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lundi 23 septembre 2019

Avec “The Spy”, Netflix donne une image idyllique du Mossad...


La plateforme de streaming a coproduit une minisérie (diffusée en France sur OCS) qui raconte l’histoire d’Eli Cohen, un espion israélien infiltré en Syrie dans les années 1960. Un biopic manichéen à la gloire de l’agence de renseignements, juge ce journaliste libanais.......Détails........



Raafat Al-Haggan [un espion égyptien qui a été infiltré en Israël dans les années 1960-1970] a son équivalent israélien : l’agent Eli Cohen, exécuté en 1965 en Syrie. 
Et, tout comme le feuilleton qui a été consacré à Raafat Al-Haggan en Égypte [un programme très populaire dans les années 1980] a donné une image déformée du premier, le feuilleton consacré à Eli Cohen par Netflix donne une image déformée du second.
En regardant les six épisodes de la série The Spy consacrée à Cohen, on a l’impression de croiser la figure d’Al-Haggan en permanence. 
Dans un cas comme dans l’autre, la principale préoccupation des producteurs semble avoir été d’humaniser le travail des services secrets. 
Résultat, beaucoup de scènes ne tiennent pas la route, et les prétentions documentaires de la série [coproduite par Canal+ et diffusée en France depuis le 7 septembre sur OCS] tombent à plat.

Un halo de romantisme malvenu

The Spy est l’adaptation du livre français L’Espion qui venait d’Israël, coécrit par Ouri Dan et Yechayahou Ben Porat [Fayard, 1967 ; une réédition doit paraître chez le même éditeur le 16 octobre prochain]. 
Elle est signée d’un metteur en scène israélien réputé, Gideon Raff, avec Sacha Baron Cohen dans le rôle principal. Cet acteur, un Britannique juif, était surtout connu jusqu’à présent pour ses rôles dans des films tels que Borat (2006) ou pour sa participation à Who is America [une émission satirique faite d’interviews piégées], dans laquelle il se faisait passer, entre autres, pour un ex-officier du Mossad afin de se moquer des valeurs de la droite américaine concernant les armes, les réfugiés et la torture. 
En Israël, cette série avait valu à Sacha Baron Cohen de sévères critiques pour son interprétation de l’ancien agent des services secrets.
Or cet acteur, qui est un juif libéral, tombe avec The Spy dans le piège du Mossad, puisqu’il se met au service d’une histoire entourant d’un halo de romantisme un service de renseignements.

Têtes d'affiche

Sacha Baron Cohen n’est pas le seul poids lourd à figurer au générique de The Spy : son créateur n’est autre que Gideon Raff, “un maillon culturel crucial entre Tel-Aviv et Hollywood”.
C’est à lui que l’on doit notamment la série israélienne Hatufim (“Kidnappés”) et sa célèbre adaptation américaine sous le titre de Homeland. 
Comme l’explique le scénariste et réalisateur, l’histoire de l’espion israélien Eli Cohen, démasqué et exécuté en place publique à Damas en 1965, l’a toujours passionné : “Cette histoire était dans l’air du temps pendant mon enfance”, souligne-t-il.

“Haaretz” pas convaincu

L’histoire d’Eli Cohen est bien connue des Israéliens, et ils n’apprendront rien de véritablement nouveau sur le sujet avec The Spy, juge le critique du quotidien israélien de centre gauche Ha’Aretz, qui regrette comme son confrère du site libanais Daraj une vision trop partiale de l’histoire :
“Malgré ses défauts, je n’ai pas détesté The Spy et j’ai la certitude que certains apprécieront cette série […], écrit le journaliste. 
Mais j’espérais quelque chose de moins manichéen, qui ne réduirait pas l’histoire à un espion israélien héroïque déjouant les plans d’ignobles Arabes​.”

Source Courrier international
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