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mercredi 6 mars 2019

Pourquoi KFC cartonne chez les palestiniens et fait un bide en Israël ?


Chronique sur la société palestinienne, de la Judée Samarie à Gaza, en passant par la diaspora. Aujourd’hui, l’étonnante popularité de la chaîne américaine KFC, l’une des rares franchises de fast-food à avoir échoué en Israël.......Analyse.........



Pas la première fois qu’on se faisait la réflexion : il faudra bien parler un jour de poulet frit chez les palestiniens. 
Sujet trivial, anecdotique évidemment, mais aussi une sorte d’exception culturelle palestinienne. Révélatrice, comme souvent quand on parle nourriture, de quelques curiosités sociopolitiques. 
L’idée est revenue au cours d’un dîner à Ramallah, alors que trônait sur la table un délicieux makloubé, ce traditionnel poulet «renversé». 
Au cours d’une digression, les convives ont débattu du meilleur «fried chicken» de la simili-capitale de l’Autorité palestinienne, ville où se trouvent pas moins de trois enseignes KFC et pléthores d’imitateurs.
Célèbre pour ses manchons de volaille servis dans un seau, Kentucky Fried Chicken est l’une des rares franchises américaines présentes en Judée Samarie. Du moins, une qui ne soit pas une imitation, à l’instar des fameux «Star & Bucks». 
Le premier fast-food a ouvert en fanfare à Ramallah en 2012, dans le quartier de la Mouqata’a, le palais présidentiel. 
À sa tête, le riche patron de plusieurs stations de radio locales, qui a eu l’idée d’ignorer les propriétaires israéliens de la licence pour négocier directement avec le siège américain. Stratégie qui lui a permis depuis d’ouvrir un Pizza Hut juste à côté.

Clientèle aisée

Pimpant et d’une propreté impressionnante pour ce genre d’établissement, le restaurant sert une clientèle aisée, aux 4x4 garés devant la porte. 
Les prix, juste en deçà de ceux pratiqués en France (environ 6 euros pour un menu) sont hors de portée de la majorité des Palestiniens. 
Ce qui n’a pas empêché des succursales d’ouvrir à Hébron, Bethléem, Naplouse, Tulkarem (sur la ligne verte) et Jénine.
Ce succès contraste avec les écueils de KFC en Israël, où la chaîne s’est cassé les dents à quatre reprises, enchaînant les faillites depuis les années 80. 
En cause : la difficulté de reproduire le goût de sa panure à la «recette secrète» tout en satisfaisant au label casher, qui interdit le mélange lait et viande.
Par ailleurs, les Israéliens ont déjà leur poulet frit à manger sur le pouce, qu’ils appellent «schnitzel», héritage de la cuisine d’Europe centrale. 
Néanmoins, le géant américain, présent dans 135 pays, prépare un énième come-back dans les mois à venir, ses derniers fast-foods israéliens ayant fermé en 2012.

Corn-flakes fantaisie

Le faible des Palestiniens pour KFC marque leur rapport paradoxal à l’Amérique. Si les Etats-Unis restent honnis pour leur posture d’allié numéro un de l’Etat hébreu, endossée à l’extrême par Donald Trump, la culture yankee reste symbole de réussite, importée par la prospère diaspora palestino-américaine, dont l’influence est prégnante, des imposantes villas de campagne aux corn-flakes fantaisie dans les supermarchés chics. 
Jusqu’aux rutilants KFC palestiniens, pourtant si éloignés de la gastronomie palestinienne, par ailleurs défendue bec et ongles.
Ce qu’apportent aussi ces enseignes, c’est l’illusion d’une «normalité» en Judée Samarie au-delà des restrictions spatiales et matérielles, aux grandes capitales arabes mondialisées, où le Colonel Sanders, mascotte de KFC, a pignon sur rue. A tel point que pendant la révolution égyptienne, le régime de Moubarak avait accusé KFC et donc l’Oncle Sam de manipuler la jeunesse de Tahrir…
Pour les palestiniens, le poulet KFC est donc une malbouffe de luxe, plaisir coupable de ceux qui en ont les moyens. 
Exemple extrême : en 2013, à l’époque où les tunnels de contrebande entre l’Égypte et la bande de Gaza marchaient à plein, le New York Times avait révélé l’existence d’un service de livraison à domicile transfrontalier. 
Préparée en Égypte dans une franchise KFC du Sinaï, acheminée sous-terre puis en taxi à travers l’enclave sous blocus, pour environ 30 dollars les douze morceaux avec frites : la plus chère fast-food du monde. 
La plus lente aussi : entre la commande et la consommation, il fallait attendre quatre heures.

Source Liberation
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