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lundi 6 août 2018

Le Chambon-sur-Lignon, refuge d’artistes


Écrivains et penseurs autour du Chambon-sur-Lignon (1925-1950), ouvrage de Nathalie Heinrich, accompagné d’une exposition, relate l’histoire de ce village célèbre pour avoir accueilli des réfugiés pendant la Seconde Guerre mondiale. Le lieu s’est aussi retrouvé au centre de l’intérêt de nombreux écrivains, qui s’y sont rendus en l’espace d’une génération......Détails........


C’est l’histoire d’un village de moins de 3 000 habitants, à 960 mètres d’altitude, situé dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui est à la fois un lieu de mémoire et de passage d’artistes divers.

Pour les amoureux d’histoire et de littérature, un beau livre vient de sortir sur les événements qui s’y sont déroulés.
Le Chambon-sur-Lignon est avant tout connu pour avoir, durant la Seconde Guerre Mondiale, accueilli et caché des Juifs, grâce à la population, en majorité protestante.
André Trocmé, pasteur de la paroisse, et sa femme Magda ont largement participé à cette dynamique, incitant les villageois à recueillir les personnes juives en danger.
André Trocmé et Édouard Theis, un autre pasteur, avaient d’ailleurs déjà créé, dans les années 1930, un établissement scolaire connu désormais sous le nom de « Collège cévenol », qui a notamment servi à protéger des enfants venant des camps de réfugiés espagnols…

Sécurité et air pur

À ce passé s’entremêle une histoire littéraire féconde, que Nathalie Heinrich, sociologue et directrice de recherches au CNRS, nous retrace dans Écrivains et penseurs autour du Chambon-sur-Lignon (1925-1950).
Commissaire de l’exposition du même nom qui se tient jusqu’au 31 août au Lieu de Mémoire du village, elle nous parle de 17 personnalités illustres, comme Francis Ponge, Marcel Pagnol, Albert Camus, Raymond Aron ou Paul Ricœur, qui, en 25 ans, sont toutes passées par Le Chambon ou ses environs.
Le livre est organisé en 15 chapitres, chacun consacré à un ou deux auteurs, précédés d’une introduction efficace qui situe le contexte de son ou de ses séjours.
Les artistes sont présentés suivant la chronologie de leur passage au Chambon. Les raisons de leur venue dans le département sont diverses.
Le Chambon a pu servir de lieu de refuge aux spécialistes de la pensée juive André Chouraqui, Jacob Gordin et Georges Levitte, au philosophe Georges Vajda ou encore à l’historien Léon Poliakov, pendant la Seconde Guerre Mondiale. Dans cette commune offrant de magnifiques paysages et un air pur, certains s’y sont également retrouvés pour des motifs essentiellement touristiques, tels Marcel Pagnol ou Raymond Aron en quête de tranquillité pour écrire.

De multiples témoignages

« Albert Camus, l’antiprophète de notre temps, habitait au Panelier, à cinq kilomètres de Chaumargeais.
Pour y parvenir en partant de chez nous, un sentier montagnard descendait vers un ruisseau qui nous fournissait en truites, puis remontait non loin du Chambon-sur-Lignon, jusqu’à la pension Oettly, dans un paysage de sources, de prés et de bois.
Camus était arrivé là, à peu près en même temps que nous, vers le 20 ou le 25 août 1942, pour soigner l’hémoptysie qu’il avait eue à Oran, en fin janvier », écrit André Chouraqui.
Un parmi les nombreux témoignages dont Nathalie Heinrich fait état et qui ajoutent un supplément de vie et d’authenticité à son ouvrage, enrichi également des photographies de Philippe Bousseaud.
Instructif, dense et fortement documenté, voici un éclairage supplémentaire à l’incroyable histoire humaine et artistique du Chambon-sur-Lignon, petit village devenu un grand lieu de mémoire et de pensée.

Par Annaëlle Cavazza


Source La Croix
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