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dimanche 7 juin 2020

Un éditorialiste nommé Albert Einstein...


Dans les années 30, le physicien Albert Einstein est un génie reconnu, le "père de la relativité", nobélisé en 1922 pour ses contributions à la physique théorique. Mais ce n’est pas un article scientifique qu’il propose à la Une de La Dépêche du 22 janvier 1932.......Détails........


Depuis plusieurs années, Albert Einstein multipliait les interventions contre le militarisme, pour la libération des prisonniers politiques et pour la démocratie.
Le journal de Toulouse, radical et pacifiste dans cet entre-deux-guerres d’une Europe meurtrie et morcelée, ouvre ses colonnes aux antifascistes allemands, juifs notamment. 
À l’écrit comme au tableau noir, Einstein a le sens de la formule : "L’Etat existe pour les hommes, et non les hommes pour l’Etat".

La SDN, un lieu de réunion

Son long article est consacré à la Conférence mondiale du désarmement, qui va se tenir cette année-là à Genève, sous l’égide de la Société des Nations. 
Le pacifisme du savant ne fait aucun doute : "C’est donc l’Etat qui doit être notre serviteur et non pas nous qui devons être les esclaves de l’Etat, écrit-il. 
L’État viole ce précepte lorsqu’il nous contraint, par la violence, à le servir à la caserne et à la guerre… 
Nous n’avons pour devoir de faire à l’Etat que des sacrifices qui profitent au libre développement d’individus humains."
Quant au sacrifice du service militaire, il a pour effet de nourrir le nationalisme et de faire des jeunes hommes des va-t’en guerre (lire l’extrait ci-contre).
Sur la conférence du désarmement, l’avertissement d’Albert Einstein est sévère: "Si nous ne nous entendons pas pour limiter la souveraineté de chaque Etat par l’engagement de tous à coopérer à une action commune contre celui qui, ouvertement ou sournoisement, résisterait à une sentence de la cour arbitrale, nous ne pourrons sortir de l’état d’anarchie et de menace générale".
L’organisatrice de la conférence, la Société des Nations, est prévenue. 
Mais elle n’est, malgré sa bonne volonté, "guère autre chose qu’un lieu de réunion". 
Une réunion décalée dans le temps, puisqu’elle ne s’ouvrit pas, comme prévu, le 23 janvier. 
L’Histoire donnera raison au savant, quelques années plus tard, lors du déclenchement du deuxième conflit mondial.

Einstein et la bombe

Le 23 janvier 1932, lendemain de l’article d’Albert Einstein, La Dépêche publiera en même place un article de Georg Bernhard, autre natif de l’Empire allemand visionnaire qui titre : "Le visage de Hitler"…
L’année suivante, fuyant le nazisme, Einstein part s’installer aux Etats-Unis. Lui qui avait trouvé l’équation restée célèbre E = mc2, ouvrant la voie aux travaux sur l’énergie nucléaire, va avoir un rôle épistolaire dans l’origine de la bombe atomique.
En août 1939, il écrivit au président Roosevelt pour le prévenir que "des bombes d’un genre nouveau et d’une extrême puissance pourraient être construites"…sous-entendu par les Allemands. 
En réponse, Roosevelt forme un comité sur l’uranium, et donnera en 1942 son accord pour la production d’une bombe atomique, projet dont le savant est écarté par le FBI.
En 1946, après les bombes sur Hiroshima et Nagasaki, Einstein cofondera le Comité d’urgence des scientifiques atomistes pour le désarmement… nucléaire.

Source La Depeche
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