François Kersaudy et Yannis Kadari publient "Les derniers secrets du IIIe Reich" aux éditions Tempus. Les deux auteurs entraînent le lecteur dans une nouvelle plongée au cœur des arcanes du régime hitlérien. Ils révèlent les dessous d'un univers terrifiant.......Détails et Extrait........
Au printemps de 1941, Hitler peut encore espérer décourager les Britanniques, qui sont malmenés en Grèce, en Crète, en Cyrénaïque et en Tripolitaine – et peut-être même les décider à rejoindre sa croisade antibolchevique. Mais le 22 juin 1941, lorsque se déclenche l’opération Barbarossa, il va devoir déchanter : dans un discours radiodiffusé, Churchill annonce :
« Tout homme, toute nation, qui poursuivra la lutte contre le nazisme aura notre appui. […] Il s’ensuit que nous apporterons toute l’aide possible à la Russie et au peuple russe. »
À travers toutes les péripéties de la guerre en URSS, en Méditerranée, dans l’Atlantique, en Libye, en Égypte, dans la Manche, en Sicile, en Italie, dans les Balkans, en Europe centrale, en France et au-delà, Hitler va continuer à écouter Churchill sur les ondes, à l’invectiver et à l’observer au travers des documents décryptés, des écoutes, des rapports, des rumeurs, des publications et des indiscrétions.
C’est Otto Dietrich, le chef des services de presse du Reich, qui décrira le mieux l’attitude du Führer face à son ennemi juré : « Churchill, ce bon vivant avec son goût immodéré du whisky et son inévitable cigare à la bouche, était une abomination aux yeux d’Hitler, l’abstinent et le non-fumeur.
Lorsqu’il a appris que Churchill avait l’habitude de dicter le matin depuis sa salle de bains, et lorsqu’il a vu une photo de Churchill penché sur un évangile en train de prier pour la victoire, il est devenu absolument fou de rage. Je lui donnais toujours le texte intégral ainsi que le résumé des discours exaltants de Churchill. Il les lisait avec soin, et d’après ses commentaires parfaitement superficiels et insignifiants, je pouvais conclure qu’il les admirait en secret. Mais il n’en discutait jamais sérieusement.
Comme la plupart des hommes de son entourage ne cachaient pas que ces discours les impressionnaient, Hitler lui-même se cantonnait dans un silence glacé […]. Il était incapable d’admettre que Churchill avait les qualités d’un grand homme.
Ce même Churchill, qui n’avait jamais cessé de s’en prendre au bolchevisme, s’était allié à Staline contre lui. Pour cela, Hitler le haïssait à tel point que tout jugement objectif s’en trouvait exclu. »
C’est exact ; au soir du 18 octobre 1941, il déclare ainsi à ses invités : « C’est étonnant, la façon dont l’Angleterre a glissé dans la guerre. L’homme qui a combiné cela, c’est Churchill, cette marionnette de la juiverie qui tire les ficelles. »
Le 7 janvier 1942 : « Je n’ai jamais rencontré un Anglais qui n’exprimait pas sa désapprobation à l’endroit de Churchill. Je n’en ai jamais rencontré un qui ne disait pas qu’il était fou. »
Et six jours plus tard : « Churchill a une conception politique démodée – celle de l’équilibre des forces en Europe. Elle n’appartient plus au monde des réalités. Et pourtant, c’est à cause de cette superstition que Churchill a lancé l’Angleterre dans la guerre. Quand Singapour tombera, Churchill tombera aussi ; j’en suis convaincu. »
Le mois suivant, Hitler continue à prendre ses désirs pour des réalités : « Churchill est comme un animal aux abois. […] Il est dans la même situation que Robespierre à la veille de sa chute. Ce citoyen vertueux ne recevait que des louanges, quand soudainement, la situation s’est inversée. Plus personne ne soutient Churchill. »
Et le 18 février, au général Rommel : « Churchill est le type même du journaliste corrompu. Il n’y a pas de pire prostitué parmi les politiciens. C’est une créature parfaitement amorale et répugnante. Je suis persuadé qu’il s’est déjà ménagé un refuge de l’autre côté de l’Atlantique. »
Enfin, au soir du 31 août 1942 : “Churchill est un porc sans principes. Il suffit de parcourir ses mémoires pour s’en convaincre ; il s’y révèle tout entier devant le public. Que Dieu aide une nation qui accepte d’être dirigée par un machin pareil.”
Pourtant, Hitler ne cessera jamais de guetter dans la presse anglaise et internationale la moindre information indiquant que ce “machin” serait sur le point d’être renversé par le Parlement, par l’armée, ou par un soulèvement populaire…
Comme il ne se produit rien de tel, le Führer décide de prendre les devants, et il ordonne tout bonnement l’assassinat de Churchill…
Le premier à recevoir cet ordre est le chef de l’Abwehr II, Erwin von Lahousen : « En ce qui concerne ma propre section, déclarerat-il plus tard, je me souviens qu’après l’arrivée de Churchill à Casablanca [le 13 janvier 1943], Keitel m’a transmis l’ordre, venant sans doute du Führer, de faire assassiner Churchill par des nationalistes arabes.
