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lundi 1 juillet 2019

Tensions entre l'Iran et les Etats-Unis : "Le Hezbollah ne restera pas inactif"


Dans la banlieue sud de Beyrouth, fief chiite pro-iranien du Liban, la population fustige l'ingérence américaine dans la région.......Reportage......



Attablé avec sa famille face à un ­généreux plateau de mezzés, ­Hassan commente, un brin désabusé, la dernière escalade entre Washington et Téhéran.
"C'est juste une question d'argent, un deal entre les États-Unis et le Golfe pour faire pression sur l'Iran", résume, un narguilé à la main, cet ingénieur chiite de 50 ans qui se dit sans affiliation politique. 
"Les Américains ne font que servir leurs intérêts dans la région et cela fait un siècle que ça dure ; leur politique contre l'Iran et le Hezbollah n'est pas constructive", renchérit Majd, un chômeur de 29 ans, sympathisant du Parti de Dieu.
Dans ce restaurant populaire de la banlieue sud de ­Beyrouth, fief de la milice du Hezbollah, le bras armé de ­Téhéran au Liban, la crise actuelle est vécue comme le dernier épisode d'une guerre des nerfs avec une Amérique incapable de se retirer vraiment du Moyen-Orient. 
"Les Américains ont toujours eu une attitude hégémonique, se lamente Lama, une enseignante de 32 ans. Cela fait des années qu'ils diabolisent les chiites, que ce soit en Iran, en Irak ou ici au Liban."

Les craintes d'un conflit régional

La semaine dernière, les fortes tensions entre les États-Unis et la République islamique ont franchi un palier supplémentaire : après la destruction par les Iraniens d'un drone américain, Donald Trump a révélé sur Twitter avoir ordonné des frappes militaires sur l'Iran mais s'être ravisé dix minutes avant leur déclenchement. 
De quoi raviver les craintes d'un conflit armé ouvert susceptible d'enflammer l'ensemble de la région. 
À commencer par le Liban, d'où le Hezbollah pourrait s'en prendre à Israël si son parrain était attaqué. 
Dans un centre de charité islamique de la ville côtière de Saïda, une mosquée barricadée de fils barbelés et de blocs en béton où ont été accrochés à l'entrée des portraits des Guides suprêmes iraniens, le ton est catégorique.
"On ne peut pas s'attendre à ce que le Hezbollah reste inactif face à une agression contre la République islamique d'Iran", prévient le cheikh Sadek Naboulsi, un religieux proche du groupe armé. 
La milice dispose selon des estimations officielles de l'État hébreu d'un arsenal de pas moins de 150.000 roquettes et d'un réservoir de plusieurs milliers de combattants extrêmement rodés après huit années de combat en Syrie en soutien au régime de Bachar El-Assad. 
"Le Hezbollah est capable d'endommager Israël en profondeur", assure le dignitaire chiite.

L'Iran a besoin de la stabilité au Liban

Une nouvelle campagne militaire n'est toutefois pas dans l'intérêt du Hezbollah. Ces dernières années, les visages de martyrs tombés en Syrie ont envahi les rues des régions chiites du Liban. 
Placardés un peu partout, ces clichés d'adolescents en uniforme kaki rappellent le lourd tribut payé à la guerre voisine. La milice aurait perdu près de 1.500 hommes dans ce conflit. 
À ce coût humain viennent s'ajouter les problèmes économiques auxquels est confronté le filleul de Téhéran, conséquence directe de l'étranglement économique de la République islamique par Washington. 
Sans compter que le parti est lui-même sous le coup d'une batterie de ­mesures punitives.
À l'automne dernier, ces sanctions ont été étendues à toute personne liée directement ou indirectement au Hezbollah. Lors d'une allocution télévisée en mars, Hassan Nasrallah a pour la première fois admis publiquement que sa formation avait "besoin de soutien financier". 
"Ce sont des sanctions dures, mais le Hezbollah n'a jamais compté uniquement sur les transferts d'argent, tempère Sadek Naboulsi. Il est en train de restructurer sa stratégie financière. Ses partisans sont habitués à des situations difficiles."
Téhéran osera-t-il dans ce contexte lancer le Hezbollah dans une nouvelle confrontation avec Israël ? 
Lokman Slim, un activiste chiite indépendant très critique du Parti de Dieu, ne le pense pas : "L'Iran peut s'appuyer sur d'autres supplétifs en Irak ou au Yémen pour envoyer un message aux États-Unis ou aux pays du Golfe. Il a en revanche besoin de la stabilité au Liban. 
C'est une carte qu'il peut vendre à certains acteurs, notamment aux Européens en raison du risque d'afflux de réfugiés vers leurs frontières." Le dernier conflit avec Tsahal remonte à 2006. 
Si elle est sortie victorieuse de cette guerre, la milice a toutefois essuyé de lourdes pertes humaines et ­matérielles. "Le prix d'une nouvelle escalade serait extrêmement fort, et cette fois-ci l'Iran ne serait pas en mesure de la compenser".

Source Le Journal du Dimanche
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