Pour protéger les enfants et les adolescents, qui vivaient dans ces camps dans des conditions dégradantes, l’archevêque de Lyon, Mgr Gerlier avait obtenu du Maréchal Pétain, d’ouvrir dans chaque département de la Zone libre, un Centre d’accueil et de formation professionnel de ces jeunes.
Cinq ouvrirent, dont celui du Lastic, grâce à l’appui de deux militants chrétiens haut-alpins (Jules Gueydan et Marcel Arnaud, directeur du Secours national) et en dépit de vives oppositions des services de police et des milieux antisémites. Ce centre accueillait en août, 33 jeunes “non aryens” venus de ces camps. Le 22 août, les neuf moniteurs, informés de leur renvoi en zone occupée, s’enfuient. Quatre seront arrêtés et déportés.
Le Centre est alors surveillé et le matin du 24 août, les 33 jeunes pensionnaires sont transférés au camp des Milles. 28 d’entre eux seront déportés par les convois du début septembre 42, dont 23 furent exterminés à leur arrivée à Auschwitz.
Ce drame, longtemps méconnu, jusqu’à la pose d’une plaque sur le mur de la mairie il y a une quinzaine d’années, est l’événement le plus tragique de ces “années noires”, dans le département.
Qui étaient-ils ?
Selon leurs fiches conservées aux Archives départementales : des jeunes gens (une seule fille), âgés de 16 à 24 ans, dont 25 Allemands, 8 ex-Autrichiens, 4 Polonais et 1 Russe, en majorité expulsés par train en France avec leur famille depuis le pays de Bade (Allemagne), au cours de l’été 40.
Leur profession : menuisier, cuisinier, jardinier, électricien, infirmière, apprenti, écolier, etc.
25 “ne parlaient pas le français” et quatre “le parlent un peu”. Parmi eux, les trois frères Bernhard, Joseph et Karl Rothschild, âgés de 20, 19 et 16 ans, fils de Moritz et de Recha, qui étaient fermiers à Randegg, près de la frontière suisse.
Internés au camp de Gurs, ils seront déportés et gazés deux mois plus tard. Leurs cinq noms sont réunis sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah, à Paris.
Source Le Dauphine
Vous nous aimez, prouvez-le....