Les nouvelles sanctions américaines prévues par la loi César, qui doivent entrer en vigueur mercredi, ont pour objectif d'"affamer" la Syrie en guerre et le Liban voisin, a accusé mardi 16 juin Hassan Nasrallah, le chef du mouvement libanais du Hezbollah, dans une allocution télévisée.
La loi César, qui élargit l'étendue des sanctions, prévoit un gel de l'aide à la reconstruction et des mesures contre des entités étrangères collaborant avec le gouvernement, et, fait inédit, les entités russes ou iraniennes présentes en Syrie.
"La Syrie a remporté la guerre (...) sur le plan militaire, sécuritaire et politique", a estimé le chef du mouvement chiite. La loi César, baptisée d’après le pseudonyme du lanceur d’alerte, "c'est la dernière arme pour assiéger la Syrie et faire pression" sur le pays.
"On affame le peuple syrien, on porte atteinte à la livre" syrienne, a-t-il poursuivi.
"Interdiction à quiconque d'avoir affaire (à la Syrie), interdiction d'acheter et de vendre, d'avoir affaire à la Banque centrale, aux banques syriennes et aux institutions étatiques", a-t-il énuméré.
Pression sur la Banque du Liban
La loi promulguée en décembre par le président Donald Trump prévoit des "mesures spéciales" contre la Banque centrale syrienne s'il était avéré qu'elle se livre à des opérations de blanchiment d'argent.
Hassan Nasrallah a assuré que "les alliés de la Syrie, qui se sont tenus à ses côtés durant la guerre (...) n'abandonneront pas la Syrie face à la guerre économique et n'autoriseront pas sa chute".
S'adressant aux autorités libanaises, le chef du Hezbollah a appelé "à ne pas nous soumettre à la loi César", alors que certaines exportations libanaises transitent par la Syrie.
Le Liban est lui aussi englué depuis plusieurs mois dans un naufrage économique, marqué par un effondrement de la monnaie nationale et une pénurie de dollars.
"Les Américains font pression sur la Banque du Liban pour l'empêcher d'injecter des dollars en quantité suffisante sur le marché", a-t-il renchéri, précisant que c'était "au prétexte" que le Hezbollah utilisait ces billets verts pour les envoyer en Syrie.
Poids lourd de la vie politique libanaise, le mouvement chiite est la seule faction à ne pas avoir abandonné son arsenal militaire au sortir de la guerre civile (1975-1990), alors que l'organisation est toujours hostile au voisin israélien. Hassan Nasrallah a accusé Washington de faire pression sur le Liban pour pousser le Hezbollah à abandonner ses armes, sans quoi le pays serait affamé. "Celui qui veut nous donner le choix entre mourir par les armes ou par la faim, je lui dis nos armes resteront entre nos mains, et nous n'aurons pas faim."
Hassan Nasrallah s'exprimait alors que les États-Unis ont appelé mardi le président syrien, Bachar al-Assad, à choisir entre une résolution politique du conflit en Syrie et de nouvelles sanctions économiques.
Source France 24
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