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jeudi 17 septembre 2020

«Comme en 40», l’expo qui fait revivre le tournant de la Seconde Guerre mondiale


L’exposition qui s’ouvre le 17 septembre au musée de l’Armée, aux Invalides, célèbre le 80e anniversaire de la campagne de France, de l’appel du 18 juin et de la création de la France Libre.......Visite en avant-première........


L'atmosphère d'une année terrible. Celle de 1940, année de la campagne de France, de l'appel de De Gaulle à Londres, de la capitulation française et du gouvernement de Vichy. 
A travers 250 objets, le musée de l'Armée, aux Invalides, met en scène les coulisses et la façon dont les Français ont perçu cette année. L'exposition « Comme en 40 » se découpe en deux salles. Deux ambiances.
La première déroule 1940 de façon chronologique, avec carte animée, uniformes, exemplaires de « Mein Kampf ». 
Dans la seconde salle, la visite évolue du sombre des prisonniers à la lumière de la liberté. Sur un écran défilent une centaine de gros titres du journal Le Petit Parisien, sous une vitrine de tickets de rationnement, de photos d'Allemands festifs à Paris. 
On découvre que le premier mouvement collectif de résistance a été monté au musée de l'Homme, créé en 1938 face à la montée du nazisme. Son directeur et fondateur, Paul Rivet, placarde sur la porte du musée le 14 juin 1940, le poème « If » (« Tu seras un homme mon fils ») de Kipling. De tous les objets vus au fil de la visite, en voici quatre, exceptionnels ou témoins symboliques de cette terrible année.
Le général de Gaulle avait demandé dans son testament que toutes ses affaires soient détruites après sa disparition « pour ne pas alimenter un culte de sa personnalité », souligne Carine Lachèvre, l'une des commissaires de l'exposition. 
De Gaulle a légué seulement une vingtaine d'objets lui appartenant : au musée de l'Armée pour sa carrière militaire, au musée de la Libération concernant sa présidence dont son veston en cuir, modèle 1935, porté par les troupes françaises motorisées. De Gaulle en fait don en 1969.
Au lendemain de l'offensive allemande, le colonel Charles de Gaulle reçoit le commandement d'une des nouvelles divisions blindées françaises mais celle-ci, la 4e DCR, n'existe encore que sur le papier. 
C'est avec des unités rassemblées de partout et n'ayant jamais manœuvré ensemble qu'il lance une contre-offensive, le 17 mai 1940, à Montcornet (Aisne). Il est nommé général une semaine plus tard. Cet engagement, avec celui mené à Abbeville du 28 au 30 mai, sont des succès tactiques. Mais ils n'influent pas le cours de la bataille.
Au bout du « couloir de l'exode », une vidéo montre la signature de l'armistice de Rethondes, dans l'Oise, le 22 juin 1940. En dessous, des disques empilés, exposés pour la première fois. 
L'enregistrement intégral des négociations de l'armistice, réalisé par les services allemands à l'insu des représentants français. Un exemplaire, composé de 45 disques 78 tours et vingt heures d'enregistrement, est remis au maréchal Pétain.
Transportée en 1944-1945 de Vichy en Allemagne, puis en Suisse, cette malle sera retrouvée par hasard en 2015, à la faveur d'une vente aux enchères à Munich. 
Le lot a été acheté par Bruno Ledoux, homme d'affaires, producteur de cinéma et collectionneur français, connu comme ayant été l'acteur principal du sauvetage du journal Libération.
« Si les textes de ces négociations étaient connus, la voix des protagonistes permet d'apporter un témoignage saisissant de cet événement dramatique », souligne Carine Lachèvre.
La loi « portant statut des juifs » est promulguée le 3 octobre 1940. S'inscrivant dans un arsenal juridique émanant de la propre initiative du gouvernement de Vichy, elle prétend définir juridiquement l'appartenance à une prétendue « race juive » et liste les professions interdites à ces personnes. Les annotations sur cette première page (comme sur les suivantes) montrent que le maréchal Pétain a lui-même étendu ces interdictions à un nombre plus important que prévu initialement. Il a ajouté par exemple le métier d'enseignant et d'inspecteur des colonies.
Le micro de la BBC est souvent associé à l'appel du 18 juin de Charles de Gaulle. Tout le monde semble connaître cet appel, et pourtant peu de personnes l'ont entendu. 
De Gaulle, invité à s'exprimer à la BBC, est peu connu et donc pas enregistré le 18 juin quand il s'adresse aux généraux. Le discours que nous prenons souvent pour celui du 18 a en fait été prononcé le 22 juin, destiné à l'ensemble des Français. 
C'est le deuxième des soixante-sept discours que le Général prononcera à la BBC pendant la guerre. Le discours enregistré le 18 juin par la BBC sera celui de Churchill devant la Chambre des communes.

«Comme en 40», musée de l'Armée, aux Invalides, 129, rue de Grenelle (Paris, VIIe). Du 17 septembre au 3 janvier. Tous les jours de 10h à 18h, mardi 21h. Tarifs : 11 à 14 euros, gratuit pour les moins de 18 ans. Tél : 01.47.05.35.15.


Paroles de rebelles au musée de la Libération

Les Invalides consacrent une deuxième exposition à l’année 1940, dans son musée de l’Ordre de la Libération. Deux fois plus petite, « Paroles de rebelles » s’interroge sur l’engagement. 
Celui des pionniers de la Résistance qui ont rejeté la fatalité de l’armistice dès 1940. 
A quel moment, dans quelles conditions, avec quelles motivations, ces hommes et ces femmes ont choisi, dans une France « éblouie par son malheur » selon les mots de Joseph Kessel, de prendre tous les risques ?
A travers des témoignages filmés, écrits, enregistrés, accompagnés de lettres, journaux de guerre ou effets personnels, l’exposition démontre comment et au nom de quelles valeurs ces 790 premiers résistants ont combattu pour une France libre. 
On découvre la résistance depuis la métropole, depuis l’empire colonial et depuis Londres.
L’engagement de Jacques Hébert (1920-2018), qui abandonne ses études médecine pour rejoindre l’Angleterre depuis Saint-Jean-de-Luz, en compagnie de son jeune frère. 
Malgré quatre blessures, il est de tous les combats de la 2e division blindée, jusqu’à la victoire de mai 1945. L’autorisation signée de son père, pour que son jeune frère mineur puisse se rendre aussi en Angleterre, fait partie des objets exposés.
Comme la cape de marine du polytechnicien et officier Honoré d’Estienne d’Orves (1901-1941), qui sert à Alexandrie au moment de l’armistice. Envoyé comme chef de réseau de renseignement en France, il sera fusillé au Mont Valérien le 29 août 1941.

Source Le Parisien
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