Ágnes Heller, décédée l’année dernière à l’âge de 90 ans, a non seulement survécu aux atrocités de l’holocauste, mais également à la prise du pouvoir de la Hongrie par les Soviétiques. Sioniste convaincue, elle a refusé de se rendre en Palestine et a plutôt décidé de s’inscrire à l’université de Budapest à la fin des années 1940.
C’est là qu’elle est tombée sous le charme de György Lukács, un homme d’une grande intelligence, bien que controversé. Dans le contexte de ses études, elle a adopté les idées marxistes et, selon ses propres mots, était « hostile au communisme hongrois ».
Après la violente répression de l’insurrection hongroise par les Soviétiques en 1956, la philosophe Heller s’est refermée sur elle-même, à la recherche d’un nouveau Marxisme, plus humaniste.
En réponse à sa participation à l’insurrection, l’université l’a remerciée sous la pression du Parti des communistes de Hongrie.
Il lui a également été interdit de mener quelconques recherches jusqu’au début des années 1960.
Entre-temps, elle avait commencé à travailler plus étroitement avec Lukács et d’autres philosophes (dont son futur époux, Ferenc Fehér). Tous partageaient son intérêt pour un socialisme réformé.
Ces derniers ont finalement fondé « l’école de Budapest », composée de dissidents intellectuels.
Les membres de cette école de pensée ont sans cesse été victimes de persécution politique, à tel point qu’en 1977, Ágnes Heller et son mari ont fui la Hongrie pour l’Australie d’abord puis pour les États-Unis. C’est à cette époque que Mme Heller a arrêté de croire au Marxisme-Léninisme.
Elle est cependant restée très intéressée par les questions de politique, d’histoire et d’éthique. Son sentiment d’indépendance et son engagement militant pour la liberté l’ont conduite à toujours dénoncer les régimes dangereux et intolérants de par le monde.
Elle a également élevé sa voix contre gouvernement hongrois d’aujourd’hui, dirigé par le Fidesz. Elle est décédée en Hongrie en juillet 2019.
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