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jeudi 28 février 2019

Au royaume des sourds, les aveugles sont des monstres


Dans Messagers du désastre, Annette Becker, historienne des mémoires et des refoulements de la Première Guerre mondiale, analyse en profondeur le mécanisme du refus des Alliés de voir et de prendre en compte l’innommable, l’inimaginable et l’indescriptible, la Shoah.......Détails........



Karski, le jeune résistant polonais catholique, ne fut pas le seul à témoigner sur l’extermination. 
Il y eut aussi Raphael Lemkin, juriste juif polonais qui « inventa » le mot de génocide en 1943 et se battit pour que, au procès de Nuremberg, il fût retenu parmi les chefs d’accusation alors que c’est le concept de crime contre l’humanité qui prévalait dans le droit international.
C’est aussi Lemkin - l’homme dont la famille entière fut assassinée en 41/42 à Treblinka - qui fit voter en 1948, par l’Assemblée générale des Nations unies, la « Convention pour la prévention et la punition du crime de génocide ».
Pourquoi le message de ces deux polonais fut-il alors inaudible ?
Cette question traverse tout l’ouvrage d’Annette Becker qui se conclut avec le génocide des Tutsis du Rwanda. 
Donnant raison à Lemkin qui insista jusqu’à sa mort en 1959 pour que la notion de génocide ne soit pas uniquement rattachée au passé nazi.
Il n’est pour s’en convaincre que de se rappeler que le premier génocide de l’histoire ne fut pas celui des juifs, mais des arméniens, les turcs précédant les nazis dans l’horreur. 
« Tout se passe comme si la plupart des hommes circulaient les yeux à demi fermés au milieu d’un monde extérieur qu’ils dédaignent de regarder », nous disait déjà en 1921 l’historien Marc Bloch.
Source Actualitte
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