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lundi 13 août 2018

André Shapira, juif survivant et combattant.....

 
Madame Klos a été tondue à la Libération à Épernay. Pourtant, sans elle, la maman et les frères et sœur d’André Shapira auraient sûrement fini dans un four nazi. « Elle faisait fonction d’interprète pour les Allemands pendant la guerre. Quand elle a su que ma mère qui venait pointer à la Kommandantur serait arrêtée si elle ne partait pas au plus vite nous rejoindre en zone libre, elle lui a fait faire une attestation comme quoi mon père travaillait pour une entreprise allemande. » ......Détails.......


Ainsi, sa mère a pu avoir un laissez-passer. « Elle a pris le papier et lui a dit qu’elle ne partirait que dans quelques jours car ma sœur était souffrante. Mme Klos l’a obligée à partir dans l’heure. » Cela l’a sauvée.
André Shapira, 92 ans, fait partie des rescapés de la Shoah encore vivants. Juif, dont les parents sont nés en Palestine devenue Israël, André a vu le jour à Paris.
Il est arrivé à Épernay à l’âge de 7 ans. Aujourd’hui, il vit à Tinqueux.
« Dès 1938, on a su que les Allemands nous tueraient tous. À cette époque, on a accueilli à la maison une réfugiée qui avait fui l’Autriche et dont le mari était mort dans un camp.
Elle a vécu chez nous comme un membre de la famille puis un jour ils l’ont emmenée comme juive étrangère. Elle a fini au crématoire la pauvre. Quand je pense à tous ces gens avec qui on a partagé des repas et qui ont été massacrés, c’est épouvantable. »
La famille Shapira est restée le plus longtemps possible à Épernay.
« J’allais au collège, avenue de Champagne, quand il a fallu porter l’étoile juive sur mon vêtement.

Le premier jour, mes camarades ont été épatants. Ils voulaient en porter une aussi par solidarité, je n’ai pas voulu. Les professeurs ont été moins bien. Pas un n’a eu un mot. Même pas la prof d’allemand. »
Quand les occupants, secondés par la police française, ont commencé à arrêter les juifs français, les Shapira ont organisé leur départ. «  Nous avions des cousins. »
Là, le père et le fils ont trouvé des petits boulots pour survivre.
« Un jour, j’ai surpris une conversation à la ferme où je travaillais. Les fermiers avaient appris que j’étais juif et disaient qu’il fallait me dénoncer. J’ai filé sans toucher mon salaire.
Je dormais n’importe où. Parfois dans le placard où l’on rangeait les outils. Il fallait faire très attention de ne pas être pris par les groupes mobiles de réserve, des unités paramilitaires créées par Vichy et dirigées par René Bousquet. » Ancien préfet de la Marne, Bousquet avait pris du galon. Il était devenu patron de la police de Vichy.

«Quand je pense à tous ces gens qui ont fini au crématoire»

André a arrêté de subir le jour où il a intégré la Résistance.
« Celle de De Gaulle. Ce jour-là, je me suis senti redevenir un homme. » Au lieu de rentrer en Champagne après le départ des Allemands de Corrèze, il s’est engagé dans l’armée de Libération.
« On a libéré Vichy puis on a continué de ville en ville jusqu’au Danube en Allemagne. »
Il était démineur, en première ligne. Un miracle qu’il ait survécu.
« Je voulais faire mon devoir. C’est vrai que je n’ai pas été récompensé. Ni croix de guerre, ni même ordre du mérite. Rien. Je suis obligé de rester vivant pour ne pas manquer une décoration qui finirait par arriver », glisse-t-il avec malice.
  
Un recueil de Michel Horvilleur pour ne rien oublier
 

André Shapira occupe un chapitre du recueil « Les jours obscurs », écrit par Michel Horvilleur, président de la communauté juive d’Épernay.
« Les témoins de ces heures sombres de la Shoah disparaissent petit à petit. J’ai trouvé urgent de recueillir le récit des survivants ou des proches de survivants. » Esther, le docteur Netter, Francine… les héros de Michel ont vécu à Épernay, dans sa région, jusqu’à Sézanne et Château-Thierry. Ils racontent leur vie de juifs pendant les années sombres.
« Ces fragments d’histoire permettront aux prochaines générations de lire des témoignages directs de ce qui s’est passé. À l’époque, tous ont vu le voyant rouge qui s’allumait. Je ne suis pas totalement rassuré pour l’avenir. »
 
Ce recueil est disponible aux Éditions Acsireims, 49 rue Clovis, à Reims, au prix de 10 euros.
Source L'Union
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