Crimes contre l’humanité
Le "boucher de Lyon" comme on le surnommait en raison des nombreuses atrocités qu’il a commises pendant son séjour dans la préfecture du Rhône de février 1943 à septembre 1944, était jugé pour la rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon, en février 1943, et pour le dernier convoi parti de la gare de Lyon-Perrache dans lequel se trouvaient 650 détenus de la prison de Montluc, juifs et résistants, envoyés vers les camps de la mort.
Il était également jugé pour la rafle de la maison d’Izieu en avril 1944, durant laquelle 44 enfants juifs et 7 adultes ont été déportés.
Ce verdict a mis un terme à un procès exceptionnel de huit semaines auquel avaient participé 149 victimes parties civiles. Autre fait exceptionnel, le procès a été filmé.
Klaus Barbie est devenu la première personne en France à être reconnue coupable de crimes contre l’humanité.
Ce verdict historique est l’aboutissement d’un combat de seize ans pour Beate et Serge Klarsfel, le couple franco-allemand qui n’a cessé de traquer les criminels nazis et leurs complices en France et dans le monde.
Une longue traque
Barbie avait échappé pendant quatre décennies à toute poursuite judiciaire. L’ancien SS et membre de la Gestapo qui avait sévi à Amsterdam, Dijon puis Lyon, était parvenu à fuir en Amérique latine après la guerre.
D’abord installé au Pérou, puis en Bolivie, il travaille pendant plusieurs décennies pour les services secrets du pays (ses méthodes d’interrogatoire sont utilisées par la dictature contre les opposants).
En 1971, le parquet de Munich rend un non-lieu en faveur de l’ancien dignitaire nazi, pourtant repéré par les services secrets américains, allemands et français. Les protections dont il bénéficie au plus haut niveau de l’État bolivien empêchent son extradition vers la France.
Beate et Serge Klarsfeld qui l’avaient retrouvé, envisagent un moment de l’enlever comme les services secrets israéliens l’avaient fait avec Adolf Eichmann en mai 1960.
Ils vont plutôt attirer l’attention du monde entier sur l’impunité dont jouit le "boucher de Lyon" dans le pays.
Interviewé par le journaliste Ladislas de Hoyos, le 3 février 1972. Barbie qui se présente alors sous l’identité d’emprunt Klaus Altmann se trahit lui-même pendant l’entretien en répondant à une question, posée par le reporter en français.
Alors qu’il prétend ne pas parler la langue de Molière, il répond pourtant sans hésiter au journaliste lorsque ce dernier lui demande s’il a vécu à Lyon.
C’est la chute du dictateur Hugo Banzer et des généraux boliviens qui va mettre un terme à trente ans de protection.
Le nouveau régime démocratique de La Paz l’arrête et accepte de l’expulser en février 1983 vers la France.
Il croit alors rentrer en Allemagne. Il atterrira en fait à Lyon, dans la capitale des Gaules, là où tout a commencé…
En détention, Klaus Altmann reconnaît vite être Barbie, avoir participé à l’arrestation de résistants, notamment celle de Jean Moulin. Mais il nie être responsable de la déportation de juifs.
Ses dénégations seront balayées par des dizaines de témoignages et de documents prouvant son implication active dans la Shoah.
Source Sud Ouest
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