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jeudi 10 décembre 2020

« Mon vieux » : Elie Semoun filme son père, pour ne pas oublier (Vidéo)


« C’est à moi, merde ! C’est mon appareil ! » Un vieux monsieur se fâche : ce n’est pas parce qu’il est âgé qu’il ne sait pas manipuler sa télécommande ! A côté de lui, son fils sourit, mal à l’aise, parce que lui sait que la scène est enregistrée. Lorsque son père, Paul, a déclaré à 84 ans les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer, l’humoriste Elie Semoun a décidé de filmer les dernières années qu’il leur restait à vivre ensemble.......Détails & Vidéo.......

Ses sœurs l’ont laissé faire, conscientes que leur frère en avait besoin pour surmonter la mort annoncée. 
Trois mois après celle-ci, La Chaîne parlementaire (LCP) diffuse Mon vieux, un documentaire émouvant et étrangement optimiste. Thérapeutique aussi pour Elie Semoun, brutalement confronté à sa propre peur de vieillir, mourir, disparaître. 
« Est-ce que je suis prêt à être oublié par mon père ? Non, pas du tout. »
L’humoriste a soudain besoin de réponses : sur sa mère, morte d’une hépatite B en 1974, alors qu’il avait 11 ans ; sur la mort de son frère Laurent du sida, en 2002 ; sur le départ de la famille du Maroc, dans les années 1960 vers la France « parce que, selon un décret napoléonien, les juifs marocains étaient français », explique l’artiste. 
Les scènes de la vie quotidienne alternent avec des images de lieux, des visages de la famille, parmi lesquelles le téléspectateur se perd un peu.

Désarroi

Pour tenter de repousser l’échéance, Elie emmène son père à Taza, dans le nord-est du Maroc, où ses parents ont vécu. 
« Ça n’a servi à rien », constate-t-il fin novembre, interviewé dans le magazine « Sept à huit ». Pourtant, les images de ce voyage sont particulièrement touchantes. 
Paul reconnaît très bien la médina, le café Guillaume-Tell ; il se souvient des « petits merdeux d’Espagnols » qui le traitaient de « sale juif » quand il jouait au foot plus jeune. Il en rit encore.
Paul a le rire facile et ces moments de complicité entre père et fils sont autant de messages d’espoir. 
En particulier pour les accompagnants de malades d’Alzheimer – 850 000 personnes en France, selon les chiffres du ministère de la santé. Ils se reconnaîtront certainement dans les différentes « phases » que traverse Elie Semoun.
Tout d’abord le désarroi, lorsqu’il décide d’accueillir son père chez lui. « Tu crois que tu perds la boule ? », lui demande-t-il naïvement. 
« Je me demande qu’est-ce que je fais ici ! », répond Paul en riant, encore, avant de se prendre la tête entre les mains. 
Puis il faut pour le père et le fils accepter l’entrée en Ehpad. « Ça me fait mal au cœur de savoir que tu m’as amené là », dit Paul à Elie après sa première visite de l’établissement médicalisé.
Puis vient la colère, lorsque Paul y meurt. Prématurément, estime Elie Semoun. Le 24 septembre, il publie ainsi sur son compte Instagram : « Le confinement a tué mon père. C’est quasi criminel d’empêcher nos anciens d’être entourés de l’amour de leurs proches. » 
Face caméra, l’humoriste regrette d’avoir été privé d’un mois et demi d’amour partagé.
La maladie a-t-elle rapproché Elie de son père, avec lequel il déclare, au début du documentaire, entretenir une relation complexe ? 
Celle-ci se révèle pourtant, à l’écran, d’une complicité rare.

Mon vieux, de Marjory Déjardin et Elie Semoun (Fr., 2020, 54 min), suivi d’un débat animé par Elizabeth Martichoux.



Source Le Monde
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