« J’ai échappé à la rafle du Vel d’Hiv grâce à un camarade de classe »
Les FTP-MOI, Francs-tireurs partisans – Main d’oeuvre immigrée, sont connus dans l’histoire de la résistance et de la Seconde Guerre mondiale pour « l’affiche rouge », placardée par l’occupant début 1944.
Sur les 23 visages de l’affiche, Hanna Kamieniecki en connaissait deux, racontait-elle en 2014 à franceinfo et à la mairie de Paris pour les 70 ans de la Libération de Paris.
La jeune femme, âgée de seulement 15 ans à l’entrée de l’armée allemande dans Paris, n’avait « rien à faire d’autre » que de se joindre à la résistance : « Si je n’avais pas été juive et étrangère de surcroît, j’aurais passé mon oral du bac et je serais retournée en cours comme si de rien n’était. » Si elle a pu plancher sur l’écrit du bac de français, elle n’a pu passer l’oral, en 1942 :
J’ai échappé à la rafle du Vel d’Hiv, le 16 juillet 1942, grâce à un camarade de classe dont le père policier lui avait demandé de prévenir ses copains juifs de ne pas rentrer chez eux.
Le lendemain, la porte était sous scellés et la gardienne m’a menacée d’appeler la police. Il y avait de la haine dans son regard.
À partir de 1942, elle est obligée de quitter l’appartement du 20ème arrondissement qu’elle occupait avec sa mère.
Agent de liaison de la résistance jusqu’à la Libération
Commence alors son rôle « d’agent de liaison » pour les FTP-MOI, groupe communiste majoritairement composé d’étrangers. « Je voulais me rendre utile », témoigne Hanna Kamieniecki en 2014. Surtout, la jeune femme « ne voulait pas tuer ».
Parce qu’elle n’avait pas « le type juif » d’après les critères nazis, Hanna devenue Sylvie Laisne avec de faux-papiers peut aller et venir sans trop craindre les contrôles.
« J’étais plus prudente que les autres », se souvient-elle. Ainsi, elle récolte de l’argent parmi la communauté juive encore munie de laisser-passer, transmet des lettres, achemine et récupère des armes pour les attentats.
Après le débarquement du 6 juin 1944, les différents groupes parisiens se préparent à l’insurrection. Elle arrive le 19 août 1944 et Hanna Kaminiecki est prête.
Elle a « foncé pour rejoindre » ses camarades des FTP-MOI qui occupaient un dispensaire dans le 20ème arrondissement. Elle participe à ériger une barricade « qui n’a pas servi mais qui aurait pu ».
Une « femme remarquable » active dans le travail de mémoire
Une fois Paris libérée, Hanna n’a pas quitté la capitale. Elle n’a pas oublié non plus ce qu’ont vécu les enfants juifs déportés de Paris vers les camps de concentration et d’extermination nazis. C’est ce qu’a honoré Patrick Bloche, adjoint à la mairie de Paris :
Cette femme remarquable a pris une part décisive dans l’apposition des plaques en mémoire des enfants juifs déportés dans les établissements scolaires du 11ème arrondissement.
Spécialiste de la psychosomatique -troubles physiques causés par des facteurs psychiques-, elle a publié des livres à ce sujet. Elle a aussi participé à la rédaction d’un chapitre du livre Organisation juive de combat au sujet du Comité Amelot, du nom de la rue du 11ème arrondissement ayant donné son nom à ce groupe de la résistance.
Source Actu
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