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dimanche 27 janvier 2019

Aliza Bin-Noun : «Nous constatons une banalisation alarmante des actes antisémites»


Dans une tribune au « Parisien – Aujourd’hui en France », Aliza Bin-Noun, ambassadrice d’Israël en France, dénonce la recrudescence des actes antisémites et le retour de « la vieille haine » des Juifs.......Détails..........



« Il y a 74 ans, jour pour jour, le camp de concentration d’Auschwitz était libéré. Malheureusement, mes grands-parents n’en sont pas sortis. La visite officielle en France il y a quelques jours du Président de l’Etat d’Israël, M. Reuven Rivlin, pour commémorer la date de cette libération, a donc revêtu un sens tout particulier pour moi.
Aux côtés du Ministre français des Affaires étrangères, M. Jean-Yves Le Drian, il a inauguré une exposition consacrée aux Diplomates Justes parmi les Nations. Réalisée par le ministère des Affaires étrangères israélien, elle met à l’honneur ces diplomates de tous pays qui, à l’instar d’autres hommes et femmes en Europe, se sont dressés devant l’abomination nazie pour sauver des Juifs de la mort qu’on leur avait promise. 
Cette inauguration n’est pas uniquement symbolique. Elle marque la volonté commune de la France et d’Israël de combattre l’obscurantisme et la haine, au nom des valeurs et des idéaux que nos deux pays partagent : l’attachement à la démocratie, la lutte contre le terrorisme, la solidarité, l’amour et le respect de la vie.
Nous, Israéliens, apprécions l’engagement sans faille des autorités françaises à se battre contre l’antisémitisme et l’antisionisme, qui représentent aujourd’hui les deux facettes d’un même mal. 
Les paroles prononcées par le Président de la République française, M. Emmanuel Macron, en juillet 2017 dans son discours de la commémoration de la rafle du Vél d’Hiv : « Nous ne céderons rien à l’antisionisme car il est la forme réinventée de l’antisémitisme » l’ont solennellement rappelé. 
Dans ce combat contre la discrimination, Israël est heureux de trouver en la France un ami sincère et un allié fiable.
Malgré tout, la vieille haine n’a pas disparu. L’antisémitisme, qui a engendré la « solution finale au problème juif », c’est-à-dire l’extermination systématique de 6 millions de Juifs, survit, envers et contre tout, et persiste à hanter l’Europe. Ainsi, en France aussi, au XXIe siècle, l’antisémitisme continue de tuer. 
Qui a pu oublier l’abominable calvaire d’Ilan Halimi en 2006, la froide exécution des enfants de l’école Ozar Hatorah de Toulouse en 2012, les vies fauchées de l’Hyper cacher de la porte de Vincennes en 2015, ou plus récemment encore, les meurtres horribles de Sarah Halimi et de Mireille Knoll ? 
L’antisémitisme tue. Et il peut tuer car il s’infiltre, insidieusement, et se répand comme un poison lent. Ici, en France, ces derniers mois, nous constatons une banalisation alarmante des gestes, des expressions et des actes outrageusement antisémites.
La vieille haine s’affiche de nouveau sans vergogne. Elle métastase et se manifeste dans le complotisme sur les réseaux sociaux, dans l’agression physique de Juifs et dans la négation au droit à l’autodétermination du peuple juif, autrement dit, dans l’antisionisme. 
Comme tant de fois par le passé, quand la violence se déchaîne, certains sont prêts à la canaliser vers cet Autre de toujours – le Juif. 
Cette violence est le fait de ceux qui œuvrent, continuellement, à dévier la contestation politique et sociale pour la transformer en haine raciale, ethnique ou religieuse.
En effet, nous voyons aujourd’hui la tendance de certains à « surfer » sur les événements récents pour diffuser leur venin antisémite. Plus que jamais, la nécessité absolue de la lutte contre cette maladie sournoise est une évidence. Les chiffres sont inquiétants : en 2018, en France, le nombre d’actes antisémites a augmenté de 69 %. Je suis choquée par cette triste réalité. L’Etat d’Israël est le garant ultime pour que jamais plus le peuple juif ne se retrouve sans abri. 
Comme l’a dit le Président Rivlin, le 24 janvier dernier, On ne peut aimer Israël et détester les Juifs, tout comme il est tout à fait impossible d’aimer les Juifs et de détester Israël .
La résistance à la haine antisémite ne peut se faire uniquement au niveau gouvernemental. La société tout entière doit se rallier à la cause : les artistes, les intellectuels, les entreprises, la société civile et la presse. Elle se doit d’être le combat de chaque citoyen et de chaque citoyenne. 
À l’occasion de cette Journée internationale pour la mémoire des victimes de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité, j’appelle tous ceux qui chérissent la justice et l’honnêteté à nous rejoindre dans ce combat. »

Source Le Parisien
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