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dimanche 4 août 2019

L’Ain, terre de passages clandestins des Juifs vers la Suisse


Entre 1942 et 1944, le Pays de Gex voit passer de nombreux juifs qui tentent de rejoindre la Suisse. Ce volet méconnu de l’histoire locale est au centre de l’exposition temporaire, au musée de la Résistance et de la Déportation de Nantua.......Détails........



365, c’est environ le nombre de passages d’exilés juifs vers la Suisse par le Pays de Gex, au cours de la Seconde Guerre mondiale. Si l’on compare avec la Haute-Savoie, ce n’est pas grand-chose. 
Il n’empêche que les faits sont là : de nombreuses personnes ont fui la France, entre 1942 et 1944, en passant par l’Ain. 
Et c’est ce pan méconnu de l’histoire locale que le musée de la Résistance et de la Déportation de Nantua a choisi de porter à la connaissance du public au travers de son exposition temporaire.

Des issues heureuses, d’autres malheureuses

Cette exposition est le fruit d’un important et long travail de recherches, menées par l’historienne suisse Ruth Fivaz-Silbermann, dès l’automne 2016. 
« Le Pays de Gex pendant la guerre a été peu étudié, révèle Florence Saint-Cyr-Gherardi, responsable du musée, au moment d’expliquer le choix du thème, par la Direction des musées départementaux de l’Ain. La question des passages était donc l’occasion de se pencher sur cette zone de l’Ain et sur ce volet peu exploré de l’histoire. »
Ainsi, 13 voies de passages ont été clairement identifiées. C’est par ces “spots” que des groupes, des familles, ont tenté de fuir les persécutions, de France mais aussi de Belgique. Avec des issues parfois malheureuses. 
« Certains fugitifs ont été arrêtés, déportés, poursuit la responsable des lieux. Certains mourront dans des camps de concentration. »
Grâce à de nombreux documents d’archives, les parcours précis de plusieurs d’entre eux ont été retracés et sont racontés, dans cette exposition intitulée S’exiler pour survivre.
La famille de Paul Mandel, elle, a eu la chance de s’en sortir. Ce Bruxellois n’est pas encore né, lorsque ses parents, originaires de Pologne, décident de quitter la Belgique, où ils sont installés depuis les années 1920. Sa mère est enceinte de lui de 4 mois et demi. 
Samy et Hélène Moszkowiez vel Mandel préparent leur voyage et s’en vont en juin 1942, munis de faux papiers d’identité belges et d’une carte Michelin.

« Il leur a indiqué à quelle heure les douaniers prenaient leur pause »

Leur périple les mène dans les Ardennes, à Besançon, puis à Gex, en car, par le col de la Faucille. En train, ils vont de Bellegarde à Saint-Jean-de-Gonville. Reste encore 2 km à pied. 
Le pont frontière sur la Roulave étant gardé, ils passent en contrebas. « Un patriote français, qui avait compris qu’ils fuyaient, leur a indiqué à quelle heure les douaniers allemands prenaient leur pause à l’auberge, raconte Paul. Il leur a coupé les barbelés. » Les époux Mandel rejoignent Genève : Paul y naît en novembre 1942. 
Samy et Hélène, lors de chaque étape, ont envoyé une carte postale à leur famille. « Ils y écrivaient des banalités, s’amuse Paul. Le cachet de La Poste donnait l’indication géographique. » 
Rachel et Wölfi, la tante et l’oncle de Paul, ont donc suivi le même itinéraire et rallié la Suisse. Blirne et Salomon, les parents d’Hélène, eux, se font attraper. Mais lui s’échappe et fait évader son épouse. Toute la famille s’est retrouvée à la fin de la guerre et est repartie vivre à Bruxelles.

TREIZE SPOTS, TREIZE HISTOIRES ET BIEN PLUS ENCORE

Pour les besoins de l’exposition, l’historienne Ruth Fivaz-Silbermann, qui a rédigé une thèse sur les points de passages sur toute la frontière franco-suisse, a étudié de très nombreux documents d’archives. 
Des repérages sur le terrain et des études photographiques ont été effectués. Treize spots ont ainsi été identifiés, comme le n° 1, qui mène de Saint-Jean-de-Gonville (Ain) à Dardagny (Suisse). 
À ces spots, des histoires ont été rattachées et sont présentées.
L’exposition S’exiler pour survivre évoque aussi la persécution des Juifs dans l’Ain, les réseaux d’entraide et de sauvetage, l’accueil en Suisse, la filière résistante du Pays d’Ornex, le Pays de Gex sous l’Occupation, la prison de Gex. On y apprend aussi qu’une fois en Suisse, les Juifs n’étaient pas forcément tirés d’affaire : certains ont parfois été refoulés.

REPÈRES

 S’exiler pour survivre Passages clandestins des Juifs en Suisse, 1942-1944.
Exposition temporaire, au musée de la Résistance et de la Déportation de Nantua. Jusqu’au 15 novembre. 
En août, un jeudi sur deux, visite guidée de l’exposition à 15 heures (sauf le 15 août). Tous les jours (sauf le mardi) de 10 heures à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 heures.

Musée de la Résistance et de la Déportation, 3 montée de l’Abbaye à Nantua. Tél. 04.74.75.07.50. Tarifs : 7 €, 4 €.


Source Le Progres
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