Au mois de juin, quand parut le supplément spécial « Les 100 romans du Monde », les lecteurs ont été nombreux à nous signaler l’absence de tel ou tel ouvrage pourtant célèbre.
Parmi tant de livres oubliés, ils auraient légitimement pu citer La Septième Croix, de l’Allemande Anna Seghers, chef-d’œuvre vénéré de génération en génération.
Car voici un best-seller planétaire que Le Monde non seulement n’a pas retenu dans sa liste des « 100 », mais auquel il n’a même pas consacré la moindre ligne !
Vous aurez beau fouiller les archives de votre quotidien, vous ne trouverez aucun article sur ce grand classique de la littérature antifasciste.
Un silence qui étonne pour au moins trois raisons. D’abord, ce livre au rayonnement universel a été publié en français, chez Gallimard, dès 1947, trois ans après la naissance du Monde.
Ensuite, il a été rédigé en France, plus précisément à Meudon, près de Paris : à la fois communiste et juive, l’auteure, née en 1900, s’y était installée dès 1933, fuyant une Allemagne où les partisans d’Hitler jetaient ses livres au feu.
Enfin, ce roman, le premier à évoquer les camps de concentration nazis, a d’emblée connu un succès international : publié en 1942 aux Etats-Unis et au Mexique, pays que Seghers avait fini par atteindre, dans une grande précarité, après l’occupation de la France, La Septième Croix est bientôt imprimé à 600 000 exemplaires.
En 1945, il est même porté à l’écran dans un film à la distribution prestigieuse, où s’illustre notamment l’acteur Spencer Tracy.
« La Septième Croix » (Das siebte Kreuz), d’Anna Seghers, traduit de l’allemand par Françoise Toraille, Métailié, 440 p., 22 €.
Source Le Monde
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