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jeudi 20 août 2020

1899: l’opération secrète qui achemina Dreyfus à Rennes


À l’aube du procès Dreyfus à Rennes, la police monte une opération visant à transporter discrètement l’homme qui divise la France entière. 30 juin 1899. Tout Rennes en parle : le capitaine Dreyfus arrive ce jour pour comparaître à son procès. Dreyfus, c’est plus qu’une célébrité, c’est une bombe à retardement. Ce militaire juif est accusé de trahison au profit de l’Allemagne. Dans la France de la IIIe République, évoquer « l’affaire », c’est comme parler des Gilets jaunes au réveillon familial de 2018 : pugilat en perspective......Détails......


Au café de la Source, les journalistes parisiens stressent. Il faut déterminer le moment précis où l’accusé posera le pied en ville. On sait qu’il vient de la côte. La suite est un mystère. 
Comme il est impossible d’envoyer une photo de l’événement à la rédaction, l’événement ne sera immortalisé que par leur description visuelle. Des carrières sont en jeu.

Infiltré en barque

Alors, dans la nuit, Gaston Leroux, journaliste au Matin (et futur auteur de Rouletabille) s’infiltre en barque aux abords de la prison militaire (aujourd’hui France 3), destination de Dreyfus. Charles Chincholle, du Figaro, fait une ronde en voiture à cheval. 
Ses confrères le détestent : à chaque bruit de sabots, ils pensent que c’est Dreyfus qui arrive. Il pleut. Des éclairs déchirent les ténèbres, ce sont des quidams qui lancent des capsules de magnésium pour éclairer la place de la gare. Mais dans la lumière, pas de Dreyfus.
Et pour cause : la Sûreté craint un attentat antisémite. Elle laisse donc courir les rumeurs d’une arrivée en gare de Rennes. Mais le Préfet, qui suit le transfert de l’accusé par télégrammes codés, a prévu de stopper son train en pleine campagne, à un passage à niveau de Saint-Jacques-de-la-Lande.

Une seconde pour un scoop

Ce plan a un accroc. Il s’appelle Jean Bertrand. En laissant traîner ses oreilles, ce journaliste à La Petite république comprend qu’un convoi spécial fera un arrêt cette nuit en banlieue. 
Suivant son instinct, il alpague un cocher, direction la gare de Bruz. Bingo : sur place, un étrange petit train arrive à faible allure.
Aidé par l’obscurité et le temps épouvantable, Jean Bertrand saute sur le marchepied glissant. 
Et retient son souffle. Là, à travers la vite, c’est Dreyfus ! Le journaliste toque et salue de la main. L’autre répond, surpris. Cheveux gris, barbe rousse, menton sec… Les yeux de Bertrand enregistrent tout en une fraction de seconde avant d’être évacué par les gendarmes. 
Qu’importe : le scoop est dans la poche.
Quelques kilomètres plus loin, Dreyfus est débarqué dans une voiture à cheval, direction la prison. 
Pas une altercation ni un coup de feu. Mission accomplie.

Source Le Telegramme
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