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jeudi 16 août 2018

Dov Hœnig : un homme se penche sur son passé

 
Seconde Guerre mondiale, Bucarest, Roumanie. Plongée dans le quartier juif, dans une cour, dans une famille. Alors que la guerre et ses relents méphitiques commencent à menacer, que le gouvernement s’allie aux forces nazies et menace les populations juives, le jeune narrateur adolescent de Rue du Triomphe s’interroge : faut-il rester, faut-il partir ?......Détails....... 
 
Sourire bienveillant, œil qui frise de cette bonne blague que de publier un premier roman à 86 ans, écrit en français s’il vous plaît, nous avons eu la chance de rencontrer Dov Hœnig lors de la journée de présentation de la rentrée aux libraires, organisée par les éditions Robert Laffont.
Et c’est indéniablement sa vie qui a fourni la matière de ce puissant roman initiatique où aspirations, quotidien, premiers élans amoureux, interrogations et choix politiques du jeune héros se déploient avant, durant et après le conflit. 
Rue du Triomphe n’est pas, selon l’auteur, une autobiographie : méconnaissant sa propre histoire familiale, il pensait que « l’autobiographie était réservée aux illustres ».
Le matériel romanesque de sa propre vie était certes là, mais il fallait créer un héros, Bernard, et lui donner famille et destin.
D’autant que citant Houellebecq dans un sourire matois : « Si ça paraît autobiographique, c’est que c’est bien inventé. » 
Dov Hoenig parle 4 langues. Quittant son pays pour Israël à 15 ans, il a perdu dans l’exil le roumain, sa langue maternelle. L’hébreu étant une langue difficile, il n’en a pas eu le courage.
Quant à l’anglais, c’est à Hollywood qu’il l’apprit, lors de sa remarquable carrière de monteur (nominé aux Oscars, il a entre autres œuvré dans les films de Mickael Mann et d’Andrew Davis, regardez sa filmographie…) et cette langue était pour lui bien trop professionnelle.
Il aimait la littérature et la culture française, et le français lui semblait familier, partageant avec le roumain ses racines latines. Lorsqu’il arrive à Paris en mai 1965, chargé de deux valises emplies de livres, sans argent, carte de séjour ou permis de travail, il fut « accueilli par la déesse de la souffrance, de la misère et du froid ».
Ce fut pour lui une épreuve, trouvant consolation dans l’écriture de poèmes. Et c’est là qu’il débutera sa carrière dans le cinéma, aux côtés de Jean Rouch.
Et l’on s’interroge : pourquoi écrire maintenant ?
Quand il a cessé de travailler dans le cinéma, il savait qu’était venu le moment d’écrire : il portait en lui le matériel et l’expérience de vie qui demandaient à s’exprimer.
Son expérience de monteur trouve écho en littérature : la construction narrative de Rue du Triomphe en témoigne.
Et laisse présager d’une suite, puisque le roman s’arrête aux 15 ans et demi du narrateur, alors qu’il part en Palestine, après avoir adhéré au mouvement Sioniste.
D’un romanesque abouti, et parce que Hoenig manifeste à l’évidence une autorité naturelle née de son incroyable érudition, Rue du Triomphe, récit initiatique autant que roman d'aventures, donne d’ores et déjà l’impression d’un classique, où puissance évocatrice, simplicité et maîtrise de la narration embarquent le lecteur dans le voyage.

Dov Hœnig - Rue du Triomphe - Robert Laffont - 9782221216194 - 21 €

Source Actualitte
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