Hitler pensait probablement à certains de nos agents du Maroc espagnol. Mais en dehors même de l’impossibilité technique de monter à l’improviste une telle opération, l’amiral [Canaris] avait formellement interdit de telles activités. » En l’occurrence, Canaris a dû donner son instruction habituelle dans de tels cas : « Bien entendu, nous ne ferons rien ! » – et c’est à l’évidence ce qui s’est produit…
On sait que le Führer néglige souvent de contrôler la mise en œuvre de ses ordres, mais dans une affaire de cette importance, le laxisme n’est pas de mise ; au printemps de 1943, c’est donc le Sicherheitsdienst de la SS qui est chargé de l’exécution.
Le 1er juin 1943, alors que Churchill rentre d’Alger, les agents de Himmler repèrent sur l’aéroport de Lisbonne, devant un avion de la BOAC en partance pour Londres, un homme chauve et replet qui fume un cigare. Le résultat ne se fait pas attendre : l’avion est abattu par la Luftwaffe au-dessus de l’Atlantique, engloutissant à jamais son équipage et ses treize passagers – dont le célèbre acteur britannique Leslie Howard et l’expert financier Alfred Chenfalls, qui ressemblait vaguement à Churchill.
Ce dernier évoquera l’affaire avec indignation dans ses Mémoires : « La cruauté des Allemands n’eut d’égale que la stupidité de leurs agents. Comment pouvait-on s’imaginer que, disposant de toutes les ressources de la Grande-Bretagne, je serais allé prendre place dans un avion désarmé et sans escorte, pour faire en plein jour le voyage de Lisbonne jusqu’à Londres ? »
De fait, si les hommes de main du SD sont redoutablement efficaces en Allemagne et dans les territoires occupés, ils paraissent assez maladroits en territoire neutre ou ennemi.
Verdammt ! Encore manqué ! Cette tentative malheureuse semble avoir encore accru la véhémence d’Hitler à l’égard du Premier Ministre de Sa Majesté ; la secrétaire du Führer, Christa Schroeder, se souviendra ainsi que lorsque le Führer dictait le nom de Churchill, il l’accompagnait invariablement du qualificatif « alcoolique », et sa voix se faisait nettement plus aiguë.
Il y a là de la haine, mais aussi du mépris : Hitler, oubliant que ses troupes ont été battues successivement à El-Alamein, Tunis, Messine, Rome, Caen, Toulon, Bastogne et Strasbourg, n’en considère pas moins que Churchill, « le chacal », « le poivrot », « le sac à vent », « le menteur congénital », « l’agent stipendié des Juifs », est en outre un très mauvais stratège : « Lorsqu’on compare Churchill au Lloyd George de la dernière guerre, affirme-t-il, on ne peut nier que la qualité des dirigeants britanniques s’est effroyablement dégradée. »
Le Führer parle là de ce qu’il ne connaît pas ; s’il est exact que Churchill est un stratège inquiétant, il n’en reste pas moins infiniment plus compétent que Lloyd George en tant que maître de guerre.
Du reste, sans doute par effet de miroir, le Führer pense que Churchill détermine à lui seul la stratégie britannique.
Or, il n’en est rien, car le Premier Ministre et ministre de la Défense de Sa Majesté est solidement encadré par de grands professionnels comme le maréchal Brooke, l’amiral Cunningham et le maréchal de l’air Portal, qui reconnaissent son génie mais ne manquent jamais de le ramener à la raison lorsqu’il bat la campagne.
C’est même ce qui fera la supériorité du lutteur Churchill sur cet autre stratège amateur qui préside aux destinées de l’Allemagne national-socialiste, où les généraux, les maréchaux et les amiraux sont réduits à l’état de simples courroies de transmissions, chargées d’appliquer les inspirations géniales du Führer.
Voilà qui explique pour une large part que le grand Reich millénaire rétrécisse comme peau de chagrin dès la fin de 1944.
Le 30 avril 1945, Hitler, ayant épuisé toutes les ressources de sa stratégie, choisit de quitter le théâtre de ses tristes exploits. Auparavant, il rédige un testament politique dans lequel on peut lire :
« La guerre a été voulue et provoquée uniquement par des hommes d’État d’origine juive ou travaillant pour les intérêts juifs ». Dans l’esprit passablement perturbé du Führer, ce second terme désigne en tout premier lieu Winston Churchill…
Extrait du livre de François Kersaudy et Yannis Kadari, "Les derniers secrets du IIIe Reich", publié aux éditions Tempus.
Source Atlantico
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