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lundi 29 juin 2020

« Le dernier juif de France », un roman jubilatoire sur le tournant d’une certaine presse de gauche


Pour son quatrième roman (lire notre chronique du dernier), Hughes Serraf file la veine de l’auto-fiction. Il se met en scène en juif assimilé, journaliste culture, faisant face au tournant populiste et antisémite (sous couvert d’anti-sionisme) d’un « magazine de gauche » traditionnel. Un texte hilarant qui mord exactement là où cela gratte déjà démesurément ........Détails & Vidéo........


Journaliste culture au magazine de gauche Vision, le héros vit dans le 11e, sort avec la responsable de la pub, d’origine algérienne et aussi peu religieuse que lui. 
Il doit faire face en même temps au meurtre d’un rabbin à Sarcelles, à l’angoisse montante de son frère, juif plus religieux vivant à Trappes et à la nomination d’un nouveau directeur pour Vision. 
Venu du titre impertinent Metastase et recruté pour rendre l’hebdo syndiqué et de gauche très traditionnel prenant doucement l’eau en machine à buzz, ce dernier mélanchonise, écologise et inter-sectionnalise Visions pour le pousser plus « à gauche »… 
Notre héros n’a rien contre la nouvelle maquette et lui qui préfère servir la soupe à Bradley Cooper que se mêler de politique et qui a tenu plus de 10 ans sans aucune promotion doit soudainement s’impliquer. 
Face à une interview ouvertement antisémite d’un Comique dans le journal et l’effacement de sa contre-tribune et face à une nouvelle rédac-chef aussi bête que dangereuse, il doit mettre de côté ses courses à vélo chez Monop’ et ses projets d’écriture de romans à l’eau de rose sur des infirmières romantiques pour prendre position …
Dans la veine post-Solal du Dernier juif d’Europe de Sfar, d’un Juif en cavale de Laurent Sagalovitsch ou des Révolutions de Jacques Koskas d’Olivier Guez,  Hughes Serraf se met en scène un héros qui serait devenu un spécimen rare : juif, assimilé, intello et très très éloigné des communautarismes de notre temps… 
Plusieurs années après la polémique qui a eu lieu autour de son blog sur Rue 89, l’auteur désormais assumé continue à jouer avec le genre de l’auto-fiction de manière référencée, hilarante et irrésistible. 
Sauf qu’ici, les synagogues brûlent et par-delà la nonchalance assumée du héros, les dérives populistes, marketeuses et anti-universalistes de la presse de gauche sont presque trop réalistes pour ne pas nous faire rire un peu jaune. 
Un roman jouissif, ironique, complexe ET qui vise justement là où le bat blesse: un livre, donc, à lire absolument.

Hughes Serraf, Le dernier juif de France, Intervalles, 288 pages Sortie : 3 juillet 2020, 18,50 euros.

    

Source Toute la Culture
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