement au sein des membres de la communauté hassidique qui se sont réunis samedi à l'occasion du shabbat.
Ils attaquent la communauté, c’est mon sentiment général, a déclaré l'un de ses membres à Radio-Canada.
Il n’y a pas plus de 10 personnes par étage ou par entrée, quelle que soit la loi. Je pense qu’il n’y a rien de mal, a-t-il confié, sous le couvert de l'anonymat.
En début de soirée, samedi, le Conseil des juifs hassidiques du Québec a exhorté les communautés juives à se ressaisir et à se conformer aux décrets sur la santé publique, tout en plaidant la confusion qui entoure les nouvelles réglementations en vigueur dans les lieux de culte.
Sur un ton mi-dénonciateur, mi-solidaire, le Conseil a évoqué la délicate mission des gestionnaires des lieux de culte et dit comprendre leurs difficultés à gérer avec efficacité cette limitation dans le nombre de personnes qui peuvent avoir accès à leurs immeubles, surtout durant le sabbat.
Son représentant Mayer Feig a reproché un déploiement policier disproportionné sur les lieux du rassemblement, samedi. Je ne pense pas qu’on ait besoin de 30 voitures de police pour 15 personnes. Je ne comprends pas les forces qui ont été mobilisées, c’est très énervant, a-t-il réagi.
Le Conseil des juifs hassidiques a jugé que ses membres respectaient les restrictions en vigueur puisque plusieurs salles de prières peuvent être ouvertes dans un même édifice pourvu que ce même édifice ait des entrées séparées sur la rue.
Le représentant Mayer Feig, qui a attendu la fin du sabbat pour s'adresser aux médias, a insisté sur la confusion qui entoure la publication intempestive de nouveaux décrets concernant les mesures visant à protéger la santé de la population.
Avant, c’était 25 personnes par salle, ça dit maintenant 10 et c’est arrivé tard vendredi.
On ne savait pas si c’était par salle ou par immeuble, a-t-il justifié.
Cette confusion régnerait aussi dans les rangs des policiers, selon le Conseil. Ceux-ci ne semblent pas comprendre la façon dont ils doivent faire appliquer les règles sanitaires dans les lieux de culte, a-t-il déclaré par communiqué.
Dans la foulée de ces rassemblements, d'autres voix institutionnelles de la communauté juive se sont élevées pour dénoncer les comportements illégaux d'une faction récalcitrante.
Les actions d’une petite fraction de la communauté hassidique sont totalement inacceptables, a écrit le Centre consultatif des relations juives et israéliennes-Québec sur Twitter.
Le SPVM mérite la gratitude et le soutien de tous les Montréalais. L'agression de policiers est un acte criminel et inexcusable, tout comme le fait de les qualifier de nazis.
La vice-présidente québécoise du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), Mme Eta Yudin, a repris peu ou prou ces termes pour dénoncer les rassemblements et débordements afférents.
Ces écarts de conduite sont inacceptables, écrit-elle. Comme l’immense majorité de leurs concitoyens, la plupart des juifs québécois adhèrent scrupuleusement aux directives sanitaires.
Contactée par Radio-Canada, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a souligné que les règles restaient les mêmes pour tous.
Ce n'est pas le temps de se rassembler, écrit-elle.
La situation est toujours fragile dans nos hôpitaux et agir de la sorte est inacceptable en ce moment.
Se disant désolé de ces rassemblements illégaux, le maire d'Outremont, Philipe Tomlinson, continue de son côté de privilégier une approche pédagogique auprès des groupes réfractaires aux règles sanitaires.
Est-ce qu’on en fait assez? Clairement pas, analyse-t-il. On doit continuer de se parler, de garder les lignes de communication ouvertes.
Le décret qui donne droit à 10 personnes au maximum dans une synagogue, ils étaient au courant, mais ils ont fait fi de ça, dénonce M. Tomlinson. Ils savaient ce qu’ils faisaient; c’est ce qui est le plus déplorable.
Source Radio Canada
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