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mardi 31 décembre 2019

« Comme une évidence » au Mémorial des Déportations


Au Mémorial des déportations, sur deux murs qui se font face, les grands formats d’une vidéo retracent plusieurs épisodes d’un livre composé par la plasticienne Judith Bartolani. Les réalisateurs de cette projection, Dominik Barbier et Anne Van den Steen, entrecroisent «une peinture et la fin d’un rêve éveillé», une musique, des brûlures et des dédoublements, le souvenir des camps d’extermination polonais........Détails........

Dès les premières images de cette vidéo titrée Pour te rejoindre, on comprend assez vite. Dans le même temps, on pressent qu’on sera constamment sur les bords de quelque chose d’incompréhensible.
Les paroles et les fantômes d’une jeune femme, qu’une autre personne interpelle, bousculent les rougeoiements et les verdures de grandes étendues de forêts. 
Cette jeune femme appartient à la communauté juive. Elle s’appelle Sarah. Des ronces, des feuilles, des arbres qui s’enflamment redisent l’enfouissement et les résurgences d’un passé qui n’a jamais totalement disparu. 
Le contexte du deuxième étage du bunker infirmerie, construit par les Allemands au pied du fort Saint-Jean, reste agissant. Toutes sortes d’indices font qu’on a quitté, sans jamais l’abandonner totalement, l’évocation de la destruction, en 1943, d’un quartier du Vieux-Port.
C’est à présent invincible, Primo Levi, Claude Lanzmann, Raul Hilberg, Charlotte Salomon, Paul Celan ou Imre Kertész hantent nos consciences. « Que veux-tu de moi, Sarah ? », cette adresse et cette inscription qui ouvrent le film, l’apparition de ce prénom répercutent les enfances, les terreurs et les deuils de plusieurs millions de personnes.
Cette traversée de grande intensité est déraisonnable ; elle n’est pas exactement racontable. On entrevoit des trouées, des frayeurs, des rémissions et des impossibilités. 
L’ombre portée de la Shoah met en crise ce qu’il est convenu d’appeler la réalité et la vérité. Quand on l’interroge à propos des instantanés de son montage, Judith Bartolani affirme qu’« on ne lutte pas contre les images ». Elle n’a pas souci des hiérarchies établies et de l’esthétique. 
Un ticket de métro, des sculptures, de brèves enluminures ou les griffonnages des pages d’un agenda sont les supports de sa création. Des affrontements, des tourbillons, des états de transe et des tragédies habitent les feuillets de son livre.
Judith est née en Algérie. Ses parents ont vécu en Israël avant d’habiter Marseille ; son grand-oncle est revenu d’Auschwitz. 
L’une de ses premières expositions s’est déroulée en 1985 à l’Arca de Roger Pailhas. Judith Bartolani a été enseignante à l’École d’art de Luminy pendant huit ans. 
Voilà plus de quinze ans, un long programme de lectures et un voyage en Pologne l’ont ramenée en Yiddishland.
Pour te rejoindre est la continuation d’un travail audiovisuel présenté en 2006 au musée d’Art et d’Histoire du judaïsme de Paris. Dominik Barbier et Anne Van den Steen ont scénographié avec beaucoup de respect et d’affection une exposition de Judith Bartolani à Palerme, en 2012. 
On félicitera Fabrice Denis, le directeur du musée d’Histoire de Marseille, d’avoir eu l’audace de choisir ce travail pour inaugurer les nouvelles fonctions du second étage du Mémorial.

Mémorial des Déportations, 1, Quai du Port (1er) ouvert du mardi au vendredi de 11h à 18h, les samedis et dimanches de 9h30 à 18h

Source La Marseillaise
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