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jeudi 27 février 2020

Et si tous les enfants européens suivaient la tradition juive et plantaient un arbre chaque année ?


Une opinion d'Albert Guigui, Grand Rabbin de Bruxelles, porte-parole de la Conférence des Rabbins européens auprès des institutions européennes. Pourquoi ne pas proposer à tous les enfants des 27 pays européens de suivre la tradition juive de la fête de l’arbre et de planter chacun un arbre lors de cette journée ?.......Détails........


Durant des siècles, un équilibre harmonieux existait entre l’homme et son environnement. 
Depuis le début du siècle dernier, l’homme moderne, surtout dans les pays riches, a dilapidé les richesses naturelles. 
Pour satisfaire ses besoins sans cesse croissants, il a violé les lois de la nature, ce qui a créé inéluctablement un accroissement des émissions de gaz à effet de serre responsables d’un changement climatique risquant de plus en plus de dévaster la planète.
Parlant du respect et de la protection de l’environnement la Bible écrit : "Si tu es arrêté longtemps au siège d’une ville que tu attaques pour t’en rendre maître, tu ne dois cependant pas en détruire les arbres en portant sur eux la cognée : ce sont eux qui te nourrissent, tu ne dois pas les abattre. 
Car l’homme est un arbre du champ, tu l’épargneras dans les travaux du siège."(1)

L’homme et la nature

Dans ce précepte biblique, nous trouvons l’idée qui est aujourd’hui au premier plan des préoccupations de l’homme : la conservation de l’environnement, la prévention de la destruction des plantes et du cheptel, les limitations de la pollution de l’air, de l’eau douce et de l’eau de mer pour protéger le système écologique qui rend la vie possible.
Une lecture attentive du récit de la création révèle un sentiment de profond respect de la nature. 
Adam, le premier homme, est placé dans le jardin d’Eden "pour le cultiver et le soigner". 
La surveillance et l’entretien de l’environnement sont les deux premiers commandements que Dieu a donnés à Adam, l’homme universel.
Parlant du respect de la création, le Talmud raconte : "Quand le Tout-Puissant créa l’homme, il lui fit faire le tour du jardin. 
Regarde mes œuvres, dit-Il, comme elles sont belles et réussies. Tout ce que j’ai créé, c’est pour toi que je l’ai créé. Prends donc garde à ne point dégrader ni détruire mon univers ; Si tu le faisais, personne ne pourrait y remédier." À quoi assistons-nous aujourd’hui ?
L’homme pollue de façon honteuse. Il détruit les forêts sans vergogne. Il pompe les richesses naturelles sans discernement. 
Quelle est la conséquence ? Les tsunamis, les catastrophes naturelles. Ce n’est pas Dieu qui punit l’homme. C’est l’homme qui se punit lui-même.

La fête de l’arbre

Dans la tradition juive, nous célébrons une petite fête appelée la fête de l’arbre. Durant cette fête, la seule obligation que nous avons est celle de planter un arbre. 
Aussi, en ce jour, en Israël, les enfants des écoles primaires et secondaires, se rendent avec leurs enseignants dans les forêts et plantent chacun un arbre. En un jour, on plante des centaines de milliers d’arbres. 
Je propose de créer la journée européenne de l’arbre. Durant cette journée, les enfants des 27 pays de l’Europe devront se rendre dans les forêts de leurs pays respectifs et y planter chacun son arbre. 
Combien de forêts nous reboiserons en un jour. Chose tellement facile à réaliser et tellement importante pour notre environnement. 
Mais ce qui importe le plus, c’est l’aspect pédagogique de cette journée, journée qui sera l’occasion pour les enseignants de sensibiliser la génération montante aux problèmes de l’environnement. 
Nous donnerions ainsi à nos enfants la possibilité d’enfoncer leurs racines dans le terreau européen, et surtout de se familiariser avec cette nature sauvage et belle.
Autre proposition que j’aimerais avancer : dans la tradition juive, toutes les cérémonies religieuses et familiales se conjuguent avec les arbres. 
On plante des arbres à l’occasion d’une naissance ; on plante des arbres à l’occasion d’un mariage ; on plante des arbres à l’occasion d’un anniversaire ; on plante des arbres à l’occasion d’un décès. 
Ainsi on contribue non seulement au bien-être de l’humanité mais surtout à immortaliser le souvenir d’un événement ou le souvenir d’un être cher. 
Alors pourquoi n’adoptons-nous pas le slogan suivant : "En Europe, disons-le avec des arbres", et lançons une action de plantation d’arbres tous azimuts.

L’urbanisme

Le chapitre 25 du Lévitique et le chapitre 35 du Livre des Nombres constituent un corpus important des lois de la Torah sur l’environnement. Ils s’intéressent essentiellement à l’urbanisme.
Une des idées de base de l’urbanisme dans le texte biblique est l’idée de visibilité verte.
C’est-à-dire que la ville soit encerclée par un anneau de végétation verte et rafraîchissante.
Trois objectifs majeurs étaient devant les yeux du législateur biblique : empêcher l’expansion incontrôlée de la zone urbaine ; créer une séparation claire entre les zones industrielles et résidentielles et renforcer le contact entre les résidents de la ville et le monde naturel en permettant au parc de la ville d’être accessible à tous.
Il est facile de remarquer que cette ceinture verte qui entoure la ville a un double objectif : empêcher la "croissance urbaine" incontrôlée que l’on appelle aujourd’hui "l’explosion urbaine", et assurer également une relation harmonieuse entre le résident de la ville emprisonné dans des tours en béton, en verre et en acier, et la nature. Créer et renforcer ce lien, nécessaire à l’équilibre mental d’une personne.
Enfin, les rabbins du Talmud ne plaident pas seulement pour l’environnement physique de l’homme, ils sont également des pionniers dans le domaine de l’écologie spirituelle.
Selon le concept juif, toute personne a le droit de vivre dans un environnement harmonieux dans lequel elle ne sera pas soumise au "flot incessant" de la médiatisation. 
Nous savons tous très bien à quel point les médias, la publicité, la littérature, le cinéma et la télévision inondent notre environnement de scènes de violence, de criminalité et de destruction de toutes sortes. 
Tout ce qui érode le seuil de sensibilité morale, qui nuit à l’environnement moral et affaiblit la résistance interne au mal, est une forme de pollution culturelle non moins dangereuse que le gaz toxique. 
Et cela aussi doit être pris en compte.
En conclusion, permettez-moi de faire deux citations extraites du Talmud qui montrent la place prépondérante qu’occupe l’environnement :
"Si tu es en train de planter un arbre et que l’on te dise : le Messie est venu. Continue à planter ton arbre, après quoi tu iras accueillir le Messie."
"Lorsqu’on coupe un arbre fruitier, sa voix s’élève d’une extrémité à l’autre de la terre." 
Oui ! Porter atteinte à un arbre, c’est porter préjudice à l’humanité tout entière. C’est mettre en danger l’homme et son environnement.

Source La Libre
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