Il avait changé son véritable nom, Lévy, en Lavie après la Seconde Guerre mondiale, pendant laquelle il s’était engagé dans la Résistance en adhérant au SOE (Special Operations Executive), une branche des services secrets britanniques.
Il avait ensuite rejoint la 2e division blindée du général Leclerc comme conducteur de char. Des photos de ce futur patient de Lacan le montrent aux commandes d’un char.
D’autres clichés le saisissent dans les airs, sylphide, avec Paris en toile de fond et dans les mains la barre d’un trapèze, l’une de ses passions. Il en avait installé un sur le toit de l’immeuble qu’il habitait, près de l’Opéra.
Etudiant en médecine, il a suivi les séminaires de Lacan à Sainte-Anne, s’est allongé sur son divan pendant douze ans, puis l’a quitté en fondant, avec d’autres, en 1964, l’Association psychanalytique de France (APF).
Le grand sujet de Jean-Claude Lavie, c’était l’amour, ses faux-semblants nécessaires, et ses risques.
Rien d’optimiste. En ceci il était proche de Lacan. Chez Lavie, cela donne : «L’amour s’extorque tout autant qu’il se mérite, se mendie ou s’attend. Ce qu’en son nom chacun inflige aux autres ou à soi-même lui semble depuis toujours pleinement légitime.
L’amour est un crime parfait !» (L’amour est un crime parfait, Gallimard, 1997). Le bref Pour et contre l’amour (Gallimard, 2018) avait la forme d’un dialogue entre le Pour et le Contre : «Le principal, c’est d’attendre. Si on n’attend rien, il n’arrive rien», dit le Pour.
«Et les ennuis, ça s’attend ?» répond le Contre. Le 19 août paraît aux PUF le nouvel essai de Jean-Claude Lavie. Il porte sur l’impossibilité pour un patient et son analyste de se comprendre.
Entre eux, c’est Babel. Le livre s’appellera le Sexe dans la bouche. C’est Jean-Claude Lavie qui avait choisi ce titre.
Virginie Bloch-Lainé
Source Liberation
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